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Oui, le cycle Dylan est fini depuis plusieurs semaines (ce qui ne veut pas dire que je referai pas des réécritures d'anciennes chroniques si c'est nécessaire). Mais là, c'est un peu un bouquet final un peu tardif, et une manière de bien démarrer l'année 2021. Bon, si vous touchez un peu votre bille en Bob Dylan, vous devez avoir déjà entendu parler de la Rolling Thunder Revue. Déjà, si vous avez suivi le long (et décousu) cycle récent consacré au Barde, j'en ai parlé au moins à deux reprises : via le coffret bootleg Man On The Street Vol. 2, qui proposait notamment un concert de cette période, et par la chronique du cinquième Bootleg Series, qui propose un assemblage du meilleurs des concerts de 1975. En 1975 (fin d'année), et jusqu'en 1976, Bob Dylan a organisé autour de lui, afin de promouvoir en concert son nouvel album Desire (enregistré en plein dans la période, certains concerts ont eu lieu avant la sortie de l'album), une troupe de musiciens, ses amis, afin de faire des concerts à la manière d'une troupe itinérante de bohémiens. La Rolling Thunder Revue. Décor de vieux cirque, tenues gypsys, ambiance camp de gitans, tout était là. Les musiciens ? On peut citer, notamment, Joan Baez, Scarlet Rivera, Rob Stoner, Howard Wyeth, Roger McGuinn, Mick Ronson, Ramblin' Jack Elliott, Bob Neuwirth, David Mansfield, T-Bone Burnett, Joni Mitchell, mais aussi le poète et acteur Sam Shepard. La tournée a démarré le 30 octobre à Plymouth (Massachusetts, pas le Plymouth britannique) et s'est achevée le 25 mai 1976 à Salt Lake City, Utah. Seulement quatre concerts ont eu lieu au Canada, le reste, ce fut aux USA. 

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En 1976, Dylan sort un live, Hard Rain (le concert du bootleg Man On The Street Vol. 2 est essentiellement la version complète de ce qui sera utilisé pour Hard Rain, pour résumer), et puis, fin de cette période aussi courte qu'étonnante, qui fut pendant longtemps assez sous-estimée. Le Bootleg Series Vol. 5 : Live 1975 - The Rolling Thunder Revue de 2002 tentera (et ça sera réussi) de mieux documenter cette période. On peut aussi citer le très long film Renaldo And Clara, sorti en 1978, réalisé par Dylan lui-même, tourné pendant cette période, mais quiconque arrive à tenir tout du long des 230 minutes (presque 4 heures donc) du film est un héros. Il manquait encore un document définitif pour cette période. C'est en 2019 qu'il sortira : un film réalisé par Martin Scorsese, Rolling Thunder Revue : A Bob Dylan Story. Un documentaire (disons, un docufiction) sur la tournée. Accompagnant ce film, un gros coffret, que voici, The Rolling Thunder Revue : The 1975 Live Recordings, qui offre 14 CDs (et un livret d'une grosse cinquantaine de pages, bien illustré et documenté) dans un écrin de toute beauté. Le contenu de ces 14 disques ? Les trois premiers proposent trois sessions de répétitions en studio en vue de préparer les concerts. Le son y est parfois assez moyen (surtout sur le premier disque), ces morceaux ayant été enregistrés sur cassette afin de servir en interne à Dylan et sa troupe, jamais en vue d'être commercialisés. On ne va pas donc gueuler au son pourri, certes, parfois, il l'est (mais, parfois, c'est très correct), mais ces trois premiers disques, placés en premier pour respecter la chronologie, sont surtout là pour les fans hardcore (c'est à eux qu'est destiné ce coffret plutôt onéreux, 60 euros en moyenne, de toute façon), en bonus. Le dernier disque est constitué (et là aussi, le son est parfois moyen, voire très moyen) de morceaux captés sur scène durant la tournée, placés ici en bonus sur le dernier disque parce qu'il s'agit de morceaux rarement joués durant la tournée, parfois juste une fois (concernant Isis, le morceau fut joué systématiquement, mais cette version du 14ème disque est aussi longue que la version studio, soit 7 minutes ; les versions jouées live durant la tournée étaient plus courtes de 2 minutes en moyenne).

