Dites, j'espère que vous n'en avez pas marre, de Dylan, hein.
Ah, ça tombe bien, parce que moi non plus.
Bon, je vais commencer par pousser un petit coup de gueule envers le Barde et sa maison de disques, Columbia : les coffrets collectors des Bootleg Series. Pas de tous, mais de quelques uns, notamment le volume 13, le 14 (surtout le 14) et, celui-ci, le 12. Ils sont remplis à fond de plein de choses, et sont vendus tellement cher que c'est limite s'il faut faire le choix entre les posséder ou conserver sa voiture. Par exemple, pour le volume 14 (consacré aux sessions de Blood On The Tracks exclusivement), l'édition classique est un petit disque simple d'une heure (de tous les Bootleg Series en édition, disons, traditionnelle, c'est le seul à n'être constitué que d'un seul disque, et donc, le moins renversant, le seul à être vraiment frustrant), constitué de prises alternatives des 10 titres de l'album original et d'un bonus-track. Cheap. Le coffret dure 6 heures, offre 6 disques (et si vous voulez avoir 9 versions différentes, à la suite, d'un seul et même titre, faites-vous plaisir, mais même pour un dylanophile comme moi, qui adore Blood On The Tracks qui plus est, c'est trop ; quel fan de Led Zep aurait envie d'écouter 10 versions slightly différentes de Stairway To Heaven sur un seul et même CD ?).
Pour le Bootleg Series qui nous intéresse ici, sorti en 2015, le 12ème volume, baptisé The Bootleg Series Vol. 12 : The Cutting Edge 1965/1966, on a droit à une édition budgétaire (avec la mention 'best of') de deux disques, pour 2h25 de musique, celle que j'aborde, et qui est très compétitive, rien à dire. On a aussi un coffret Deluxe de 6 CDs, d'une longueur de 7 heures environ, et qui, déjà, est vendu cher et à la limite du too much (Dylan, surtout à l'époque, c'est génial, certes, mais ne croyons tout de même pas que TOUT ce qui a été enregistré, toutes les différentes prises, sont grandioses et dignes de rester en mémoire). Et un coffret Collector d'une durée totale de 19 heures, bordel à cul de chamois germanophone en pull rose, rempli de 18 bonneu mère-eu de CDs, putainng-con. Beaucoup d'entre eux offrent un seul et même morceau en plusieurs versions alternatives, démos, faux départs, etc, ou seulement deux morceaux différents en plusieurs prises. A ce stade, c'est littéralement de la folie, insensé, qui a envie d'écouter quatre versions d'affilée de Sad Eyed Lady Of The Lowlands (dont trois au moins aussi longues que la définitive de 11 minutes) et, à la suite, 12 versions différentes, même si certaines sont en fait des snippets de 30 secondes, de Stuck Inside Of Mobile With The Memphis Blues Again ? Qui, qu'on le fasse interner ? Et surtout, qui a acheté tout ça, un coffret collector limité qui doit être aussi cher qu'un penthouse à Manhattan et aussi lourd qu'une blague de Bigard sur l'homosexualité ?
Mais bon, le double CD, très facile à trouver, est, lui, génial, et donc, ne m'en veuillez pas si c'est de ça que je vais parler (j'ai pas le coffret Deluxe, encore moins le Collector ; si on m'offre le collector 18 CD, je ne vais évidemment pas refuser, mais même à 100 euros, ce qui serait un prix de folie pour une pareille chose, je ne l'achèterai pas, et il doit de toute façon être difficile à trouver, vendu uniquement sur le site officiel de Dylan, et en tirage limité, sans doute épuisé depuis le temps), vu que de toute façon, c'est le seul que j'ai entendu des différentes versions de ce volume 12. Lequel est donc consacré à une des plus fameuses, immenses périodes de la carrière de Bobby Zimmy : 1965/1966. La période du passage à l'électrique, la période dite thin wild mercury sound. Ce double CD est proposé dans un beau fourreau avec un livret de 60 pages richement illustré de belles photos et constitué d'un essai sur la période et les sessions. Pendant cette période, le Barde a sorti Bringing It All Back Home (une face électrique, une acoustique), Highway 61 Revisited (tous deux en 1965) et Blonde On Blonde (1966, double, sans doute le premier double de l'histoire du rock). Ce qui fut fait en studio, avec Al Kooper, Mike Bloomfield, Charlie McCoy, Kenny Buttrey, John Sebastian, Bruce Langhorn et l'ensemble du Band (tout ceci, durant l'ensemble de la période, mais jamais ensemble durant les mêmes sessions), entre 1965 et 1966, est tellement effarant, tellement ahurissant, qu'il fallait bien 18 CDs pour tenter d'expliquer la chose. Mais les deux disques du digest auto-suffisant que j'aborde sont déjà éloquents.
