J'imagine que ça ne devait pas manquer à tout le monde vu les quelques commentaires que le groupe a chopé sur les différents articles le concernant (c'est clairement un groupe clivant, on adore ou on déteste, pas de milieu), mais les Smashing Pumpkins sont de retour sur Rock Fever ! Pour un album seulement, pour le moment (faut voir pour la suite), mais pas n'importe quel album. Et tant qu'à faire, un album qui n'avait pas encore été abordé sur le blog, ce qui est le cas d'une grande, très grande partie des chroniques publiés ces derniers temps. Ce groupe, comme je viens de le dire, était du genre on adore ou on déteste, mais pas de milieu. D'ailleurs, à l'époque, je me souviens bien, avec leur musique pafois un peu trop recherchée, inspirée du progressif, la durée de certains de leurs albums (Mellon Collie And The Infinite Sadness, double album de 2 heures sorti en 1995, sera un succès commercial monumental, mais sera aussi qualifié de disque prétentieux), la voix du chanteur/leader Billy Corgan, leur look un peu décalé parfois (D'Arcy...), les Smashing Pumpkins avaient de quoi en hérisser plus d'un. Si on y rajoute les problèmes internes (drogue, surtout : un des membres du groupe décèdera d'overdose, d'autres auront de tels soucis de came qu'ils se feront virer) et la concurrence assez rude pour l'époque (le groupe a démarré comme un groupe de la vague grunge, ce dont ils se démarqueront dès 1995), c'est peu dire que les Citrouilles qui en Jettent auront eu bien des difficultés. Le groupe se sépare en 2000 peu de temps après avoir sorti Machine/The Machines Of God. Ils se reformeront quelques années plus tard (2006), sont toujours en activité, mais l'Âge d'Or est passé.
Adore, sorti en 1998 sous une pochette qui n'auraient pas renié The Cure, Cocteau Twins ou Dead Can Dance, est le quatrième album studio (et tout court) du groupe, et il fait suite à deux immenses albums : Siamese Dream (1993), qui est sans aucun doute le sommet du groupe au final, et Mellon Collie And The Infinite Sadness, le fameux double album de 1995 qui a vu le groupe opter pour des sonorités un peu moins grunge (au revoir les productions glaçantes, terriblement métalliques et froides, de Butch Vig). Long de 73 minutes, offrant 16 titres (dont un morceau instrumental final de 17 secondes, intitulé 17 !), l'album détonne par rapport aux précédents du groupe. Déjà que le précédent détonnait, rapport à sa durée, sa complexité (un double album conceptuel aux deux disques sous-titrés, etc), ses sonorités plus mainstream, mais Adore, lui, est un disque qui sonne plus comme un album de The Cure que des Pumpkins. Au-revoir les morceaux violents, bonjour les sonorités cold-wave, arty et dépressives. Coproduit par Billy Corgan, Flood et Brad Wood (quasiment la même équipe que pour le précédent album), cet album est en effet très calme, triste, et autant le dire, beau à pleurer dans sa bière. Les fans gueuleront en grande partie (l'album aura de bonnes critiques presse, mais se vendra bien moins que les deux précédents), ce n'est pas comme les précédents albums, etc, et au final, on parle de cet Adore de 1998 de la même manière qu'on parle du One Hot Minute (1995) des Red Hot Chili Peppers : on dit de ce disque que c'est l'album détesté des fans, et aimé par ceux qui ne sont, justement, pas fans (même si des fans aiment quand même ce disque), parce que c'est trop à part comparé aux autres albums.
Mais franchement, devant la beauté irréelle, mystérieuse, de morceaux tels que Daphne Descends, Appels + Oranjes (qui, mis à part que le titre du morceau est écrit en néerlandais - mais c'est chanté en anglais - porte le même titre qu'une chanson de Pink Floyd), To Sheila, Crestfallen ou For Martha, on ne peut que se taire et savourer ce grand disque d'ambiance dépressive (c'est pas Pornography non plus, on serait plus vers quelque chose qui se rapprocherait de Disintegration), qui n'offre que peu de moments de 'tension' (Ava Adore, c'est à peu près tout...mais quel morceau, aussi !), mais beaucoup de moments de méditation. C'est un disque absolument remarquable, j'ai dit plus haut que Siamese Dream était clairement le sommet du groupe (malgré sa production terrifiante de froideur métallique), mais Adore est peut-être mon préféré. En tout cas, entre 1993 et 1998, le temps de trois albums, les Smashing Pumpkins étaient vraiment imparables, un des groupes cultes de sa génération, un des meilleurs aussi. Désolé pour cette chronique un peu courte, mais face à un tel chef d'oeuvre, je ne sais, en fait, que dire...juste : écoutez ça !!
To Sheila
Ava Adore
Perfect
Daphne Descends
Once Upon A Time
Tear
Crestfallen
Appels + Oranjes
Pug
The Tale Of Dusty And Pistol Pete
Annie-Dog
Shame
Behold ! The Night Mare
For Martha
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