Oui, je sais, j'avais déjà abordé Goats Head Soup sur le blog, et à deux reprises même (j'avais en effet refait la chronique de l'album il y à 9 ans, ce qui remonte certes, et il faudrait que je le réaborde cet album, on verra ça un jour). Mais bon, récemment, je me suis payé le coffret collector, Deluxe, de la réédition de l'album, qui est sorti il y à quelques jours (le 4 septembre, il me semble !), et c'est de ça que je veux parler. Alors un article un peu particulier, qui ne va pas (vraiment) revenir sur le contenu musical de l'album initial, lequel est sorti en 1973 et faisait suite, dans la discographie du groupe, au monumental double album de 1972 Exile On Main St. sur lequel tout et même un peu plus que tout a déjà été dit et redit plein de fois et plus encore. Je précise au passage que le visuel en haut d'article, bien connu des possesseurs de l'album (un des deux inserts glissés dans la pochette vinyle, et reproduit dans le livret CD), n'est pas le visuel du coffret Deluxe, mais je n'ai pas trouvé d'image suffisamment bonne de ce recto de coffret pour le proposer. Mais ce coffret est graphiquement décevant : un fond gris foncé (un peu toilé) avec, au centre, la pochette de l'album, au format à mi-chemin entre le CD et le 45-tours. au verso, rien.
Le coffret et son contenu
On le sait, les Cailloux ont enregistré cet album en Jamaïque, en 1972, tentant vainement de se remettre des sessions apocalyptiques (drogue, drogue et encore un peu drogue) d'Exile On Main St. et de la tournée (et ses abus divers). C'est le dernier album qu'ils ont fait avec le producteur Jimmy Miller, qui a officié sur tous leurs albums studios depuis Beggars' Banquet en 1968 et y était pour beaucoup dans la réussite de cette période dorée. Miller était à l'époque totalement ravagé par les abus de came, il a suivi le groupe dans cette dérive et, selon les termes de Keith Richards (qui, à l'époque, était une publicité vivante pour l'héroïne), il est entré dans l'univers du groupe tel un lion, et l'a quitté pire qu'un petit agneau. Il passait apparemment le plus clair de son temps, en Jamaïque, en studio, à graver des conneries sur une table, totalement envapé, plutôt que de mixer l'album. Lequel album, une réussite totale malgré ce que l'on en dit souvent (début du déclin, bla bla...), possède un son très sale, rock, brutal, teigneux. OK, c'est aussi sur ce disque que se trouve Angie, tube mondial et ballade presque lacrymale qui fera grincer des dents pas mal des fans du groupe, mais qui n'en demeure pas moins sublime. Mais face à un morceau aussi fulgurant (ce riff, monstrueux...) que Dancing With Mr. D., ou face à ce très chuckberryesque Star Star (Starfucker), que dire ? Sans parler de ce morceau toujours sinistrement d'actualité (on y parle de brutalités policières aux USA, mais pas que), Doo Doo Doo Doo Doo (Heartbreaker)... ou ce dévasté, touchant, monumental Coming Down Again, sur lequel Keith parle sans ambages de ses soucis, de sa vie de camé, de ses dérives, ses erreurs. Ou Winter, sur lequel Mick Taylor brille d'un milliard de feux...ou le terriblement turbulent Silver Train...ou, enfin, Can You Hear The Music, morceau curieux et que, personnellement, j'adore.
A ceux qui trouvent la pochette de Goats Head Soup moche et ridicule, sachez que vous avez échappé à ça, qui était le projet initial...
