Pour le moment, je pense qu'on approche dangereusement de la fin du cycle consacré à John Mellencamp, mais sait-on jamais, on verra selon mes envies et découvertes. D'ailleurs, comme je l'ai dit dans ma dernière chronique le concernant (Human Wheels), entre l'album que j'avais abordé alors, sorti en 1993, et celui qui nous intéresse ici, sorti en 1998, Mellencamp sortira deux albums, en 1994 et 1996. Je les aborderai probablement un jour, n'ayez crainte, mais pour le moment, je les saute (ils sont consentants) et passe donc directement à 1998, une année importante pour Mellencamp, qui change de maison de disques. Il était chez Mercury depuis un bail, il passe sur Columbia Records, grosse major sur laquelle il va rester pendant quelques années, mais finalement, pas tant de temps que ça (en 2007, il passe sur le plus petit label Republic Records, il y est encore). Comme pour marquer le coup et dire que, quelque part, c'est le début d'une nouvelle carrière, ce nouvel album de Mellencamp, son 15ème, est éponyme : John Mellencamp. Apparemment, cette idée d'appeler ainsi l'album, ou plutôt de ne pas l'appeler en fait, est de Columbia Records, pas de Mellencamp, qui acceptera sans problème. L'album dure 46 minutes, offre 12 titres. L'édition que j'ai, rééditée par Music On CD, offre deux bonus-tracks : des versions live de deux des morceaux de l'album, faisant passer le tout à 54 minutes, mais c'est de l'album original que je vais parler.
Je vais être clair dès le début : autant j'ai adoré comme un salopard de vicieux l'ensemble des albums précédents de Mellencamp que j'ai chroniqués ici (même Sad Clowns & Hillbillies de 2017, très (très) très (vraiment très) ancré country, genre musical qui n'est pas un de mes préférés à la base), autant j'ai été, pour la première fois, un peu douché par cet album éponyme de 1998 à pochette en noir & blanc. John Mellencamp n'est pas un mauvais album, je dois le préciser. Il offre franchement des chansons efficaces : Fruit Trader, en guise d'intro est une tuerie, Eden Is Burning, Your Life Is Now (les deux morceaux dont on a une captation live, qualité audio parfaite, en bonus-tracks), Miss Missy (avec Izzy Stradlin' des Guns'n'Roses, qui ne faisait cependant plus partie du groupe à l'époque, à la guitare) et Days Of Farewell sont également très bonnes. Mais à plusieurs reprises ici, Mellencamp se laisse aller à des, je ne sais pas comment le dire, innovations ? tentatives ? afin de sonner un peu différemment, comme sur Summer Of Love et son orgue qui fait très psyché-rock 60's à la Doors/? & The Mysterians, comme I'm Not Running Anymore qui est énervante comme rarement une chanson l'a été, ou comme Break Me Off Some, qui sonne assez new-jack/hip-hop (il ne manquerait plus qu'un couplet de rap par un guest et ça serait complet) et est un ratage total.
Et le reste des chansons est, dans l'ensemble, d'un niveau correct, mais pas totalement au niveau de la majeure partie (comme je l'ai dit, les opus de 1994 et 1996, pour le moment, je ne les connais pas, mais je sais que celui de 1994, extrêmement court - moins de 30 minutes... - n'est pas très bien noté) des précédents opus. C'est un fait, cet album éponyme de Mellencamp, son premier sur une grosse major, est un de ses moins satisfaisants, et même le moins satisfaisant à ce jour, parmi ceux que j'ai chroniqués ici. C'est con, c'est dommage, mais ce n'est pas non plus dramatique, l'album n'est pas une merde, il est juste frustrant et inégal ; mais à moins de détester le rock heartland, vous devriez tout de même y trouver de quoi vous satisfaire. Mais si vous ne connaissez pas encore l'oeuvre du Cougar, vous devriez laisser ce disque pour plus tard, et privilégier la période 1985/1993, qui déjà, offre de quoi faire pendant un moment !
Fruit Trader
Your Life Is Now
Positively Crazy
I'm Not Running Anymore
It All Comes True
Eden Is Burning
Where The World Began
Miss Missy
Chance Meeting At The Tarantula
Break Me Off Some
Summer Of Love
Days Of Farewell
Bonus-tracks réédition 2017 :
Your Life Is Now (live)
Eden Is Burning (live)
J'ai acheté tout ce qu'il a sorti (sauf le tout dernier Other People's Stuff, limite foutage de gueule) mais l'écoute m'a souvent laissé un peu de frustration. Il y a pourtant d'excellentes choses, comme Freedom's road, Trouble no more, Plain Spoken ou Sad Clowns. Donc, oui, je te rejoins tout à fait, cet album éponyme en est l'illustration avec de superbes titres (Your life is now par exemple) et d'autres plus insipides.
Dance Naked est effectivement très court, bâclé, sorte de syndrome dylannien comme "Down in the groove" ou "Under the red sky", où tu as beau chercher, tu n'en vois pas vraiment l'intérêt. Le suivant, Mr Happy Go Lucky est le premier qui tente des expériences un peu électro sans jamais toucher la cible, c'est sans doute celui que j'aime le moins de toute la discographie. Puisqu'on fait souvent le parallèle avec Springsteen, j'ai le même sentiment avec cette partie de discographie que celle du Boss avec Magic, Working..., Wrecking...Du très bon par ci, par là, mais sur la longueur d'un album, on n'est plus aussi haut que par le passé.