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Et le reste ? On a droit à cinq concerts, sur deux disques à chaque fois (disques 4 et 5, 6 et 7, etc), enregistrés de manière professionnelle, et donc, bénéficiant d'une excellente qualité audio, qui fut de toute façon remastérisée en studio pour le coffret. On pourra le constater, la setlist, entre chaque concert, ne varie pas des masses, on déconseillera donc d'écouter deux lives le même jour, car l'impression d'écouter deux fois le même album sera assez forte. Mais dire quel est le meilleur de ces cinq shows (Worcester dans le Massachusetts 19 novembre ; le Harvard Square Theater de Cambridge, Massachusetts, 20 novembre ; Boston, Massachusetts, 21 novembre (deux shows, celui de l'après-midi et celui du soir) ; et Forum de Montréal, Québec, Canada, 4 décembre, au cours duquel Blowin' In The Wind, en duo avec Baez comme pour les autres shows, voit son refrain chanté en français) est difficile. Sans doute le dernier, parce que le plus long (pas de beaucoup, chaque concert dure entre 85 et 95 minutes en moyenne). Mais tous sont excellents. Parmi les morceaux interprétés, des titres de Desire, évidemment (Isis, Hurricane, Oh, Sister, Romance In Durango, One More Cup Of Coffee (Valley Below), Sara), des classiques (Just Like A Woman, Knockin' On Heaven's Door, Blowin' In The Wind, It Ain't Me, Babe, The Lonesome Death Of Hattie Carroll, I Shall Be Released...), un mini-set acoustique où Dylan est en partie accompagné de Joan Baez (Mama, You Been On My Mind)... On se rend compte que si le cinquième Bootleg Series était un assemblage de plusieurs concerts (dont celui de Montréal utilisé ici en entier) de la tournée 1975, il reproduisait parfaitement un concert entier, en mélangeant les dates. Celui qui connaît le double live sorti en 2002 ne sera pas en territoire inconnu, donc, il aura juste, ici, plus de choses à écouter, des versions parfois très proches des mêmes chansons (comme je l'ai dit, on a des setlists grosso modo identiques d'un concert à un autre, avec parfois des variations, mais au final, assez peu). Ce coffret généreux est excellentissime, mais il est à réserver aux die-hard fans, aux mordus. Un néophyte prendra The Bootleg Series Vol. 5 et ça devrait lui suffire. Mais pour un fan complétiste, c'est une acquisition quasiment cruciale !

CD 1 (S.I.R. Rehearsals, New York 19 octobre 1975)

Rake And Ramblin' Boy (incomplete)/Romance In Durango (incomplete)/Rita May/I Want You (incomplete)/Love Minus Zero-No Limit (incomplete)/She Belongs To Me (incomplete)/Joey (incomplete)/Isis/Hollywood Angel (incomplete)/People Get Ready/What Will You Do When Jesus Comes ?/Spanish Is The Loving Tongue/The Ballad Of Ira Hayes/One More Cup Of Coffee (Valley Below)/Tonight I'll Be Staying Here With You/This Land Is Your Land/Dark As A Dungeon

CD 2 (S.I.R. Rehearsals, New York, 21 octobre 1975)

She Belongs To Me/A Hard Rain's A-Gonna Fall/Isis/This Wheel's On Fire-Hurricane-All Along The Watchtower/One More Cup Of  Coffee (Valley Below)/If You See Her, Say Hello/One Too Many Mornings/Gwenevere (incomplete)/Lily, Rosemary And The Jack Of Hearts (incomplete)/Patty's Gone To Laredo/It's Alright, Ma (I'm Only Bleeding) (incomplete)

CD 3 (Seacrest Motel Rehearsals, Falmouth MA, 29 octobre 1975)

