Oui, on est en plein dans un petit cycle (il ne sera pas aussi long que ceux sur Dylan ou les Stones, ou sur Joni Mitchell, lequel s'achève demain, d'ailleurs) consacré à Crosby, Stills & Nash, mais en tant, essentiellement, qu'entités créatrices indépendantes. Les albums solo, quoi...ou bien les petites collaborations. Ce cycle s'achève d'ailleurs dans, je pense, peu de temps, vu que je n'envisage pas d'aborder encore beaucoup de disques dedans (les deux suivants de Crosby & Nash, peut-être une réécriture du Crosby solo de 1971). Bon, on a laissé le cycle, il y à deux jours, avec le deuxième album solo de Graham Nash, Wild Tales, sorti en 1973. Un excellent album au demeurant, un peu court (31 minutes), mais à la rigueur, mieux vaut un disque très court mais parfait qu'un disque bien plus long mais inégal. L'album qui nous intéresse aujourd'hui est le deuxième album que Nash a fait avec son compère David Crosby, et est sorti en septembre 1975. Les deux amis sortent d'une éreintante tournée américaine de Crosby, Stills, Nash & Young en 1974 (au cours de laquelle deux titres de cet album seront joués en avant-première, on les trouve sur CSNY 1974, sorti en 2014, version coffret) et se jurent, bordel de Dieu, que c'est la dernière. Les tournées maousses de ce genre, c'est pas leur truc, contrairement à Stills et Young (qui, en 1976, sans doute pour essayer de faire comme les deux autres de leur côté, font un disque ensemble, mais l'expérience Stills-Young tournera court).
Le premier Crosby & Nash, c'était en 1972, j'en ai parlé ici il y à quelques jours : Graham Nash David Crosby, album ma foi vraiment sympa, réussi, avec Immigration Man (de Nash) et Page 43 (de Crosby) notamment. Pour le deuxième album, on a droit à une pochette des plus basiques : Crosby et Nash, posant pépèrement, souriants, l'un à côté de l'autre, dans la nature. Wind On The Water, qu'il s'appelle, ce disque, lequel n'est pas sorti sur Atlantic Records, label des deux compères (et aussi de Stills, et de CSN (&Y) par la même occasion), mais via ABC Records (Polydor en Europe). Ce disque a été fait après une tentative foirée, en 1974 (après la tournée), d'un nouvel album de CSN & Y. Seul Through My Sails finira sur un album, en l'occurrence le Zuma de Neil Young en 1975. Pendant que Stills et Young vont chacun faire un disque solo, les deux autres décident de relancer leur collaboration fructueuse et signent sur ABC pour trois albums. Wind On The Water est donc sorti en 1975, il dure 40 minutes, et on y trouve, parmi les musiciens, Lee Sklar, Tim Drummond, Ben Keith, Danny Kortchmar, David Lindley, Carole King, Joel Bernstein, Russ Kunkel, James Taylor, Jackson Browne (choeurs), Craig Doerge. Crosby et Nash se partagent le disque en deux parts à peu près égales : ils écrivent à deux deux titres, Nash en signe cinq à lui seul, et Crosby, quatre. Les deux titres en collaboration sont Naked In The Rain et To The Last Whale... (Critical Mass/Wind On The Water). Deux des meilleurs morceaux de l'opus.
Mais bon, Wind On The Water est une totale réussite, un album encore meilleur que le précédent de Crosby/Nash, et nettement meilleur que le suivant, je peux le dire même si ça flingue un peu le suspense quant à la chronique suivante du cycle (Whistling Down The Wire, ceci dit, n'est pas inintéressant). Ici, on a une collection de chansons purement exceptionnelles. Si jamais celles-ci proviennent des sessions avortées de l'album studio 1974 de CSN&Y, bordel, ce que cet album aurait pu être réussi, si les quatre zigomuches s'étaient mis d'accord ! Crosby offre notamment Carry Me, déchirante chanson sur la mort de sa mère, mais aussi Bittersweet, Homeward Through The Haze, qui forcent le respect. Nash, lui, offre Mama Lion (apparemment sur Joni Mitchell), Take The Money And Run (sur la tournée 1974 du supergroupe, apparemment il y à eu des soucis d'argent ensuite...), Cowboy Of Dreams (sur Neil Young), et le monumental Fieldworker. Quant au dernier morceau de l'album, fait en collaboration et doté de deux sous-parties, la première est un a capella de Crosby, qui se fond dans l'autre partie (qui a donné son titre à l'album), signée Nash, et qui est un plaidoyer pour laisser vivre en paix les baleines. Nash et Crosby ont toujours été très proches de la nature, très en faveur pour l'écologie, la protection des animaux et des fonds marins. Aucune mauvaise chanson sur cet album majeur et en même temps, trop méconnu, qui n'a pas eu énormément de bol en CD : une première édition en 2000, une seconde, sous le titre Bittersweet, en 2001 en Europe, une troisième en 2002, sous le titre The Magic Collection : Crosby And Nash, sur un label budgétaire... En 2008, ce fut la bonne, avec un second disque de bonus : un live capté à la radio, le 14 décembre 1974. Si l'album initial (que je ne possède qu'en vinyle) est à lui seul suffisant, cette réédition, pour ce disque live supplémentaire, est hautement recommandée. Immense album !
FACE A
Carry Me
Mama Lion
Bittersweet
Take The Money And Run
Naked In The Rain
Love Work Out
FACE B
Low Down Payment
Cowboy Of Dreams
Homeward Through The Haze
Fieldworker
To The Last Whale... :
a) Critical Mass
b) Wind On The Water