PG13

Marrant, ça : ce disque est crédité à Peter Gabriel, il est partie intégrante, officiellement, de sa discographie solo, mais pourtant, le Pete' Gab' n'a pas vraiment bossé dessus.

Oh, tu peux même virer le ''vraiment'' de la précédente phrase, en fait.

C'est un cas assez particulier, encore une fois, que cet album qui, sur le blog, marque le dernier album solo de Gabriel à aborder (enfin, non, il y à aussi l'album de la bande-son du film Birdy d'Alan Parker, mais je ne sais pas si je le ferai, cet album). Gabriel qui a été plutôt à l'honneur ces dernières semaines (et surtout ces derniers jours). Résumons-nous : j'ai abordé récemment trois albums assez particuliers de lui (en comptant un live). Il y à eu Scratch My Back, sorti en 2010, sur lequel Gabriel s'est amusé à l'exercice de style de l'album de reprises, mais en mode symphonique (aucun instrument rock, uniquement un orchestre, un piano), des chansons de Bowie, Lou Reed, Arcade Fire, Radiohead, Randy Newman, Regina Spektor, Elbow ou bien encore Paul Simon. Des reprises sublimes, transcendées, transcendantes, de classiques tels que The Boy In The Bubble, "Heroes" ou bien encore Après Moi. Gabriel avait l'intention de faire un successeur, qui serait l'inverse : des reprises de ses chansons par ceux qu'il a lui-même repris. L'album s'intitulerait And I'll Scratch Yours. Cet album se fera bel et bien, en 2013, vu que je l'aborde aujourd'hui, mais entre temps il a sorti New Blood en 2011 (album de reprises, à la sauce symphonique, de ses propres chansons, par lui-même) et le double Live Blood (aussi en DVD) en 2012, proposant un concert symphonique de la tournée New Blood

PG14

Pour And I'll Scratch Yours, sorti comme les trois précédents albums sous une pochette assez biologique, Peter Gabriel n'a rien fait, donc. Il a demandé à ceux qu'il avait repris d'à son tour se prêter à l'exercice. Les enregistrements ont été faits entre 2009 et 2013. Trois artistes ou groupes ont refusé, je ne sais pas pour quelles raisons, de participer : Neil Young (Gabriel avait repris son Philadelphia), Radiohead (Street Spirit (Fade Out) avait été repris) et David Bowie ("Heroes" avait été repris). Pour qu'il y ait sur l'album autant de chansons (soit 12 ; les deux albums ont à peu près la même durée, soit 53/54 minutes) et donc de participants qu'il y avait de reprises sur Scratch My Back, Gabriel a fait appel à trois artistes venus en renfort, qui n'avaient donc pas été repris, mais ont accepté la gageure : Feist (en duo avec Timber Timbre, groupe canadien), Brian Eno (qui a collaboré avec Bowie, pour le lien) et Joseph Arthur. Qui reprennent respectivement Don't Give Up (l'alternance masculin/féminin a été inversée, c'est Feist qui chante la partie de Gabriel, et Timber Timbre la partie de Kate Bush), Mother Of Violence (Eno en a fait sa chose, électronique, ambientique, un peu angoissante aussi) et Shock The Monkey. Des reprises assez étonnantes, beaucoup, sur ce disque, sont d'ailleurs assez à part. Je pense à Lou Reed (mort un mois après la sortie de l'album) qui reprend Solsbury Hill en mode destroy/grunge/noisy, il en a fait, lui aussi, son truc à lui, impossible de reconnaître la chanson si on n'écoute pas les paroles. Je pense aussi à Randy Newman qui transforme le putassier et dansant Big Time de 1986 en ritournelle jazz/lounge au piano. Le seul morceau qui, ici, ne me plaît pas trop, mais je ne suis pas un fan de Newman, aussi (sa voix geignarde m'énerve), même si je ne conteste pas son talent. Rien que pour une chanson telle que I Think It's Going To Rain Today (celle que Gabriel avait repris), merci Randy. 

PG15

Arcade Fire offre une courte et efficace, et au final très fidèle, version de Games Without Frontiers ; Regina Spektor interprète une très belle, touchante, fragile version de Blood Of Eden ; Paul Simon interprète Biko, lui qui avait, en 1986, fait Graceland, album de folk/world enregistré essentiellement en Afrique du Sud avec des musiciens de couleur était donc tout désigné pour chanter cet hymne anti-Apartheid parlant de l'assassinat, par la police, de Steve Biko, militant anti-Apartheid. David Byrne des Talking Heads (Gabriel avait repris leur Listening Wind) offre, et le morceau ouvre le disque, une version électro assez barrée de I Don't Remember, excellente. Bon Iver offre un touchant Come Talk To Me, Elbow interprète le triste Mercy Street... Dans l'ensemble, cet album, qui n'est pas un album de Peter Gabriel en fait, malgré qu'il soit crédité à l'artiste et fasse partie de sa discographie officielle (après tout, oui, ce sont ses chansons, mais il n'a pas participé musicalement, il ne joue sur aucun titre), est une belle réussite. On notera que contrairement à Scratch My Back (et New Blood), And I'll Scratch Yours n'est pas enregistré avec un orchestre symphonique. On a ici des versions pop/rock, folkisantes, électro, pianistiques de chansons de l'ex-Genesis, mais aucun arrangement à la sauce Scratch My Back. Ce qui change un peu ! J'aime beaucoup cet album encore plus à part que les autres. 

I Don't Remember (David Byrne)

Come Talk To Me (Bon Iver)

Blood Of Eden (Regina Spektor)

Not One Of Us (Stephin Merritt)

Shock The Monkey (Joseph Arthur)

Big Time (Randy Newman)

Games Without Frontiers (Arcade Fire)

Mercy Street (Elbow)

Mother Of Violence (Brian Eno)

Don't Give Up (Feist & Timber Timbre)

Solsbury Hill (Lou Reed)

Biko (Paul Simon)