MS1

On est partis pour de la britpop sur Rock Fever, autant prévenir. Oui, parce que j'aime beaucoup cette vague musicale typiquement anglo-saxonne (sinon, pourquoi on appellerait ça britpop, soit 'pop british', hein ?) et représentative des années 90 (et un peu 2000 aussi). La britpop a démarré vers 1993 à peu près, pour aller vite, mais c'est vers 1994/1995 que l'essentiel des classiques du genre ont été faits. A partir de 1995, déjà, certains groupes de la scène britpop (Blur pour ne citer qu'eux) commençent parfois à déchanter, mais c'est vraiment à partir de 1996 que la vague commence à refluer. L'entropie, le too much too soon, la surabondance de groupes (et donc d'albums), tout ça va faire que la britpop va lentement se casser la gueule. Pareille chose surviendra au grunge, aux USA, à la même époque. Bref. Il y à des groupes cultes de britpop, dont tout le monde a déjà entendu parler (Oasis, Blur, Pulp, Suede, Supergrass, The Verve). D'autres sont aujourd'hui oubliés (Octopus et son unique album en 1996, album génial au demeurant, From a To b ; mais aussi Strangelove, Ash ou bien encore Cast). Le groupe dont je vais parler aujourd'hui est britannique (c'est fantastique), et même londonien (c'est bien), et a été formé en 1994. Ils n'ont sorti que deux albums avant de splitter en 1998 et de se reformer, pour des concerts, en 2013/2016. Depuis, plus rien. Le groupe s'appelle Menswear, alias Menswe@r pour la typographie un peu originale.

MS2

Ce groupe a été fondé un peu à l'arrache et à l'épate : dans un article de journal (le journal Select), en 1993, parlant de la nouvelle scène britpop, on trouve une allusion à un groupe du nom de Menswear qui, tout en cartonnant, n'arrive pas à trouver de label. Les deux leaders du groupe, Johnny Dean (chanteur, qui sera par la suite diagnostiqué autiste Asperger, et le groupe se reformera d'ailleurs pour des concerts caritatifs à ce sujet) et Chris Gentry (guitare), se font remarquer. Le plus drôle ? Le groupe n'existait apparemment pas encore à l'époque ! Ils font la couverture du Melody Maker alors qu'ils n'ont encore rien foutu, aucune chanson enregistrée (et donc aucun album). Il fallait le faire, ils l'ont fait ! Ils se font signer sur Laurel, filiale de London Records, après des concerts efficaces (le reste du groupe ? Simon White à la guitare, Stuart Black à la basse, Matt Everitt à la batterie) et enregistrent leur premier album, qui sort en fin d'année 1995 (fin octobre). Nuisance, il s'appelle, et offre 49 minutes bien tassées (l'album dure moins, en fait, car il souffre ce ce drame de la production 90's : le morceau caché en fin de la dernière piste, qui, en comptant le morceau caché et les minutes de silence, plus le morceau principal évidemment, dure presque un quart d'heure). En fait, Nuisance dure à peine 40 minutes... Peu importe combien il dure, cet album est une belle réussite de rock assez nerveux qui fait penser un peu au punk arty de Wire. Ne serait-ce que le timbre de voix de Johnny Dean, qui me fait parfois penser (Daydreamer, quelle chanson...) à celle de Colin Newman. Les petits gars de Menswe@r sont jeunes, la vingtaine (comme pour Blur, Oasis...), ce côté teenage ressort parfois de l'écoute. 

MS3

Nuisance, sous sa pochette futuriste sur lequel le logo de Menswe@r apparaît un peu partout comme un logo de maison de disques, offre du terriblement bon quasiment de tout son long : 125 West 3rd Street, qui ouvre le disque, est efficace comme un coup de boule, Sleeping In, Stardust (qui bénéficie d'une reprise en final et qui sortira en single, comme Daydreamer et un autre morceau que je cite plus loin), Being Brave et le premier single promotionnel, I'll Manage Somehow sont juste excellentes. D'autres morceaux sont moins exemplaires (Little Miss Pinpoint Eyes, Piece Of Me), mais rien de grave. On notera la courte durée de pas mal des morceaux : cinq d'entre eux font moins de 3 minutes, et si on met de côté le dernier morceau interminable, le plus long dure 4 minutes, c'est très tassé, direct, ça va vite, et dans l'ensemble, ce premier Menswe@r est un excellent album, pas un chef d'oeuvre absolu, mais, vraiment, c'est du bon boulot. Au final, c'est peut-être plus pour son histoire étonnante (construit quasiment sur du vent, coup de bluff imparable qui aurait pu foirer misérablement) que pour sa discographie (¡Hay Tiempo!, le deuxième et dernier album, en 1998, n'est apparemment pas génial ; il n'a même pas droit à sa page Wikipedia et n'est apparemment sorti qu'au Japon à l'époque, et nulle part ailleurs) que l'on peut se souvenir de  Menswe@r, mais Nuisance, vraiment, vaut une paire d'écoutes, voire même plus. 

125 West 3rd Street

I'll Manage Somehow

Sleeping In

Little Miss Pinpoint Eyes

Daydreamer

Hollywood Girl

Being Brave

Around You Again

The One

Stardust

Piece Of Me

Stardust (Reprise)

Bones And Red Meat (morceau caché en fin de piste)