J'ai longtemps été fan de Santana. J'ai découvert le groupe assez jeune, tout juste ado, mon père m'avait fait écouter Black Magic Woman/Gypsy Queen (j'ignorais encore que ce morceau était repris à Fleetwood Mac, évidemment) et Europa (Earth's Cry, Heaven's Smile). Quand, en fin d'adolescence, je me suis dit que ça serait bien de découvrir leurs albums, j'ai, sur la foi d'une pochette qui me plaisait beaucoup, choisi Caravanserai, album de 1972, j'aurais pu mal tomber, j'ai choisi ce qui, au final, reste probablement le sommet du groupe. Puis Abraxas (1970) parce qu'il contient le premier morceau cité plus haut. Puis j'ai pris Moonflower, double album de 1977 en partie live, parce que mon père m'avait dit je l'avais en vinyle autrefois, c'est un super album, et je n'ai pas été déçu, ça reste mon favori. Puis le premier album éponyme, et le troisième (Santana III), de 1969 et 1971 respectivement, puis Lotus, triple live de 1974, Welcome de 1973... et les autres, je ne vais pas tous les citer non plus. Jusqu'à Marathon (1979), j'aime tout ce que j'entends. Après, la dégringolade : Zebop, Beyond Appearances... Sans oublier les albums les plus récents, Supernatural qui a cartonné mais est, franchement, inégal et boursouflé ; Shaman ; All That I Am ; et ces hontes absolues que sont Guitar Heaven et Shape Shifter. Il y en à qui se sont fait guillotiner en 93 pour moins que ça. Comment ça, j'exagère ?
Aussi, quand, en 2016, Santana est revenu avec Santana IV, dont la pochette fait penser à celle du premier opus et le titre ramène aux années 70 (Santana III date de 1971, c'est le dernier album numéroté ; le fait que Santana IV, leur 24ème opus studio, s'appelle ainsi est apparemment pour le groupe une manière de dire on repart sur de bonnes bases), et dont le personnel aussi ramène à la même époque (Gregg Rolie, Neal Schon, Michael Shrieve, Michael Carabello, quasiment tous membres d'origine, sont là, autour de Carlos Santana à la guitare), quand le groupe est revenu avec Santana IV, je me suis dit encore une merde de la part d'un groupe définitivement cramé depuis plus de 30 ans. Mais j'ai été surpris de lire de bonnes critiques. Apparemment, on en parlait comme du retour en grâce, du meilleur depuis les années 70. Alors je me suis laissé tenter. Ais-je eu raison ? Il faut dire que j'ai dépensé la somme classique pour un CD, l'ayant acheté à sa sortie, sans attendre de le trouver pour moins cher sur le Net ou en bacs à soldes. Je peux en tout cas dire que, concernant la durée de l'album j'en ai eu pour mon argent, Santana IV atteignant les 75 minutes comme un grand.
Mais comme je l'ai dit souvent, ce n'est pas parce qu'un album est rempli jusqu'à la gueule qu'il est forcément génial, et même si ça arrive que des albums vraiment longs soient géniaux (Chinese Democracy, Frances The Mute, et tous les grands double albums de l'ère du vinyle, évidemment, comme les Dylan, Stones, Beatles, Wonder et autres Hendrix), c'est surtout le contraire qui est vrai, la majeure partie du temps. Santana IV offre de très bons moments, comme Fillmore East, Sueños, Forgiveness, Blues Magic ou Shake It (Love Makes The World Go Round et Freedom In Your Mind, tous deux avec Ronald Isley des Isley Brothers, aussi, sont pas mal), mais il est trop long, justemement, et malgré que l'album soit, il est vrai, un million de fois supérieur à toutes ces merdes que Santana nous a offert depuis des années (des décennies !), il est trop long pour être passionnant de bout en bout, son impact, son intérêt se diluent au fil de l'écoute, l'ennui survient des fois. Mais la joie d'entendre à nouveau Carlos Santana avec Gregg Rolie, Michael Shrieve et Neal Schon est bien présente, et dans l'ensemble, malgré sa durée un peu éreintante, ce Santana IV est leur meilleur depuis Moonflower, soit en 40 ans de carrière à peu près. Rien que ça...
Yambu
Shake It
Anywhere You Want To Go
Fillmore East
Love Makes The World Go Round
Freedom In Your Mind
Choo Choo
All Aboard
Sueños
Caminando
Blues Magic
Echizo
Leave Me Alone
You And I
Come As You Are
Forgiveness
En 1997, les mêmes moins Carlos s'étaient réunis le temps d'un projet intitulé Abraxas Pool avec un album du même nom. Pas désagréable, l'esprit était là mais il manquait quand même quelque chose.