Ce disque m'avait été conseillé, il y à quelques mois, sur le blog, par, désolé, mais je ne me rappelle plus qui (Ben ? Csamsa ? Un autre ? Pardon si je ne m'en souviens plus !). Aussi, quand je me suis lancé dans le cycle Joni Mitchell, alors que j'avais l'intention au départ de ne faire que ses 10 premiers albums et un live de 1974, je me suis dit d'en profiter pour écouter et aborder cet album-ci. Et puis, au fur et à mesure, vous avez vu l'étendue du cycle...Bref. On arrive d'ailleurs à la fin du cycle, dans deux jours c'est fini (pas de ma faute si elle n'a rien foutu d'inédit depuis 2007, hein), et arrivé à ce stade, on en est donc aux années 2000. On y est depuis le précédent opus, Both Sides Now, sorti en 2000, abordé récemment, album dans lequel la Canadienne reprenait des standards du jazz (et aussi deux de ses propres chansons, et non des moindres, A Case Of You et Both Sides, Now) à la sauce, évidemment, traditionnelle, jazz donc. Un très très bon album. L'album suivant sera totalement du même genre, mais en version amplifiée. Après avoir sorti un album simple renfermant des reprises de standards, Joni va, en effet, sortir un double album (qui plus est, bien généreux : l'ensemble dépasse les 2 heures de musique) constitué de reprises de ses propres chansons, réarrangées à la sauce jazz, avec grand orchestre et ambiance feutrée.
Sorti sous une pochette signée de ses propres mains (un autoportrait, encore un) dans un boîtier cartonné épais sous fourreau renfermant deux livrets (un livret de photos de ses oeuvres agrémentées d'extraits de paroles et de citations diverses, livret agrafé dans le boîtier, et un livret tout simple proposant les paroles des 22 morceaux, glissé séparément dans le fourreau cartonné rigide), cet album, coproduit par Joni et son ex-mari Larry Klein, s'appelle Travelogue. Un terme anglophone utilisé en littérature pour parler d'un récit de voyage autobiographique. Un titre qui a déjà été utilisé pour un album de The Human League, certes, mais qui correspond parfaitement à cet album de Joni Mitchell, véritable voyage intérieur au sein de son répertoire. Joni a tapé dans l'essentiel de sa discographie, et propose ces 22 titres (11 par disque) sans ordre particulier, l'album s'ouvrant sur Otis And Marlena (un morceau de 1977) et se finissant sur The Circle Game (1970). Tous les albums ne sont pas représentés, ceci dit : rien de Taming The Tiger de 1998, son album de chansons inédites le plus récent alors ; rien de la période 1985/1988, rien de son deuxième album Clouds de 1969, rien de The Hissing Of Summer Lawns de 1975 aussi. Autant l'absence de morceaux de Dog Eat Dog est compréhensible, autant, pour The Hissing Of Summer Lawns ou Clouds, même Chalk Mark In A Rain Storm, c'est vraiment étonnant. Dommage, j'aurais bien aimé écouter une version réarrangée de Shadows And Light ou Lakota... Mais bon, c'est comme ça.
Sinon ? Travelogue est un album fantastique, je dois le dire, même s'il faut aimer le jazz et les disques qui prennent leur temps. Si vous n'aimez pas trop les albums calmes (ce disque fonctionne parfaitement pour poser une ambiance feutrée, apaisante, il marche totalement en fond sonore pour se relaxer, bouquiner...), vous allez vous emmerder sévère, autant le dire, surtout que ça dure 127 minutes. Les morceaux sont parfois assez méconnaissables (Chinese Café/Unchained Melody, You Dream Flat Tires, Trouble Child, Sex Kills), mais dans l'ensemble, les réarrangements sont tellement réussis qu'aucun n'est dénaturé. Je ne sais pas quelle version de Refuge Of The Roads, Hejira, Judgement Of The Moon And Stars (Ludwig's Tune) ou Woodstock je préfère, celles ce Travelogue ou celles présentes sur, dans l'ordre, Hejira, Hejira, For The Roses ou Ladies Of The Canyon. Tout est fantastique ici, ces 22 chansons, quasiment toutes des classiques (The Sire Of Sorrow (Job's Bad Song) est un peu trop récente pour être qualifiée de la sorte, je pense, Sex Kills aussi, mais bon, je chipote un peu, et ce sont de superbes chansons à la base), sont ici magistralement réarrangées en un superbe double album d'ambiance, un carnet de voyage dans le répertoire de Joni Mitchell, et aussi, pour elle, à l'époque, une belle manière de boucler la boucle : elle est certes revenue par la suite sur sa décision, ayant enregistré Shine en 2007, mais à la base, Travelogue aurait dû être son dernier album, elle l'avait annoncé en interviews au moment de la sortie de l'album. Ce qui aurait constitué une fin parfaite pour sa discographie, aussi parfaite que franchement logique. Un de ses albums les plus essentiels, même si on ne l'écoutera pas souvent, pour ne pas en gâcher inutilement la magie...
CD 1
Otis And Marlena
Amelia
You Dream Flat Tires
Love
Woodstock
Slouching Towards Bethlehem
Judgement Of The Moon And Stars (Ludwig's Tune)
The Sire Of Sorrow (Job's Bad Song)
For The Roses
Trouble Child
God Must Be A Boogie Man
CD 2
Be Cool
Just Like This Train
Sex Kills
Refuge Of The Roads
Hejira
Chinese Cafe/Unchained Melody
Cherokee Louise
The Dawntreader
The Last Time I Saw Richard
Borderline
The Circle Game