Là, ça va faire mal. Pourquoi ? Parce qu'on va parler des Who des années 80. Les Who, c'était un des meilleurs (et j'ai bien dit 'meilleurs') groupes de rock des années 60 et 70, un quatuor du feu de Dieu, qui a sorti des albums imparables (Who's Next, l'opéra-rock Tommy, le Live At Leeds, The Who Sell Out...). J'adore, comme j'ai eu l'occasion de le redire ici il y à quelques mois, leur Quadrophenia de 1973 (autre opéra-rock qui, comme Tommy, fut adapté au cinéma), j'adore The Who By Numbers (album de 1975 enregistré dans la douleur) aussi. Keith Moon, leur batteur frappadingue (spécialiste du pétard dans les chiottes, de la TV par la fenêtre, de la limousine dans la piscine...), meurt d'overdose en 1978, peu de temps après la sortie du très médiocre Who Are You. Qui, déjà, sentait la fin. Le groupe est-il fini ?
Led Zeppelin, en 1980, arrêtera, à la mort de leur batteur, John Bonham, ne pouvant décemment continuer sans lui, et hats off, les mecs, c'était la bonne décision. Les Who, eux, ont...engagé Kenney Jones, anciennement des Faces (pas une merde, donc) et ont continué. Usinant des albums tels que It's Hard, Face Dances, absolument imbitables (même si Eminence Front est une excellente chanson). En 1984, ils sortent ce live, double, qui marque la fin de leur aventure : Who's Last. La fin ? Jusqu'en 2006, année de sortie d'Endless Wire, leur premier album en un paquet d'année, et leur premier depuis la mort, en 2002, de leur bassiste John Entwisle. En 2019, ils en ont sorti un autre, Who.
Il faudrait, un jour, que j'aborde les deux albums studio faits après la mort de Moon, mais c'est pour le moment au-dessus de mes forces. Who's Last prendra cher dans la gueule pour eux deux réunis, mais il y à de toute façon tellement de trucs pas terribles à dire à son sujet qu'il aurait pris cher pour lui seul, de toute façon. Rien que la vision de la photo du verso de pochette (ci-dessus, désolé, je n'ai pas trouvé de meilleure photo, en meilleure qualité...) en dit long, et a sans doute (ça serait logique, en même temps) été prise au final du dernier concert donné par les Who : Daltrey, à gauche, fringué comme un vulgaire Plastic Bertrand des années 2000, regarde, en souriant, Kenney Jones, qui, lui, lève les bras au ciel en regardant le même ciel (pensant à son glorieux prédécesseur qu'il a remplacé dans le groupe mais pas dans le coeur des fans ?). En arrière-plan, Entwisle et Townshend jouent les hypocrites, bras dessus/bras dessous, alors qu'ils ne pouvaient pas se piffer (les Who se détestaient les uns les autres, sauf à la rigueur Moon et Entwisle, qui s'aimaient bien, mais sans être potes non plus) et ils semblent être à la fin de tout, trop vieux pour ces conneries. Ils ressemblent à des agents d'assurance venant de retrouver le groupe de rock de leurs années lycée, et rejouant ensemble pour la première fois en 30 ans. C'est un peu ce que l'on ressent en écoutant ce live qui, en 78 minutes, offre 17 titres, aucun n'est issu des deux derniers opus, beaucoup le sont de la première époque du groupe, années 60 : Boris The Spider (le showcase d'Entwisle), Substitute, I Can't Explain, My Generation, Magic Bus. Et des extraits de Tommy, aussi, 'videmment.
On a aussi les inévitables classiques 70's, Won't Get Fooled Again, Baba O'Riley, Love Reign O'er Me, Behind Blue Eyes, Who Are You (Sister Disco nous a été gentiment épargné, c'est bien la seule chose positive que je peux dire ici, avec l'intelligence du titre de l'album, peu original mais bien vu) et le moins connu mais super efficace Long Live Rock. Plus des reprises, Summertime Blues, Twist And Shout, en final. Dans l'ensemble, c'est vraiment peu dire qu'on évitera de comparer Who's Last (deuxième de leurs lives, et leur premier double) avec le quintessentiel Live At Leeds de 1970 face auquel Who's Last ressemble vraiment à un concours de pets dans un micro. Se dire que les Qui étaient un des meilleurs groupes de sa g-g-g-g-g-génération, dans les années 60/70, et qu'ils ont sombré aussi fortement, dans les années 80, se forçant à continuer malgré la mort de leur motrice Keith Moon, fait mal. Ce live plutôt très bien enregistré (les concerts datent de 1982, tournée d'adieu) fait pâle figure, et si on appréciera de l'écouter une fois ou deux pour la réussite des morceaux initiaux, il n'est à réserver qu'à une seule catégorie de personnes : les fans ultra hardcore du groupe. Qui, cependant, ne pourront nier l'évidence : on dirait un groupe de troisième catégorie, ici, plutôt que les Seigneurs de la grande époque...
FACE A
My Generation
I Can't Explain
Substitute
Behind Blue Eyes
Baba O'Riley
FACE B
Boris The Spider
Who Are You
Pinball Wizard
See Me, Feel Me/Listening To You
FACE C
Love Reign O'er Me
Long Live Rock
Reprise
Won't Get Fooled Again
FACE D
Doctor Jimmy
Magic Bus
Summertime Blues
Twist And Shout