TB1

Là, c'est un beau morceau de choix que je vous propose : Les Byrds. Pas vraiment besoin de présenter ce groupe mythique (qui a cependant eu une carrière bien plus cartonneuse dans leur pays, les USA, qu'en Europe), fondé en 1964 par Jim McGuinn (chant, guitare) qui se fera renommer Roger McGuinn quelques années plus tard, le groupe tenait aussi en son sein des musiciens aussi grandioses que Gene Clark et David Crosby. Qui, tous, finiront par partir au compte-gouttes, virés pour diverses raisons. Groupe de folk-rock qui ne faisait pas de mystère de son obsession dylanienne, les Byrds ont toujours repris, énormément, les chansons du Barde ; leurs versions de Mr. Tambourine Man et My Back Pages sont plus connues que les originales de Dylan. Parallèlement, ils offrent des hits du genre  avec Eight Miles High, So You Want To Be (A Rock'n'Roll Star) et Turn ! Turn ! Turn ! (To Everything There Is A Season). En 1968, alors qu'ils s'apprêtent à sortir leur fantastique The Notorious Byrd Brothers, le groupe implose quasiment quand Crosby se barre ou est viré. Gram Parsons, musicien de country, une légende, les rejoint le temps d'un album fantastique de country pure et dure, Sweetheart Of The Rodeo. Puis il s'en va. Le groupe, en 1969/1971, va vivoter avec des albums dans l'ensemble remarquables (Dr. Byrds & Mr. Hyde, (Untitled) qui est en partie live), mais ne parviendra jamais, même quand le groupe original se reforme en 1973 (album et tournée, deux foirages), à remonter la pente. 

TB2

On estime aujourd'hui que le chant du cygne des Oyseaux est en fin d'année 1970, au moment du double (Untitled) qui offre un disque live très réussi et un disque studio rempli de belles chansons (Chestnut Mare, Truck Stop Girl repris à Little Feat). Mais les Byrds d'antan sont désormais un groupe qui peine un peu à vendre ses disques. Heureusement, en live, le groupe (dont seul McGuinn reste comme membre d'origine, les autres sont arrivés après : le guitariste et chanteur occasionnel Clarence White, le bassiste Skip Battin et le batteur et banjotiste Gene Parsons, aucun lien avec Gram) déchire tout. La preuve ? Ce live, sorti en 2008 sur Sundazed Records, existant avant ça en bootleg pendant des années, et capté le 13 mai 1971 au Royal Albert Hall de Londres. Et connement baptisé Live At Royal Albert Hall 1971. 19 titres, pour 77 minutes qui ne représentent apparemment pas tout le concert (dans un de ses articles, "Des montagnes de swing", Philippe Paringaux, de Rock'n'Folk, avait couvert le live, on trouve cet article dans son anthologie que j'avais abordé cet été, catégorie Music Books ; il parle d'un concert de 2h30, apparemment, soit le double du CD ; mais peut-être le groupe a-t-il joué deux concerts ce soir-là, ou bien y avait-il une première partie qu'il ne nomme pas, ou bien exagère-t-il franchement la durée, parce que tous les morceaux qu'il cite sont, dans l'ordre, sans qu'il en manque un, sur le CD, et l'article date de 1971), mais sont  tout de même savoureuses à l'extrême. Notons que la qualité sonore est tout bonnement exceptionnelle, c'est comme si le groupe était à vos côtés, pendant que vous jouez le CD. 

TB3

Le groupe, à l'époque, est en phase folk/country, et nous régale du début à la fin. Tout comme sur le disque live de (Untitled), on a droit ici à une version absolument gigantesque de Eight Miles High, longue ici d'un peu moins de 19 minutes (sur (Untitled), elle en dure 16 ; ce n'est pas la même version, les titres de (Untitled), live ou studio, datant tous de 1970, année de sortie du double album). Une version qui démarre par une longue improvisation instrumentale (solo de basse, notamment, à tomber), proche du raga par moments, et du psyché, avant, vers la fin, alors que l'on ne s'y attend plus, que le morceau ne démarre vraiment avec l'irruption du chant. C'est un des meilleurs moments d'un live qui en regorge, comme ce Lovers On The Bayou inaugural sublime, Take A Whiff (On Me) chantée par White, Chestnut Mare, You Ain't Going Nowhere, Mr. Tambourine Man, Mr. Spaceman, So You Want To Be (A Rock'n'Roll Star)... Le tout se finit sur plusieurs rappels enflammés (Nashville West, Roll Over Beethoven, un Amazing Grace final à faire trembler de bonheur) et comme Paringaux le disait en conclusion de son article, Comment se fait-il que les gens ne veuillent jamais laisser partir les Byrds ? Il est vrai que ce 13 mai 1971, dans l'enceinte architecturellement chargée de cette grosse pâtisserie qu'est l'Albert Hall, les Byrds sont en état de grâce absolue. Je ne vais pas dire pour la dernière fois, mais presque. En 1971, en effet, ils sont pour le moins en bout de course, les albums suivants (Byrdmaniax, Farther Along...) étant franchement ratés. Mais là, en live, sur cet album à la qualité totale, c'est, le temps d'un soir, le plus grand groupe de rock au monde. 

Lover On The Bayou

You Ain't Going Nowhere

Truck Stop Girl

My Back Pages

Baby, What You Want Me To Do

Jamaica, Say You Will

Black Mountain Rag/Soldier's Joy

Mr. Tambourine Man

Pretty Boy Floyd

Take A Whiff (On Me)

Chestnut Mare

Jesus Is Just Alright

Eight Miles High

So You Want To Be (A Rock'n'Roll Star)

Mr. Spaceman

I Trust

Nashville West

Roll Over Beethoven

Amazing Grace