Tears Of Rage/I Shall Be Released/Easy And  Slow/Ballad Of  A Thin Man/Hurricane/One More Cup Of Coffee (Valley Below)/Just Like A Woman/Knockin' On Heaven's Door

CD 4 (Memorial Auditorium, Worcester MA, 15 novembre 1975)

When I Paint My Masterpiece/It Ain't Me, Babe/The Lonesome Death Of Hattie Carroll/It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry/Romance In Durango/Isis/Blowin' In The Wind/Wild Mountain Thyme/Mama, You Been On My Mind/Dark As A Dungeon/I Shall Be Released

CD 5 (suite CD 4)

Tangled Up In Blue/Oh, Sister/Hurricane/One More Cup Of Coffee (Valley Below)/Sara/Just Like A Woman/Knockin' On Heaven's Door/This Land Is Your Land

CD 6 (Harvard Square Theater, Cambridge MA, 20 novembre 1975)

When I Paint My Masterpiece/It Ain't Me, Babe/The Lonesome Death Of Hattie Carroll/It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry/Romance In Durango/Isis/Blowin' In The Wind/Wild Mountain Thyme/Mama, You Been On My Mind/Dark As A Dungeon/I Shall Be Released

CD 7 (suite CD 6)

Simple Twist Of Fate/Oh, Sister/Hurricane/One More Cup Of Coffee (Valley Below)/Sara/Just Like A Woman/Knockin' On Heaven's Door/This Land Is Your Land

CD 8 (Boston Music Hall, Boston MA, Afternoon show, 21 novembre 1975)

When I Paint My Masterpiece/It Ain't Me, Babe/The Lonesome Death Of Hattie Carroll/A Hard Rain's A-Gonna Fall/Romance In Durango/Isis/The Times They Are A-Changin'/I Dreamed I Saw St. Augustine/Mama, You Been On My Mind/Never Let Me Go/I Shall Be Released

CD 9 (suite CD 8)

Mr. Tambourine Man/Oh, Sister/Hurricane/One More Cup Of Coffee (Valley Below)/Sara/Just Like A Woman/Knockin' On Heaven's Door/This Land Is Your Land

CD 10 (Boston Music Hall, Boston MA, Evening show, 21 novembre 1975)

When I Paint My Masterpiece/It Ain't Me, Babe/The Lonesome Death Of Hattie Carroll/It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry/Romance In Durango/Isis/Blowin' In The Wind/The Water Is Wide/Mama, You Been On My Mind/Dark As A Dungeon/I Shall Be Released

CD 11 (suite CD 10)

I Don't Believe You (She Acts Like We Never Had Met)/Tangled Up In Blue/Oh, Sister/Hurricane/One More Cup Of  Coffee (Valley Below)/Sara/Just Like A Woman/Knockin' On Heaven's Door/This Land Is Your Land

CD 12 (Forum, Montréal, Canada, 4 décembre 1975)

When I Paint My Masterpiece/It Ain't Me, Babe/The Lonesome Death Of Hattie Carroll/Tonight I'll Be Staying Here With You/A Hard Rain's A-Gonna Fall/Romance In Durango/Isis/Blowin' In The Wind/Dark As A Dungeon/Mama, You Been On My Mind/Never Let Me Go/I Dreamed I Saw St. Augustine/I Shall Be Released

CD 13 (suite CD 12)

It's All Over Now, Baby Blue/Love Minus Zero-No Limit/Tangled Up In Blue/Oh, Sister/Hurricane/One More Cup Of  Coffee (Valley Below)/Sara/Just Like A Woman/Knockin' On Heaven's Door/This Land Is Your Land

CD 14 (Rare performances)

One Too Many Mornings/Simple Twist Of Fate/Isis/With God On Our Side/It's Alright, Ma (I'm Only Bleeding)/Radio advertisement for Niagara Falls Show/The Ballad Of Ira Hayes/Your Cheatin' Heart/4th Time Around/The Tracks Of My Tears/Jesse James/It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry