Aujourd'hui, Rock Fever vous propose une rétrospective de la discographie de Pearl Jam, du meilleur au pire album du groupe de Seattle. C'est parti !
Numéro 1 : No Code (1996)
Une première place évidemment polémique. Autant l'annoncer sans fard. Je le reconnais, No Code n'est objectivement pas le meilleur album du groupe de Seattle, mais il reste "le" favori à mes yeux. Cette quatrième livraison sort dans un contexte de sénescence. Le grunge est moribond après le suicide de Kurt Cobain. Certains contempteurs ont déjà gagé sur la déliquescence de cette mouvance. Paradoxalement, Eddie Vedder et les siens défient les pronostics et survivent à cette déréliction déjà programmée. A contrario, No Code n'élude pas la polémique ni les quolibets. Clairement, ce quatrième album divise. Il y a les fustigateurs qui crient haro contre un disque erratique, et durant lequel Pearl Jam choisit de prendre ses distances avec le diktat commercial. Et puis, il y a les laudateurs (auxquels j'appartiens) et qui saluent à la fois la prise de risque et l'éclectisme d'un tel album.
En raison de ses digressions musicales, No Code ne réalisera pas les mêmes scores que ses augustes antécesseurs. Ce quatrième opus marque également un tournant dans la discographie de Pearl Jam, un tournant auguré par Yield. Pearl Jam ne retrouvera jamais (à l'exception du disque éponyme) cette faconde de naguère...
Numéro 2 : Vitalogy (1994)
L'album préféré des thuriféraires, tout simplement... Et objectivement (je le reconnais) le meilleur album de Pearl Jam, celui qui aurait dû s'ériger à la première place du classement. A mes yeux, seul le disque éponyme, sorti en 2006, est capable de faire ciller l'hégémonie rogue de Vitalogy. C'est très simple. Cette troisième livraison contient toute une pléthore de classiques, de Last Exit à Corduroy, en passant par Immortality. Toutefois, le disque est parfois victime de son aspect hétéroclite puisque l'on trouve quelques intermèdes d'un goût discutable (Pry, to et Aye Davanita), mais c'est juste histoire de chinoiser et de ratiociner.
Numéro 3 : Pearl Jam (2006)
Le meilleur album de Pearl Jam, à quasi équité de Vitalogy. Logiquement et surtout avec beaucoup plus d'objectivité (mea culpa...), Pearl Jam (le disque...) aurait dû s'immiscer à la seconde place de ce classement. Après une longue période de convalescence, Eddie Vedder et ses ouailles sortent de leur sommeil léthargique pour enfin retrouver cette verve de naguère. C'est aussi probablement le disque le plus homogène et sur lequel on ne relève aucune fausse note. Les aficionados du groupe s'amuseront à stipuler les classiques, de Life Wasted à Comatose, en passant par Marker in the Sand.
Numéro 4 : Vs. (1993)
Deux après la sortie de Ten, Pearl Jam sait qu'il est attendu au tournant. Ce second album corrobore les appétences mélodiques du groupe, entre du punk qui martèle les esgourdes (Go en guise de préambule assourdisssant) et des rythmiques beaucoup plus doucereuses (Daughter). Corrélativement, Vs. n'est pas exempt de tout grief. On décèle çà et là quelques divagations dont le groupe est hélas coutumier (Leash et Rats, entre autres).
Numéro 5 : Ten (1991)
Le premier album du quintet de Seattle, souvent stipulé parmi les meilleures livraisons du groupe. Pourtant, Ten ne se situe qu'à la cinquième place de ce classement. Si la première partie est irréprochable, avec sa salve de classiques (Once, Even Flow et Alive), la seconde segmentation est - à mon sens - beaucoup moins éloquente... A l'instar de Deep, Porch et Garden qui ne m'ont jamais réellement conquis.
