On n'en a pas totalement fini avec Eric Clapton : après son live de 1973, coffret intégrale de Cream, après un double live de Derek & The Dominoes (ce dernier, ce fut une réécriture), après son coffret longbox Crossroads, place à un autre coffret (après celui de Cream). En l'occurrence un autre coffret longbox sorti en 1996, renfermant quatre disques et un beau livret agrafé au milieu du boîtier (comme souvent avec les longboxes ; certains sont plus du style boîtier qui s'ouvre, avec le livret glissé dedans). Ce coffret longbox s'appelle Crossroads 2 : Live In The Seventies, je pense que je n'ai pas besoin de vous faire un dessin sur le contenu de ces quatre CDs. Si le premier Crossroads, sorti en 1988, s'évertuait (et c'était totalement réussi) à faire une rétrospective de l'ensemble de la carrière du guitariste (tous ses groupes majeurs étaient représentés, parfois avec des morceaux inédits ou des prises lives inédites, et ça valait aussi pour sa carrière solo), ce second volume n'allait pas faire de même. Clappy aurait pu proposer une rétrospective sur la suite de sa carrière, de 1989 à 1996 (année de sortie de Crossroads 2), mais je ne sais pas si ça aurait été suffisant pour remplir quatre disques. Je ne pense pas, en fait, même en mettant un disque avec que des morceaux en live. Il a donc été décidé, et c'est une bonne idée, de faire une rétrospective de ses meilleurs moments en concert dans les années 70.
Plus précisément, de 1974 à 1978, carrière solo uniquement. Vous voulez du live de Derek & The Dominoes ? Le double live que j'ai abordé récemment est là. Ici, c'est uniquement du Clapton solo, présenté de manière chronologique, même si, parfois, ça s'emmêle un peu les pinceaux (pourquoi proposer deux extraits d'un concert du 28 juin 1975 entre quatre extraits d'un concert du 25 juin de la même année ? A moins que ça ne soit pour respecter l'ordre de passage des morceaux en question dans un concert, c'est idiot), et même si une année, 1976, n'est pas du tout représentée. Pourquoi ? Ces concerts ayant été, ici, enregistrés professionnellement (ça s'entend, le son est exceptionnel, partout, tout du long de ces 267 minutes, de ces 35 morceaux, de ces 4 CDs), peut-être que rien d'intéressant n'existait pour 1976. Peut-être le son de ces enregistrements n'était pas satisfaisant, peut-être étaient-ce les prestations même, peut-être y avait-il trop de redites (quasiment aucun doublon ici, si ce n'est Ramblin' On My Mind, que l'on trouve dans quatre versions différentes, suffisamment pour que ça ne lasse pas, le morceau étant à chaque fois imbriqué dans un autre morceau qui change tout le temps, ici). Ou alors, manque de place. Bref, rien de 1976.
Sinon, le premier CD est entièrement consacré à 1974 (des morceaux, ici, se trouvaient déjà, dans des versions un peu raccourcies, sur le live E.C. Was Here sorti en 1975 et une réédition de 461 Ocean Boulevard proposera par la suite, sur son second CD, un live à l'Hammersmith Odeon de Londres dont on a ici deux-trois morceaux), le second à 1975 (avec notamment un Eyesight To The Blind/Why Does Love Got To Be So Sad ? de 24 minutes, morceau le plus long ici, interprété en final d'un concert en duo avec Santana, d'une puissance, d'une beauté absolu(e)s ; le premier morceau de ce long embriquement est une reprise de Sonny Boy Williamson que Clapton chante dans le film Tommy des Who, de 1975 - et les Who eux-mêmes, sur leur album Tommy de 1969, la reprenaient déjà) ; le troisième CD offre des morceaux de 1977 (notamment trois morceaux d'un concert à l'Hammersmith Odeon de Londres qui, par la suite, sur la réédition de Slowhand, sera propose en entier sur un second CD) mais aussi de 1978, essentiellement de 1978 d'ailleurs, et le quatrième CD est entièrement constitué de morceaux de 1978. Une année bien documentée, donc. Notons aussi la présence de quatre inédits studio ici : Walkin' Down The Road, qui ouvre le premier disque (un inédit de 461 Ocean Boulevard, 1974) et To Make Somebody Happy, Crying et Water On The Ground, trois inédits de sessions de 1978, situés en final du dernier disque. Des morceaux excellents, au passage. Quand aux morceaux live, entre Crossroads, Layla, The Core, Cocaine, Wonderful Tonight, Can't Find My Way Home, I Shot The Sheriff et Double Trouble, on a du grand, du très grand Clapton ici. Si vous aimez le blues-rock, c'est totalement recommandé !
CD 1
Walkin' Down The Road*
Have You Ever Loved A Woman
Willie And The Hand Jive/Get Ready
Can't Find My Way Home
Driftin' Blues/Rambling On My Mind
Presence Of The Lord
Rambing On My Mind/Have You Ever Loved A Woman
Little Wing
The Sky Is Crying/Have You Ever Loved A Woman/Rambling On My Mind
CD 2
Layla
Further On Up The Road
I Shot The Sheriff
Badge
Driftin' Blues
Eyesight To The Blin/Why Does Love Got To Be So Sad ?
CD 3
Tell The Truth
Knockin' On Heaven's Door
Stormy Monday
Lay Down Sally
The Core
We're All The Way
Cocaine
Goin' Down Slow/Rambling On My Mind
Mean Old Frisco
CD 4
Loving You Is Sweeter Than Ever
Worried Life Blues
Tulsa Time
Early In The Morning
Wonderful Tonight
Kind Hearted Woman
Double Trouble
Crossroads
To Make Somebody Happy*
Cryin'*
Water On The Ground*
(Au rayon matériel, je suis tombé sur ce site, https://www.groundguitar.com/eric-clapton-gear/, qui répertorie les différentes guitares que EC a utilisées au cours de sa carrière, même si je l'associe, comme beaucoup, avant tout à cette mythique Stratocaster).
Je me rappelle du plaisir orgasmique à la première écoute juste après l'achat à sa sortie en 1996. Auparavant, à part les bootlegs, il fallait se contenter de pas grand-chose, dont un frustrant "EC was here" et un pauvre "Timepieces vol.2, live in the seventies".
Dans les 70's, Clapton en studio c'est pas mal mais avoir ces enregistrements Live, c'est vraiment un complément indispensable. EC, ce n'est pas Supertramp, les versions studio ne sont pas rejouées note à note en concert. Peut-être que maintenant il faudrait sortir des archives des concerts complets, à la manière des "From the vaults" des Stones.
Pour "EC was here" (le simple original), une version augmentée (16 titres) est sortie dans le coffret 4CD (attention, il en existe une version 2CD, sans le live), intitulé "Give me strength the 74-75 recordings".
Notons aussi que si ça sonne aussi bien, c'est que les bandes ont été remixées en 1996, donc ils avaient les multipistes et ont pu faire un "mix actualisé".
Quant à l'absence de 1976, c'est en effet une bonne question qui mérite d'être creusée, sachant qu'il avait pourtant tourné l'été en Angleterre et l'automne aux States (https://www.setlist.fm/search?query=eric+clapton+1976), suite à la sortie de "No reason to cry"
En tout cas, félicitations à Bill Levenson, responsable de la compilation de ces deux superbes Crossroads. Et merci à toi Clash pour ces chroniques !