Billy Idol... Non, vous ne rêvez pas, le punk péroxydé déboule sur Rock Fever. Pour un album, en tout cas. Et ceux qui connaissent bien l'oeuvre de Billy Idol (notamment, il me semble, Nono, visiteur/commentateur régulier, fidèle, du blog ; je ne me trompe pas, Nono, tu confirme ?) me diront sûrement que je n'ai pas cherché la facilité. J'aurais pu choisir son album Rebel Yell de 1983 (son deuxième), qui offre Flesh For Fantasy et Eyes Without A Face. Ou le suivant, Whiplash Smile (1986), avec Sweet Sixteen. Mais non, c'est avec son cinquième album que j'ai décidé de faire entrer Billy Idol (William Broad de son vrai nom). Ce cinquième album, il date de 1993, une époque où Billy Idol (un ancien, comme Siouxsie Sioux, du Bromley Contingent, cette horde de punks groupies qui accompagnaient, suivaient partout les Sex Pistols, à la grande époque du punk) était pire que dans le creux de la vague : cet album, en fait, va carrément l'éjecter de la planche et le renvoyer loin, très loin, sur le sable, la tête plantée en plein dedans, avec un cormoran en train de lui picorer le trou de balle. Cet album, long comme seuls les disques des années 90 savaient le faire (il dure 71 minutes ; ne croyez pas ce que Wikipédia, la page anglophone je précise parce que la page française est, elle, dans le vrai, dit à son sujet en indiquant une durée de 67 minutes ; il en dure bel et bien 71 ; et offre 20 titres), s'appelle Cyberpunk. Il est produit par Robin Hancock (qui joue des claviers, assure des programmations, aussi).
Une réédition budgétaire avec une pochette différente
Comment définir Cyberpunk ? A sa sortie, l'album sera un four monumental, et encore aujourd'hui, il est souvent assez mal considéré. Même s'il y aurait une certaine tendance à la réhabilitation, mais c'est pas encore ça. C'est un album conceptuel extrêmement courageux. Billy Idol était un grand fan de musique électronique, d'innovations, de technologie (j'utilise le passé non pas parce qu'il est mort, ce qui n'est heureusement pas le cas, mais pour expliquer le pourquoi du comment de ce disque, selon le contexte), et j'imagine qu'il a du adorer aussi le roman Neuromancien de William Gibson (un pionnier du cyberpunk, justement), d'autant plus qu'un des morceaux porte ce titre (Neuromancer). Même s'il paraît qu'en fait, gag, il ne l'avait pas encore lu à l'époque, sacré lui. Cyberpunk est un récit à la manière de ce style très moderne de SF (si vous voulez un bon exemple, au cinéma, prenez Matrix, évidemment), et a été enregistré avec des ordinateurs (un Macintosh), des synthés et programmations à gogo (Billy Idol a mis lui-même la main à la pâte), ce qui donne un album assez brutal, technoïde, qui a très certainement été qualifié d'abrutissant à sa sortie. Il faut reconnaître que ce n'est pas un album que l'on adorera à la première écoute, il se peut même que le déclic ne vienne jamais, mais au fil des écoutes, Cyberpunk, traversé de morceaux courts qui servent d'intermèdes (à noter d'ailleurs que le tracklisting du CD ne les indique pas, il n'y à la numérotation que pour les morceaux de durée normale, c'est ainsi que l'on a d'abord indiqué le titre 2, puis le 4, puis le 5 jusqu'au 8, puis on passe au 10, etc, jusqu'au numéro 19, le 20ème étant un court instrumental, Recap), se révèlera peut-être à vous.
L'album offre notamment une terriblement étonnante reprise du Heroin du Velvet Underground (bien revisitée, presque méconnaissable, et avec inclusion d'une bribe du Gloria In Exelcis Deo de Patti Smith, cette fameuse phrase introductive, Jesus dies for somebody's sins but not mine, qui revient en refrain/mantra tout du long). On y trouve aussi des morceaux assez explosifs comme Wasteland, Shock To The System et Power Junkie, sans oublier Mother Dawn et Shangrila. C'est un album qui certes n'a vraiment pas eu de bol du tout à sa sortie (dans la famille des albums les plus unanimement démantibulés par la presse rock et n'ayant pas convaincu les fans, celui-ci est le boss du dernier niveau), mais qui, en même temps, par sa structure, son concept extrêmement aventureux (et presque prémonitoire), sa production, sa durée, n'a pas grand chose pour plaire en 1993. Cyberpunk n'est pas une merde contrairement à ce que l'on dit ou écrit à son sujet, mais ce n'est pas non plus un chef d'oeuvre méconnu à réhabiliter de toute urgence, c'est juste un album courageux et intéressant, mais fatigant et un peu inégal, que je conseille aux oreilles aventureuses. Mais si vous voulez découvrir Billy Idol, préférez les deux albums cités en ouverture de chronique.
Ceci dit, le bon gros taré anticonformiste que je suis se doit de le dire : c'est, des albums de Billy Idol que j'ai entendus (pas tous, mais tous ceux faits avant lui), celui que je préfère, nettement. Et le seul que j'ai tenu à acheter en CD (d'occaze, et pas cher). De ma part, ça ne devrait pas trop vous étonner, non ?
Untitled (Opening Manifesto)
Wasteland
Untitled (Pre-Shock)
Shock To The System
Tomorrow People
Adam In Chains
Neuromancer
Power Junkie
Untitled (That Which Beareth Thorns)
Love Labours On
Heroin
Untitled (Injection)
Shangrila
Concrete Kingdom
Untitled (Galaxy Within)
Venus
Then The Night Comes
Untitled (Before Dawn)
Mother Dawn
Recap
En effet, un pote l'avait acheté et il a fait le tour de notre cénacle collégien.
Verdict unanime ou presque : "Kek c'est kcette merde ?" (imaginez Lhermitte en train de boire la gnôle dans les Bronzés).
Idol était déjà bien ringardisé par le grounge et les autres trucs "de jeunes", et avec notre sens de la mesure légendaire, on a sorti les gourdins.
Alors que moi, j'aimais déjà les tubes 80s du Billy, tendance "plaisir coupable et caché".
Alors ce Cyberpunk, je l'ai réessayé bien des années plus tard et lui accordait le crédit (limité, hein, faut pas pousser) qu'il méritait.
Même si l'esthétique me repousse, et le choix de reprendre Heroin, bon...
(Billy Gibbons : "fallait vraiment être un connard pour chanter un truc pareil...". C'est pas totalement faux, mon Billou Pileux.)
Sinon, je suis content de voir qu'Idol s'est repris et vieillit pas si mal.
Son album Kings and Queens Of The Underground d'il y a quelques années était même super.