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On approche de la fin du cycle, c'est pas de ma faute si ce groupe, splitté depuis des lustres, n'a fait que six albums. Voici déjà le cinquième... et, fatalemement, tragiquement, l'avant-dernier, aussi. C'est un album assez particulier dans la discographie du groupe, pour une simple et bonne raison : il fait suite au carton plein de leur précédent opus, Elephant (2003), dont on a reparlé ici il y à deux jours. Elephant fut en effet un succès mondial, aussi bien critique que commercial. Critique parce que les  avis dans la presse spécialisée étaient globalement très positifs, et qu'il n'est pas rare, depuis, de trouver l'album dans les classements des meilleurs albums de la décennie, voire dans les meilleurs albums de rock, tout court (les fameuses 'discothèques idéales'). Commercial, parce que, par le biais d'un single fabuleux, Seven Nation Army, que même votre grand-mère édentée vivant au fin fond de l'Ardèche connaît mieux que ses propres enfants (il faut dire que le morceau a depuis pas mal d'années été réutilisé, à outrance, par la foule dans les stades à l'occasion d'évênements sportifs), l'album sera un succès monumental, le plus fort du groupe si je ne m'abuse. Comme je le disais l'autre jour, c'est quand même con pour le groupe/duo, d'avoir connu un tel succès aussi tardivement dans leur carrière. Ils ne pouvaient pas s'en douter, mais moins de 5 ans plus tard, le groupe splittera. 

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Mais en attendant, les White Stripes sont encore là, et après le succès monumental d'Elephant qui leur est tombé sur le coin de la gueule comme une armoire normande par la cage d'escalier d'un HLM à cause d'un déménageur maladroit, le duo Jack & Meg est dans une position délicate. Comment faire mieux encore que ce succès ? On a envie de leur répondre impossible. En tout cas, ils ont essayé, et deux ans plus tard, sortira Get Behind Me Satan, dont la pochette (encore une fois respectant leur code coloré rouge et blanc) montre le duo, bien fringué, se tournant le dos, au-dessus d'un antique micro, mais dont les mains, dans le dos, tendent à se rapprocher. L'album dure 44 minutes, pour 13 titres, est produit par Jack White seul, enregistré dans ses propres studios de Detroit (Third Man Studios ; son futur label portera le même nom). Seul album du groupe qui, pendant des années, sera indisponible en vinyle (des pressages pour la presse seront faits à l'époque, d'une rareté absolue). L'album sera attedu comme le Messie à sa sortie, par une presse sans doute un peu dubitative, s'attendant à un album souffrant du syndrôme premier album depuis le succès mondial inattendu du précédent opus. Au final, l'album (dont le titre est inspiré de la Bible, la Tentation de Jésus), boosté par Blue Orchid le premier single, sera un beau succès, moindre que le précédent, certes (mais c'était prévisible), mais un beau succès quand même.

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Il faut dire qu'il y à de quoi  : bien plus varié encore que les précédents opus, plus centré 'rock' que 'punk/blues', ce cinquième cru des Bandes Blanches, enregistré encore une fois à deux seulement (Meg chante sur l'extrêmement court (35 secondes) Passive Manipulation et Jack, hérésie, semble avoir abandonné le second dogme du groupe, musical lui, à savoir 'pas de basse', car il en joue sur le disque, en plus des guitares, claviers et quelques percussions), offre pas mal de morceaux assez calmes et presque mainstream, comme The Denial Twist, Little Ghost, Red Rain, Forever For Her (Is Over For Me) ou bien encore I'm Lonely (But I Ain't That Lonely Yet). On a certes des morceaux plus féroces comme Blue Orchid et Take, Take, Take, mais dans l'ensemble, Get Behind Me Satan est un disque plus accessible que les trois précédents opus, moins bourrin, moins garage. Les morceaux sont dans l'ensemble plus longs que sur les précédents opus : Get Behind Me Satan dure aussi longtemps que le premier opus qui, lui, offrait 17 titres. Elephant, pour 14 titres, durait 50 minutes, les morceaux de ce nouvel album sont grosso modo de la même durée. C'est plus structuré, très varié, l'écoute de ce disque juste après le premier album ou White Blood Cells vous fera vraiment vous rendre compte de la différence. Sans être le meilleur du groupe, ce cinquième opus est une belle réussite. Sans doute en attendait-on un peu trop à sa sortie, vu les quelques déceptions que l'on a pu lire ça et là dans les presse spécialisée. Il faut dire que la position de ce disque dans la discographie du groupe n'est pas très enviable...mais les Bandes Blanches s'en sortent avec les honneurs. Dans deux jours, la fin du cycle, parviendront-ils à partir la tête haute ? Réponse le 6 octobre prochain...

Blue Orchid

The Nurse

My Doorbell

Forever For Her (Is Over For Me)

Little Ghost

The Denial Twist

White Moon

Instinct Blues

Passive Manipulation

Take, Take, Take

As Ugly As I Seem

Red Rain

I'm Lonely (But I Aint That Lonely Yet)