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Quand, il y à quelques jours, j'ai réabordé Straight Between The Eyes, de Rainbow, album qui certes n'est pas un triomphe (aucun risque de le voir un jour dans les listes des meilleurs albums de l'histoire du rock), je parlais rapidement des quelques albums du groupe qui, à l'heure actuelle, n'avaient pas encore été abordés sur le blog : Bent Out Of Shape de 1983, Stranger In Us All de 1995, et le cru de 1979, Down To Earth. Concernant l'album de 1995, je n'ai pas l'intention de le faire pour le moment, mais pour les deux autres, ça y est, je me suis décidé : voici le moment de les aborder. Bent Out Of Shape sera l'objet d'une chronique à venir prochainement, mais pour aujourd'hui, c'est donc Down To Earth qui est visé. Cet album-ci, je ne voulais pas l'aborder, parce que je pressentais que je serais déçu, que l'album serait raté ; en tout cas, sincèrement, la motivation pour écouter ce disque vraiment à part dans la discographie de l'Arc-En-Ciel n'était pas là, du tout même. Il faut dire que cet album est non seulement très à part dans la discographie du groupe, mais souffre d'une réputation assez faiblarde. Rapide résumé : Ritchie Blackmore a fondé son groupe en 1975, juste après avoir quitté Deep Purple (qu'il retrouvera une fois Rainbow splitté en 1984). Le premier chanteur du groupe est Ronnie James Dio, qui reste jusqu'en 1978 avant de rejoindre Black Sabbath puis de fonder son propre groupe. Avec Dio, Rainbow était intouchable, trois immenses albums studio et un live certes court (bien que double ; mais il ne dure qu'une grosse heure) mais parfait, On Stage. Mais Dio se barre. Blackmore engage, pour le remplacer, un certain Graham Bonnet, ancien membre, dans les années 60, des Marbles (Only One Woman, gros tube britannique en 1968, chanson écrite et produite par les Bee Gees). 

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Bonnet ne durera que le temps d'un album et d'une tournée avant d'être remplacé par celui qui fera la fin de carrière du groupe (et chantera au sein de Deep Purple en 1990, le temps d'un album raté), Joe Lynn Turner, mais c'est une autre histoire. Down To Earth, sorti en 1979, est donc un album vraiment à part (Stranger To Us All, le dernier album du groupe, sorti en 1995, aussi, mais celui-là, il vaut mieux faire comme s'il n'existait que dans vos plus horribles cauchemars), le seul représentant d'une courte période de transition au sein de l'Arc-en-Ciel, et le moins que l'on puisse dire, c'est que cet album n'est, généralement, vraiment pas bien considéré, aussi bien par les fans que par la presse spécialisée. Moi-même, pendant des années, j'ai refusé de l'écouter, pensant que l'album serait raté, et je ne voyais vraiment pas pourquoi j'achèterais, même en CD, même à bas prix (au final, c'est en vinyle, pressage britannique d'époque, acheté dans les 15 euros, que je l'ai pris, l'an dernier), un disque qui risquait fort d'être écouté une fois ou deux avant d'être rangé et de prendre la poussière. Con que j'étais. Bon, cet album, je dois le dire, n'est pas le meilleur du groupe. Pris à côté de n'importe lequel des albums de la période Dio, il fait un peu de la peine. Mais c'est malgré tout un très honnête album de rock un peu hard, pas trop hard, et pas encore de hard-FM comme le seront les suivants. 

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Les chansons se tiennent comme des invités sérieux à un mariage, quoi. Toutes ne sont pas transcendantes (Since You Been Gone est sympa, mais un peu énervante à la longue ; c'est cependant la plus connue des 8 de l'album) mais entre All Night Long (qui, dommage, s'achève sur un fade up un peu trop long et arrivant comme un poil de Q sur une part de cheesecake) qui ouvre efficacement l'album, Danger Zone, Lost In Hollywood, No Time To Lose et surtout Makin' Love (pour moi la meilleure de l'album), Down To Earth offre vraiment du bon. Après, Graham Bonnet chante super bien, rien à dire, mais il n'était pas vraiment celui qu'il fallait pour le groupe, c'est un peu comme quand, en 1977/78, Black Sabbath a rapidement engagé Dave Walker en remplacement d'Ozzy Osbourne (qui reviendra peu de temps après pour faire l'album que Walker avait commencé à enregistrer, Never Say Die !), l'idée n'était peut-être pas si bonne que ça. Le timbre de voix de Bonnet, et, chose accessoire mais qui compte tout de même un peu, son look, ne sont pas totalement en raccord avec Rainbow. Il s'en sort pas mal, mais après la tournée, il partira, et Joe Lynn Turner le remplacera. La période Turner a ses fans (personnellement, j'aime bien), mais tout le monde est d'accord, le sommet reste la première période, avec Dio. Qui, au moment de cet album de transition qui mérite vraiment qu'on s'y intéresse, est chez Black Sabbath, mais c'est une autre histoire. 

FACE A

All Night Long

Eyes Of The World

No Time To Lose

Makin' Love

FACE B

Since You Been Gone

Love's No Friend

Danger Zone

Lost In Hollywood