61GuYKklEGLBordel de nouilles ! Cela faisait un sacré moment que le cas de Donovan n'a pas été abordé sur le blog. Il ne l'a été qu'à deux reprises, d'ailleurs. Deux fois en quelques jours d'intervalle l'année dernière et à peu près à la même période, si mes souvenirs sont bons. Moi qui suis très inspiré depuis plusieurs jours, j'ai envie de reparler (ce sera ma seconde chronique à son sujet) de ce super folkeux écossais qui, durant sa carrière, a connu deux malheurs. Le premier étant celui de ne pas avoir été pleinement considéré du temps où il rencontrait ses plus gros succès et le deuxième, découlant du premier en fait, est d'être aujourd'hui énormément (et dégueulassement, il faut le dire) oublié des radars. Excepté des connaisseurs et des mordus de folk. Donovan, ça fait partie du haut du panier de la folk des années 60.

Aujourd'hui, je vais vous causer d'un de ses albums les plus estimés. Mais, avant d'aller plus loin, il va me falloir préciser une chose importante. Au niveau de la distribution, c'est un vrai petit bordel. Aux États-Unis, l'album est sorti (en 1966, pour la date) avec les chansons initialement prévues par l'écossais, alors qu'au Royaume-Uni, ça ne s'est pas bien passé. Suite à un conflit contractuel, l'album n'est sorti qu'en 1967 et le track-listing varie fortement par rapport à celui de la version ricaine. En effet, si sur ledit album britannique on trouve des chansons initiales, on trouve aussi des chansons de Donovan d'avant 1966, ainsi que des chansons de Mellow Yellow. Depuis, la hache de guerre a été enterrée, mais Donovan n'a jamais ressorti l'album tel qu'il avait pensé, sur le territoire britannique. Allez savoir pourquoi... Past is past, comme dirait l'autre. Peut-être qu'une fois que Donovan ne sera plus là, les héritiers se pencheront sur le problème.

d0a4d5f4e5be74e977ba4b5f44254560Bien, l'album se nomme donc Sunshine Superman. Je vous disais qu'il était considéré comme étant l'un de ses meilleurs. Et, vous savez quoi ? C'est bel et bien le cas. Sous ses airs de ne pas y toucher, Donovan a pas mal oeuvré dans le psychédélisme, à l'époque où ce courant commençait à installer son emprise dans le rock et la pop britannique. La galette qui nous intéresse aujourd'hui tape en plein dedans. Bien sûr, Donovan n'abandonne pas ses premières amours, mais il explore vraiment de nouvelles contrées. Un peu plus de la moitié du disque est à l'heure indienne. Vous y trouverez donc beaucoup de sitar et, dans des proportions moindres, la tampura et les tablas. Clairement, le See My Friends des Kinks et le Norwegian Wood (The Bird Has Flown) des Beatles ne sont pas tombés dans l'oreille d'un sourd. Rappelons au passage que, si See My Friends n'est pas la première chanson pop à inclure des instruments indiens dans sa structure musicale, elle est en revanche la première à témoigner d'influences indiennes.

L'album aligne dix chansons et, je n'exagère pas en disant cela, huit d'entre elles sont vraiment de grandes chansons. À commencer par la chanson titre qui, au passage, ouvre l'album. Excellente chanson, où s'entrechoquent la folk habituelle de Donovan et les sons métalliques du sitar. Legend Of A Girl Child Linda est un authentique sommet. Près de 7 minutes de pur bonheur. La voix de l'écossais, pour couronner le tout, y est admirable. Mais LE sommet de l'album, pour moi, c'est en Three King Fishers qu'on le trouve. Chanson absolument magnifique et parfaite de bout en bout. Totalement indienne. On entend bien la guitare, mais elle est discrète. Et laisse totalement le devant de la scène au sitar, à la tampura et aux tablas. On notera également une certaine ressemblance avec le Love You To des Beatles. Par contre, je ne rentrerai pas dans le jeu de qui a composé quoi en premier. Ça ne m'intéresse pas. Pas ici, en tout cas. Je veux simplement apprécier ces deux pépites comme il se doit, en évitant de me prendre le chou avec de quelconques repères temporels.

15f66fa5935e242d2c2b0602f868732eFerris Wheel, Guinevere et The Fat Angel sont de nouvelles réussites à mettre à l'actif de l'album. En plus de la chanson titre, l'album défouraille un autre classique du répertoire de Donovan : Season Of The Witch. Laquelle constitue le passage rock de l'album. Excellente chanson, efficace comme pas deux. The Trip elle aussi est rock, mais évolue sur un tempo bluesy accéléré. Cependant, ce disque a aussi deux points faibles. Et quand je parle de points faibles, je veux dire deux mauvaises chansons. À commencer par Bert's Blues, poussive du début jusqu'à la fin. Rien à sauver. Et ensuite Celeste, qui est littéralement plombée par son passage instrumental dominé par l'orgue qui l'alourdit pour la rendre indigeste. Dommage... elle n'avait pas l'étoffe d'une grande chanson, mais elle avait celle d'une chanson correcte et il aura fallu ce passage pour tout foutre en l'air. Enfin, ce n'est pas la fin du monde, deux mauvaises chansons pour huit chef-d'oeuvre, qui gueulera contre ça ? Ce n'est pas ça qui empêchera ce disque d'être une œuvre magnifique. J'espère qu'il ne faudra pas attendre (même si on semble hélas en prendre le chemin) que Donovan ne soit plus là pour dire de lui que c'est un grand de la musique. Dans le milieu, on le sait, mais dans le grand public...

Face A

Sunshine Superman

Legend Of A Girl Child Linda

Three King Fishers

Ferris Wheel

Bert's Blues

Face B

Season Of The Witch

The Trip

Guinevere

The Fat Angel

Celeste