Personnalité atypique, Sinéad O'Connor aura bien déconné, au moment de la sortie de cet album, au sujet duquel je ne sais trop quoi dire. Il se peut d'ailleurs, je n'aime pas faire ça mais des fois, quand même, ça m'arrange un peu de le faire, que cette chronique soit plus courte que d'ordinaire. J'ai toujours l'impression de faire preuve de fainéantise en faisant des chroniques de deux paragraphes au lieu de trois ou plus (souvent, trois), mais bon, là... Bon, Sinéad O'Connor a démarré sa carrière sur les chapeaux de roue avec The Lion And The Cobra (1987), qui était vraiment excellent, et avec I Do Not Want What I Haven't Got (1990) qui est extraordinaire. Et qui offre le hit (repris à Prince) Nothing Compares 2 U, sa chanson la plus connue (sa seule connue ?), qui passe encore fréquemment à la radio un peu partout dans le monde. Personnalité vraiment à part, l'Irlandaise, marquée par la religion (catholique), ayant subi des abus sexuels dans son enfance, en rage contre à peu près n'importe qui, s'affirmant lesbienne mais ayant cependant eut moult aventures hétérosexuelles, s'étant rasé le crâne pour s'affirmer féministe à mort (elle a un temps essayé de laisser repousser ses cheveux, mais reviendra à son look skin) a, en 1992, pour son troisième album, tenté un truc impossible : un disque de jazz/swing.
Oui, Am I Not Your Girl ? est un disque de jazz. Des reprises, essentiellement (Don't Cry For Me Argentina, que Madonna reprendra par la suite elle aussi pour le film Evita, ou bien encore Gloomy Sunday, alias la chanson du suicide). A la sauce jazz/swing/crooner (crooneuse, en fait...), avec arrangements sirupeux, ambiance de night-club new-yorkais le samedi soir... Je ne vais pas dire que c'est mauvais, mais c'est un petit peu chiant, pour tout dire. L'album dure 47 minutes, se termine sur un morceau caché assez engagé sur la religion, et son livret, agrémenté d'une phrase en français dans le texte ("Où est le roi perdu ?"), contient un texte poignant et révoltant sur les abus sexuels qu'elle a subi dans sa douloureuse enfance. Pendant la promotion de ce disque, ou peu avant, en tout cas en 1992, Sinéad se grillera définitivement en déchirant, en live à la TV (et à la TV américaine, en plus ; or, aux USA, ils sont, dans l'ensemble, puritains à en mourir), une photo du Pape Jean-Paul II, en criant voici l'ennemi qu'il faut abattre. Bravo Sinéad, et on fait quoi, maintenant ? Elle aurait pu ensuite sortir un disque éminemment cartonneur, radio-friendly, un robinet à hits, que personne n'en aurait voulu, après un tel coup d'éclat, tellement violent qu'à côté la déclaration de Lennon ("Plus populaires que le Christ"), qui entraîna des autodafés d'albums des Beatles aux USA dans les années 60, hé bien, c'est rien du tout. Ca a sans aucun doute nui à l'album. Mais son contenu est de toute façon tellement clivant (vous n'aimez pas le jazz ? Aucune chance d'aimer ce disque, je pense) que le succès commercial était tout sauf assuré. On appelle ça un suicide artistique et commercial en règle. De la part de Sinéad O'Connor, comment s'en étonner ?
Why Don't You Do Right ?
Bewitched, Bothered And Bewildered
Secret Love
Black Coffee
Success Has Made A Failure Of Our Home
Don't Cry For Me Argentina
I Want To Be Loved By You
Gloomy Sunday
Love Letters
How Insensitive
Scarlet Ribbons
Don't Cry For Me Argentina (instrumental)
Personal Message About Pain (Jesus And The Money Changers) (morceau caché)