Numéro 6 : Riot Act (2002)
Après Yield et Binaural, Pearl Jam n'est plus ce groupe tonitruant de naguère. Eddie Vedder et ses prosélytes sont hélas rattrapés par l'affliction et le malheur. Lors d'un concert, un mouvement de foule entraîne la mort de neuf spectateurs. Le morceau Love Boat Captain leur est dédié. Riot Act peut au moins s'enhardir d'une première partie irréprochable, retrouvant même par instant cette jubilation du passé (Save You, Ghost, Thumbing My Way) avant de subrepticement s'évincer lors d'une seconde segmentation étrangement minorée (Help help, Bushleaguer et Arc). Dommage... Vraiment dommage...
Numéro 7 : Gigaton (2020)
La onzième et dernière livraison (à ce jour) de Pearl Jam après une longue période de disette musicale. Formellement, ce onzième opus s'inscrit à la fois dans le continuum de Riot Act et de l'album éponyme. Désormais quinquagénaires, Eddie Vedder et les siens ne sont plus ces jeunes impudents de naguère. Non, le groupe ne rééditera pas les fulgurations de Ten, Vs. et autres Vitalogy. Il faudra donc se contenter d'albums alternatifs et dans lesquels on retrouve momentanément cette fougue de jadis. Sur ce dernier point, Gigaton remplit doctement son office. Hélas, à l'instar de Riot Act, Gigaton perd de sa luminescence lors de sa seconde segmentation, beaucoup trop académique.
Numéro 8 : Binaural (2000)
Autant l'annoncer sans fard. A partir de maintenant, la discographie de Pearl Jam commence à suinter sévère. Non, Binaural n'est pas formellement honteux. On trouve encore quelques fulgurances, notamment dans les balades acoustiques (mention spéciale à Light Years et Thin Air). Surtout, comment ne pas mentionner ce sublime single, Nothing as it seems ? Malencontreusement, Pearl Jam retombe dans ses travers habituels. Premier constat, les morceaux rutilants manquent singulièrement de saveur, à l'instar d'Insignificance, Rival et autres Grievance. Viennent également s'agréger d'autres élucubrations dont on se serait aisément dispenser (Soon Forget ou encore Sleight of hand).
Numéro 9 : Yield (1998)
Comme une évidence, presque une pantalonnade... Comme si le groupe avait conscientiser sa propre déréliction. L'oriflamme de Yield arbore un panneau de "cédez-le-passage". Cette pochette résume (hélas) brillamment la déliquescence de Pearl Jam. Le grunge est désormais moribond. Pearl Jam cherche à se délester de cette mouvance. De facto, cette cinquième livraison tergiverse incessamment entre punk abscons (Do the evolution), certaines assonances pop rock (l'affreux Low Light), la vacuité pélagienne (Faithfull et No Way) et quelques luisances de circonstance (Pilate et In Hiding). Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout...
Numéro 10 : Lightning Bolt (2013)
Pour ce dixième album, Eddie Vedder et ses affidés nous promettent un curieux épitomé entre Pink Floyd et le punk. Résultat : on n'aura ni l'un ni l'autre, si ce n'est la corroboration d'un groupe agonisant. Pour le reste, je n'ai vraiment pas envie de m'appesantir davantage sur cette immondice, à peine sauvée par son single, Mind your Manners et son titre éponyme... Et encore...
Numéro 11 : Backspacer (2009)
L'album le plus élusif de Pearl Jam, dépassant péniblement les 36 minutes. A fortiori, Backspacer part sous les meilleurs auspices via cette velléité de revenir à un rock punk et poisseux. Après un départ galvaudé et plutôt timoré (Gonna See My Friend et Get Some), Backspacer accumule les carences et les impondérables (Johnny Guitar, Just Breathe, Amongst the Waves, Supersonic... Quasiment tout le disque en fait !) pour s'engoncer dans une concussion de (très) mauvais goût. Le désappointement est de mise surtout que Backspacer survient trois ans après l'excellent album éponyme.
Alice In Oliver