L'album est, ici, dans ce coffret vendu assez cher (une grosse centaine d'euros), proposé deux fois : en mix stéréo, au son remarquable, sur le premier CD, et en son Surround Sound Dolby ATMOS sur un Blu-ray en partie audio, qui offre aussi trois clips d'époque. Ce nouveau mix pourrait bien vous surprendre, l'impression d'écouter à nouveau l'album pour la première fois... Ce coffret contient aussi deux autres CDs. Le premier, qui est celui que l'on trouve dans l'édition classique (double CD) de l'album réédité sorti en même temps que le coffret (notons que le coffret est aussi sorti en format vinyle), offre trois morceaux inédits (officiellement, du moins) et des versions alternatives (instrumentales, démo, autre mix) de plusieurs chansons de l'album. Intéressant, surtout les trois outtakes : Criss Cross, All The Rage et un morceau du nom de Scarlet enregistré avec Jimmy Page à la guitare. Un disque assez court, un tout petit peu moins de 40 minutes. Et il y à le troisième CD, qui est... Mais avant d'en parler, je vais parler du reste du contenu du coffret. Ce dernier est à peu près du format d'un 33-tours (moins profond, mais aussi haut), il s'ouvre comme un livre. Vous avez, sur le pan de gauche, trois grosses pages de carton avec, à chaque fois, le disque inséré dans une fente au centre. Sauf le BR qui est dans une pochette cartonnée au motif de la pochette de l'album, recto/verso. Déjà, c'est idiot de ne pas avoir mis les trois CDs dans des pochettes similaires, mais passons. Au centre du coffret, vous pouvez le voir sur la seconde image de l'aticle, vous avez un tube rectangulaire, jaune, qui fait toute la hauteur. Il est creux, et renferme quatre affiches de concerts de l'époque, enroulées ensemble et retenues par une bandelette de papier. Elles sont belles, ces affiches. Mais c'est con de les avoir proposées ainsi enroulées, car non seulement il est chiant de les regarder, vu qu'elles sont en papier classique et assez fin, et qu'elles ont pris la forme enroulée. Risque de les abimer en les consultant. Et c'est chiant de les ré-enrouler ensemble en suffisamment serré pour que le rouleau puisse passer par la bandelette et dans son écrin de carton. Dites, les Stones, ça aurait été mieux de les proposer pliées en deux ou quatre, et de les glisser dans le livre, non ? Le livre, d'ailleurs : reproche à faire : il est collé sur le coffret, donc pour le lire, il faut soit poser le coffret à plat sur une table, soit tenir le tout, et c'est un peu lourd et encombrant, dans ses mains. Sinon, ce livre, richement illustré de photos et doté de textes apparemment sympas sur l'enregistrement, la tournée, la pochette, est bien foutu, et fait 120 pages. Un insert (glissé dans le livre) au motif de la tête de bouc dans le chaudron propose la recette traditionnelle jamaïcaine de la soupe à la tête de bouc qui a donné son titre à l'album !
Voilà pour ce coffret certes onéreux, sans doute trop en fait (disons que 80 euros me semblerait un prix plus appréciable, mais je ne regrette cependant pas l'acquisition), pas parfait (entre le livre collé dans le coffret et les affiches connement enroulées...), mais tout de même bien sympa, et qui a le mérite de mettre en lumière un album vraiment remarquable (j'insiste) et globalement mal-aimé, des Rolling Stones. Mais il me reste un truc à aborder dans le coffret : le troisième CD. Et là, autant le dire, c'est la viandasse ultime de ce coffret, et je n'ai acheté ce coffret, en fait, quasiment que pour ça (enfin, en grande partie pour ça, mais pas que pour ça) : le live du 17 octobre 1973 au Forest National de Bruxelles, Belgique, Brussels Affair. Ce live anthologique, mythique, était proposé, depuis des chiées d'années, en différents bootlegs de qualité variable, plus ou moins complets. En 2011, le groupe le proposera en MP3 via Google Music ou leur propre site, et il sortira dans un coffret collector très onéreux et limité l'année suivante, tout