MRO1

Mick Ronson, Ronno pour les intimes... Né en 1946, mort en 1993, le blondinet britannique était une des figures les plus légendaires du glam-rock, sans aucun doute LE guitariste du mouvement (devant Marc Bolan, leader de T-Rex), et accessoirement, l'outil le plus important dans la malette de David Bowie, de 1971 à 1973 (Bowie qui, une fois sa période glam achevée - avec l'album de reprises 60's Pin Ups en 1973 - cessera totalement sa collaboration avec Ronson, jusqu'à 1993 où, le temps d'un morceau - la reprise du I Feel Free de Cream sur Black Tie White Noise -, il recollaborera avec lui ; Ronson décèdera de cancer très peu de temps après). Après avoir été abandonné (je crois que le terme, certes brutal, est exact) par Bowie, Ronson trouve du réconfort, en live uniquement, pas en album studio, chez Mott The Hoople, groupe de rock un peu glam que Bowie avait produit en 1972. Il va aussi et surtout collaborer, pendant plusieurs années, avec le leader du groupe, Ian Hunter. En 1975/76, il intègre la Rolling Thunder Revue de Bob Dylan. Et en 1974, il se lance en solo, avec un album du nom très curieux de Slaughter On 10th Avenue ("Massacre sur la 10ème avenue"), un disque autoproduit, enregistré en partie au Château d'Hérouville (durant les sessions de Pin Ups), avec comme musiciens des mecs tels que Trevor Bolder, Mike Garson, Aynsley Dunbar, bref, de futurs anciens collaborateurs bowiens. Un disque de glam-rock super bien foutu, sur lequel on trouve une chanson de Bowie jamais enregistrée par Bowie (Growing Up And I'm Fine) et une reprise du Love Me Tender d'Elvis Presse-lait.

MRO2

L'album sera bien reçu par la presse, et Ronno se lance assez rapidement dans la production d'un deuxième album, qu'il enregistre en 1974 et qui sortira en janvier 1975. Ce deuxième album, qu'il produit encore une fois tout seul, et qu'il enregistre essentiellement au studio Trident de Londres (un des studios habituels de Bowie), c'est ce Play Don't Worry que je vous propose aujourd'hui. Un disque court, 36 minutes pour 9 titres, et parmi ces 9 titres, 5 sont des reprises. On pourait donc penser que ce disque est une sorte de mixed-bag assemblé à la hâte, fait en deux temps/trois mouvements, et qui, donc, logiquement, ne devrait pas valoir grand chose (de fait, l'album se classera bien moins haut que le précédent, dans les charts, et son album solo suivant, Heaven And Hull, ne sortira qu'en 1994, posthume ; et sera enregistré peu de temps avant sa mort). Erreur. Play Don't Worry, très glam encore une fois, et sur lequel on retrouve encore Trevor Bolder et Mike Garson, est une incontestable réussite. Les reprises, d'abord : The Girl Can't Help It, de Little Richard (pas écrite par lui, mais par Bobby Troup) est, tout comme la reprise du King sur le précédent opus, le moment délicieusement rétro de l'affaire. Je n'ai jamais été très fan de Little Richard et de cette chanson, mais cette reprise est bien sympatoche, difficile de rester immobile en l'écoutant. Woman et Angel N°9 sont deux chansons du répertoire d'un groupe de country-rock américain, Pure Prairie League, que Ronno devait bien aimer. The Empty Bed (Io Me Ne Andrei) est un morceau italien, de Claudio Baglioni, adapté par Ronson. Et on ne présente plus White Light/White Heat, du Velvet, morceau que Bowie reprenait régulièrement live durant sa période glam, et signé Lou Reed. 

MRO3

Ces reprises tuent leur clébard avec une serviette-éponge bicolore. Le reste de l'album est essentiellement signé Ronson (enfin, This Is For You, belle ballade, est signé  Laurie Heath, membre du groupe The New Seekers ; ce n'est pas une reprise, je ne suis pas sûr, en effet, que Heath l'a lui-même chantée), et on peut citer le morceau-titre, remarquable, Hazy Days, très réussi, et surtout, surtout, l'ouverture de l'album, Billy Porter, pour avoir cité tout l'album dans la chronique. Billy Porter est clairement un des morceaux les plus remarquables de toute l'ère glam-rock (qui, en 1975, année de sortie de l'album, prend fin, elle a même pris fin en 1974 en fait), un morceau qui s'inspirerait d'un fait réel, que Lou Reed aurait (sans doute durant les sessions de son Transformer produit par Bowie et arrangé par Ronson) raconté à Ronno : il s'est, un jour, dans les rues de New York, fait braquer par un paumé. Chanson entièrement écrite par Ronson, et totalement monumentale. Elle ouvre magistralement un album aujourd'hui franchement oublié et qui mérite totalement la redécouverte, une production géniale qui, malgré son âge, est totalement écoutable et appréciable en 2021, ça sent bon les 70's, mais c'est typiquement le genre de disque qu'un fan de rock de cette époque savourera avec un bon gros sourire satisfait sur le visage, 36 minutes durant. J'adore cet album, je pense que vous l'avez compris !

FACE A

Billy Porter

Angel N°9

This Is For You

White Light/White Heat

FACE B

Play Don't Worry

Hazy Days

The Girl Can't Help It

The Empty Bed (Io Me Ne Andrei)

Woman