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On vient de faire un petit saut dans le temps : le précédent opus du cycle Mellencamp, le très correct et audacieux (mais pas un chef d'oeuvre non plus) Mr. Hapy Go Lucky, date en effet de 1996 et là, on est en 2001. Entre temps, l'ex-Cougar  a sorti, en 1998, John Mellencamp, disque éponyme donc (étonnant, quand il ne s'agit pas d'un premier album), son premier album chez Columbia Records. Un disque très correct mais pas immense (à mon humble avis) que j'ai abordé il y à quelques semaines. Puis il y à eu un disque contractuel avec son ancien label (Mercury), Rough Harvest en 1999, offrant des versions alternatives de certaines de ses chansons. Un album studio (que je ferai ici, sans doute, un jour). Puis, en 2001, il sort son nouvel album, sur Columbia donc : Cuttin' Heads. Quelqu'un qui ne connaîtrait pas Mellencamp, ne saurait pas quelle est sa nationalité et son genre musical de prédilection, rien qu'à regarder la pochette de ce 15ème opus studio, aurait toutes les réponses : le John pose devant un drapeau américain. C'est une pochette qui, clairement, fait penser à du Springsteen, du Bob Seger, bref, du rock heartland. Deuxième album sur le labl Columbia donc, Cuttin' Heads est, pour son année de sortie (2001), un disque étonnamment court, 40 minutes quasiment tout rond (pour 10 titres ; une réédition ultérieure rajoute deux bonus-tracks). 

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Le disque est sorti l'année des sinistres attentats du 9/11, et l'album est même sorti en octobre, donc, nul doute que Mellencamp ait voulu encore plus marquer le coup en posant devant un drapeau ricain, en montrant des roses et une guitare sur laquelle est gravée l'inscription 'fuck fascism' dans le livret, mais que l'on ne se trompe pas : l'album a été enregistré, en entier, entre juillet 2000 et juin 2001. Il était déjà totalement sur bande quand les attentats ont eu lieu, il n'y à donc pas de chanson sur le sujet. Disque totalement heartland, Cuttin' Heads s'ouvre sur une chanson qui m'a fait terriblement peur pour le reste de l'écoute : le morceau-titre, enregistré avec Chuck D, un membre de Public Enemy (groupe de rap bien connu), est en effet une incursion hip-hop qui, je dois le dire, ne fonctionne pas, et fut, pour moi, une épreuve (surtout que le morceau, avec 5 minutes au compteur, est un des plus longs de l'album). La chanson part cependant d'un très bon sentiment : Mellencamp, qui n'a rien contre le rap, s'insurge ici (et le couplet qui parle de ça est justement interprété par Chuck D) que, dans le rap, on utilise un peu trop le mot 'nigger'. Une sorte de tentative de prise de conscience. Mais malgré cela, je n'ai pas accroché du tout au morceau. Et le morceau suivant, Peaceful World, est en duo avec India.Arie, une chanteuse de r'n'b/soul, est sympa, mais pareil, j'ai du mal.

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Bref, Cuttin' Heads, ça partait mal. Mais la suite de l'album, bien que sans surprise (on peut dire que la période Columbia, pour Mellencamp, bien que courte, n'aura pas été sa meilleure), est tout de même d'un niveau qui oscille entre le totalement acceptable et le franchement très bon. Dans la première catégorie, Women Seem, Deep Blue Heart et Shy. Dans l'autre, le reste, on va dire, de ce court album, et notamment Just Like You et In Our Lives. On a donc affaire ici à un disque honnête, qui démarre mal pour moi, mais se rattrape franchement par la suite. Pas un sommet de la carrière de Mellencamp ceci dit, je trouve que c'est tout de même un peu basique par moments (Worn Out Nervous Condition), ce n'est pas avec des albums comme ça qu'il peut pleinement concurrencer Springsteen, même si ce n'est sans doute pas son intention. Mais si vous aimez le rock heartland, vous devriez aimer. Je dois quand même dire que, depuis 1994 et jusqu'à ce disque, soit quatre albums, le Cougar me déçoit un petit peu sur la longueur. On ne peut pas faire des The Lonesome Jubilee, Whenever We Wanted, Scarecrow et Big Daddy tous les jours, en même temps...

Cuttin' Heads

Peaceful World

Deep Blue Heart

Crazy Island

Just Like You

The Same Way I Do

Women Seem

Worn Out Nervous Condition

Shy

In Our Lives