Bon, qu'est-ce que l'on peut bien pouvoir entendre le long de ces deux disques bien généreux (respectivement 70 et 75 minutes, pour respectivement 19 et 17 titres) ? D'une qualité audio purement remarquable, ce 12ème opus des Bootleg Series nous offre moult prises alternatives ou de démo des meilleures chansons des trois albums de 1965/1966, quasiment tous les morceaux pour certains albums. On regrettera l'absence de la moindre version de Sad Eyed Lady Of The Lowlands (le coffret collector de la mort en propose, je l'ai dit, quatre versions dont trois complètes) mais on a, sinon, du lourd : Desolation Row, Bob Dylan's 115th Dream (absolument hilarante version qui démarre par un fou rire, celui présent sur la version album ; mais les paroles, ici, sont différentes par moments), She Belongs To Me (pour persuader quelqu'un qui ne pense pas que Dylan est un génie mélodique, faire entendre cette chanson est recommandé), Absolutely Sweet Marie, Queen Jane Approximately, Pledging My Time, un Visions Of Johanna assez rock (contrairement à la version album, lente et hypnotique), un Leopard-Skin Pill-Box Hat au bord du gouffre, Subterranean Homesick Blues, Like A Rolling Stone (dont une version courte), Positively 4th Street, et des inédits comme California, Farewell, Angelina (cette version de cette chanson est cependant celle présente sur The Bootleg Series 1 - 3 de 1991), Medicine Sunday, If You Gotta Go, Go Now ou I'll Keep It With Mine. Medicine Sunday deviendra Temporary Like Achilles, au passage. Bref, encore une fois, impossible de faire dans le détail, juste vous dire que si vous aimez Dylan, ce 12ème opus de cette décidément géniale collection est un achat rigoureusement indispensable...comme les autres Bootleg Series, d'ailleurs, je me répête, mais c'est pas grave. Allez, à bientôt pour de nouvelles aventures dylaniennes, je vous laisse, je suis garé en double-file !
[bruit de fusée qui décolle]
CD 1
Love Minus Zero/No Limit
I'll Keep It With Mine
Bob Dylan's 115th Dream
She Belongs To Me
Subterranean Homesick Blues
Outlaw Blues
On The Road Again
Farewell, Angelina
If You Gotta Go, Go Now
You Don't Have To Do That
California
Mr. Tambourine Man
It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry
Like A Rolling Stone (short version)
Like A Rolling Stone
Sitting On A Barbed Wire Fence
Medicine Sunday
Desolation Row (piano demo)
Desolation Row
CD 2
Tombstone Blues
Positively 4th Street
Can You Please Crawl Out Your Window ? (short version)
Just Like Tom Thumb's Blues
Highway 61 Revisited
Queen Jane Approximately
Visions Of Johanna
She'sYour Lover Now
Lunatic Princess
Leopart-Skin Pill-Box Hat
One Of Us Must Know (Sooner Or Later)
Stuck Inside Of Mobile With The Memphis Blues Again
Absolutely Sweet Marie
Just Like A Woman
Pledging My Time
I Want You
Highway 61 Revisited (false start)