Hé oui, vous avez bien lu, vous êtes bien réveillés, vous n'avez, je vous rassure, pas de fièvre : il s'agit bien de George Michael. Né Georgios Kyriacos Panayiotou en 1963 (et mort en 2016, on le sait), George Michael a d'abord fait partie, tout le monde le sait, d'un groupe de pop/dance du nom de Wham !, au sein duquel il offrit au monde interloqué et inconscient du danger qui le guettait des chansons telles que Last Christmas (avec la scie de Mariah la Carrée, c'est une des pires merdes que l'on se fade annuellement, en fin d'année, audible dans les magasins, à la TV, à la radio...), Wake Me Up Before You Go-Go ou Careless Whisper. Cette chanson précise est à la fois une de Wham ! et une de Michael solo, elle date de 1984, a cartonné, mais est plus le premier succès solo de Michael qu'autre chose, elle s'est retrouvée sur le deuxième album de son groupe par obligation contractuelle (co-écrite avec l'autre membre du groupe), mais personne ou presque ne sera dupe. Wham ! se sépare en 1986, et l'année suivante, George Michael se lance en solo, avec un album du nom de Faith, qui, en 49 minutes (58 en CD, on a deux bonus-tracks) et sous une pochette éminemment glamour et dans l'air du temps, va offrir sept singles (et il y à 9 titres sur la version vinyle) et, évidemment, cartonner à fond.
Produit par l'artiste lui-même, qui joue des claviers, mais aussi un peu de basse, de batterie, de percussions et des programmations, Faith sera également un succès critique, et est un beau représentant, avec le Bad de Michael Jackson sorti la même année (qui se vendra plus encore que Faith, mais normal, c'est Bambi) et le True Blue de Madonna sorti l'année précédente, du son dance pop/r'n'b/funk alors à la mode. La production a, on peut le dire, c'est légal et permis, même fortement encouragé, pris un beau coup dans l'aile gauche et le pare-buffle chromé. Programmations, synthés qui font bzoom bzoom, batterie qui ne sonne pas comme une batterie conventionnelle, et (mon CD étant une antique édition), sonorités un peu platounettes. L'album a évidemment été réédité plein de fois, notamment en 2011, on trouve, sur cette réédition, un second CD et un DVD, ce qui était inévitable. Bon, Faith offre plein de singles à succès. Notamment la face A entière : le morceau-titre, à la base conçu pour être une chanson bien produite, bien chargée, mais qui, au final, sera un mid-tempo un peu soul, ce qui n'est pas plus mal. Father Figure est sublime, tout comme One More Try, et on a I Want Your Sex, chanson qui tubera à mort elle aussi et qui, ici, est dans sa version complète (oeuf/jambon/fromage), longue de 9:15 minutes. Notons que la seconde partie (tout est sur une seule plage audio) ne s'impose pas vraiment, ça sent la redite, c'est limite chiant. Allez, on vire le 'limite' de la précédente phrase, d'accord ?
La face B est à mon sens moins percutante (malgré un Kissing A Fool jazzy et délicat en final du vinyle, vraiment une des meilleures choses jamais pondues par George Michael ; je ne suis vraiment pas fan du bonhomme, absolument pas même, mais je sais reconnaître que quand il le voulait, il pouvait être extraordinairement bon dans son registre, et là, c'est exceptionnel). Mais Monkey, Hard Day (dont une version remixée par Shep Pettibone se trouve sur la version CD, un des deux-bonus-tracks, inutile comme tout remix sait l'être quand il le veut bien, et un remix le veut toujours) ou Look At Your Hands ne sont pas extraordinaires. Quant au second bonus-track CD, A Last Request (I Want Your Sex Part III), c'est juste affligeant. Au final, que dire ? Vendu par camions entiers (20 millions dans le monde, minimum), succès intersidéral qui a rythmé 1987, écrin d'une palanquée de tubes qui, pour la moitié d'entre eux, sont effectivement d'une très haute tenue, Faith est, en guise de premier album solo, un disque intéressant, inégal mais certainement pas un ratage. Il souffre des tares de son époque (production un peu fatigante parfois, durée éreintante en CD, un peu de remplissage sur la face B), mais croyez-moi, si Michael a fait mieux (le suivant), il a surtout fait pire, bien pire. Et il n'a fait que cinq albums studio durant toute sa carrière. Après, on aime ou pas. Avant, je détestais grave. Maintenant, je supporte certaines choses, j'en aime d'autres (comme Madonna, dont j'ai parlé ici récemment), je n'aime pas le personnage en lui-même, qui m'a toujours énervé, et je peux dire sans honte que je n'ai pas pleuré à sa mort (c'est évidemment con qu'il le soit, mort, surtout qu'il est mort un 25 décembre, mais en 2016, pardon hein, mais entre David Bowie et Prince, j'avais suffisamment à chialer dans mon coin pour en garder un peu pour George Michael). J'imagine que ce cycle fera polémique sur le blog, l'air de dire mais parler de George Michael sur Rock Fever, n'importe quoi, mais encore une fois, je le redis, et pourquoi pas ? Si vous aimez la dance pop, ça pourrait vous plaire, si vous ne connaissez pas encore. Vu le succès du bouzin, je pense que vous devez connaître, mais on ne sait jamais.
FACE A
Faith
Father Figure
I Want Your Sex (Parts 1 & 2)
One More Try
FACE B
Hard Day
Hand To Mouth
Look At Your Hands
Monkey
Kissing A Fool
Bonus-tracks CD :
Hard Day (Shep Pettibone remix)
A Last Request (I Want Your Sex Part 3)
Et non, je vais pas sortir cette tarte à la crème "hommage à Mercury".
Ou cette reprise réussie de Stevie avec la superbe Mary J. Blige.
Même sans cela, j'ai plus ou moins toujours pensé que l'artiste et l'homme valaient beaucoup mieux que les clichés et les railleries faciles, "chanteur à minettes", "blabla", "bellâtre tantouze"...
OK, je ne peux absolument pas supporter Wham. Affreux.
Mais dès le moment où il part solo, là ça devient sérieux.
Franchement, je trouve que sa disco en solo se tient très bien.
Faith et le suivant sont, j'ose, de grands disques. (les suivants sont dignes, mais juste ça)
La prod' a vieilli, OK. Mais on peut en dire autant de tout le monde ou presque.
En 87, le Tunnel Of Love de Brouce, hein ? L'a pas mangé un râteau dans les gencives ?
1987-1992, annus horribilis pour les sonorités.
Tu cites True Blue et Bad comme adversaires 1987 (Prince est sur une autre planète, restons sérieux), et ben je choisis Faith tous les jours face à ces deux-là.
Alors oui, je n'ai pas chialé lors de sa disparition. Mais j'ai été sincèrement tristoune.
Une fin si jeune, dans un état aussi craignos...
Depuis, on entend certains dire "ah, il avait du talent quand même..." parmi les rockers.
Eh, mes gueules ! Il aurait peut-être aimé être pris plus au sérieux avant qu'il ne canne, non ?
Tonton Georges : "Les morts sont tous des braves types".