en se faisant bootlegger encore un peu via le MP3 transformé, officieusement, en CD. Ce live, à la qualité audio exceptionnelle, dure 79 minutes et, de mémoire, 35 secondes, il offre 15 titres. Est-ce l'intégralité du show ? Vu la durée, peu étendue (en 1975, le groupe fera des concerts de plus de deux heures, notamment), je ne sais pas. Le groupe fera deux concerts ce soir-là, Brussels Affair est un assemblage. On s'en fout, la qualité est totale. Jagger, en forme, parle un petit peu en français (appelant au passage le public mes petits choux...ben oui, on est à Bruxelles !), très compréhensible, il parle très bien la langue, mieux maintenant qu'autrefois, mais tout de même très bien. Il était alors marié à Bianca, originaire du Costa Rica certes, mais qui ne parlait quasiment que le français dans la sphère privée... Le groupe livre une performance incendiaire, de Brown Sugar à Street Fighting Man, et offre notamment, d'affilée, quatre morceaux de Goats Head Soup : Star Star (Starfucker), Dancing With Mr. D. (assez rare en concert !), Doo Doo Doo Doo Doo (Heartbreaker) et Angie. On a aussi un Midnight Rambler d'anthologie, un All Down The Line tuant, un Happy génial, Tumbling Dice, Honky Tonk Women...n'oublions pas Gimme Shelter, à tomber par terre, aussi. C'est un des meilleurs lives que j'ai pu entendre des Stones (je compte bien vous en proposer un paquet d'ici deux-trois mois, le temps qu'ils paraissent sur le blog, car il y à de l'attente en pagaille), c'est juste monumental. C'est dommage que l'édition 2 CD ne le propose pas, mais c'est, aussi, logique : c'est le truc le plus dingue et réussi du coffret (concernant les rajouts par rapport à l'album initial, évidemment), et le proposer séparément du coffret rendrait l'acquisition de ce dernier totalement inutile, personne n'achèterait un coffret à 110 euros rien que pour un livre, un BR et quatre posters si on pourrait trouver le plus intéressant du lot en version moins onéreuse. Oui, c'est rien que du business, mais j'aime ça, comme on pourrait le dire en paraphrasant une chanson du groupe. A ce sujet, si un jour It's Only Rock'n'Roll et Black And Blue sortent dans un coffret de ce genre, qui sait, je me laisserai tenter. Enfin, on verra bien...
CD 1 (Goats Head Soup - New Stereo Mix)
Dancing With Mr. D.
100 Years Ago
Coming Down Again
Doo Doo Doo Doo Doo (Heartbreaker)
Angie
Silver Train
Hide Your Love
Winter
Can You Hear The Music
Star Star (Starfucker)
CD 2 (Outtakes + alt. versions)
Scarlet
All The Rage
Criss Cross
100 Years Ago (piano demo)
Dancing With Mr. D. (instrumental)
Heartbreaker (instrumental)
Hide Your Love (alternate mix)
Dancing With Mr. D. (Glyn Johns 1973 mix)
Doo Doo Doo Doo Doo (Heartbreaker) (Glyn Johns 1973 mix)
Silver Train (Glyn Johns 1973 mix)
CD 3 (Brussels Affair - Live 1973)
Brown Sugar
Gimme Shelter
Happy
Tumbing Dice
Star Star (Starfucker)
Dancing With Mr. D.
Doo Doo Doo Doo Doo (Heartbreaker)
Angie
You Can't Always Get What You Want
Midnight Rambler
Honky Tonk Women
All Down The Line
Rip This Joint
Jumpin' Jack Flash
Street Fighting Man
Blu-ray
Goats Head Soup (en Surround Sound Dolby ATMOS)
Dancing With Mr. D. (video)
Angie (video)
Silver Train (video)
Et puis ce 3eme cd sur le live de Bruxelles donne vraiment envie de se prendre le coffret malgré le prix trop élevé je trouve aussi( bordel, l'héritage sur 18 générations des familles de Keith et Mick n'est-il déjà pas assuré ?!?
A l'époque, le magazine rock n' folk avait organisé des trains spéciaux depuis Paris pour ce fameux concert de Bruxelles car les Stones avaient à l'époque des problèmes avec les autorités françaises liés à l'enregistrement du précédent "exile on main street" dans le sud de la France( fisc+ excès en tout genre, on imagine ..) Les stones étaient "persona non grata" donc pas de date Française sur cette tournée. Conséquence : invasion des fans Français chez nos voisins Belges.
Document forcément historique.