1999. Je suis au lycée, j'ai 17 ans (en fait, 16 ans et demi mais c'est l'année de mes 17 ans). A l'époque, j'écoute beaucoup de punk-rock. Pas le punk historique des Clash, Ramones et Sex Pistols, mais du punk récent, NOFX, Rancid, New Bomb Turks, et autres groupes. J'écoute aussi du rock classique, du hard-rock (je découvre Iron Maiden, via Virtual XI, leur pire album malheureusement, sorti en 1998, à l'époque). Enfin bref. Un ami du bahut me refile un disque à lui, il pense que ça devrait me plaire, mais à lui, ça ne plaît pas (il écoute encore plus de punk que moi, quasiment que ça). L'album en question est récent, il date de 1997, c'est un disque d'un groupe américain du nom de Big Head Todd & The Monsters.
Au nom, on pourrait croire que c'est du punk-rock, mais pas du tout : il s'agit de rock un peu bluesy et americana, du heartland rock aussi un peu, et autant le nom du groupe, quand il m'en a parlé, me faisait croire que c'était du punk (venant de mon pote, ça ne pouvait être que ça), autant la pochette, quand j'ai eu le CD entre les mains le lendemain, m'a fait changer d'avis : une petite fille de couleur, habillée en couleurs vives (avec serre-têtes étoilé et lunettes fantaisie), mangeant un bout de barbe à papa devant un mur bicolore assez moche et fade. Ca fait pas très punk, ça, hein ? Je rentre chez moi, et je mets le CD dans le lecteur. J'adore illico, et je n'ai jamais cessé d'adorer.
Alors comment se fait-il qu'il a fallu que j'attende fin juillet 2020 pour l'aborder sur un blog existant depuis 2009, crotteu-zuteu-flûte (au passage, merci Super Résistant) ? J'ai pas la réponse, sauf : oubli, tellement de choses à aborder, plusieurs périodes de stase dans le blog, priorités d'albums à aborder plutôt que d'autres...excuses, excuses. Je rattrape ce retard aujourd'hui, voici donc Beautiful World, sorti en 1997, du groupe Big Head Todd & The Monsters, album produit par Jerry Harrison (ancien Talking Heads, Modern Lovers), nom qui ne me disait rien du tout en 1999, car je ne connaissais quasiment pas les Talking Heads et pas du tout les Modern Lovers (j'ai découvert ces deux groupes genre deux ans plus tard, à peu près, même si je devais tout de même connaître des chansons éparses des Talking Heads).
Un album sur lequel, le temps d'un morceau (facile à trouver sur le tracklisting), on trouve le bluesman John Lee Hooker : il joue en duo avec le groupe sur une reprise (utilisée depuis comme générique de NCIS : New Orleans) de son propre Boom Boom. Hooker, lui, je connaissais un petit peu en 1999, via sa participation au film The Blues Brothers de Landis où on le voit chanter Boom Boom, justement. Big Head Todd & The Monsters est, sinon, du moins à l'époque (maintenant, ça a dû changer, car le groupe tourne toujours aux USA), un trio, constitué de Todd Park Mohr (chant, guitare, harmonica, mais aussi saxophone et un peu de claviers), Rob Squires (basse, choeurs) et Brian Nevin (batterie, choeurs), formé en 1984 dans le Colorado. Le premier album date de 1989, leur dernier en date, leur 13ème studio, de 2017, et Beautiful World, sorti donc en 1997, est leur cinquième. 52 minutes de pur bonheur pour amateur de blues-rock bien américain, une production remarquable et des chansons qui ne le sont pas moins.
Je me souviens encore de la première fois que j'écoute Resignation Superman, qui ouvre le disque. Un riff de guitare efficace sans être heavy, une rythmique solide, et la voix, voilée, profonde, de Park Mohr, une voix parfaite pour ce genre de musique, qui déboule. Kiff ultime. Les morceaux se suivent sans trop se ressembler, tous ont cette ambiance heartland/americana, mais on a des ballades (These Days Without You), une grande envolée presque hard (Caroline, assez lourd, pas dans le sens péjoratif du terme, mais la rythmique est volontairement pesante, gros riff limite grunge, sur ce morceau assez long, presque 6 minutes, le plus étendu ici), des morceaux qui, par un groupe plus connu - car Big Head Todd & The Monsters n'est vraiment pas un groupe connu, et je pense qu'il doit être pas très évident de trouver certains de leurs albums, je n'en ai qu'un seul d'eux -, auraient pu être des hits : Beautiful World est magnifique, Helpless (dont l'intro est à tomber, écoutez la batterie) est géniale, Heart Of Wilderness, qui était ma préférée à l'époque, est efficace, Tower distille une belle atmosphère, la reprise du Hook' est géniale...
Bien que franchement peu connu (j'ai parfois l'impression d'être le seul à connaître ce disque, ce n'est évidemment pas le cas, mais c'est clairement le genre de disque qui ne fera hélas jamais parler de lui, extrêmement méconnu, tout comme le groupe l'ayant fait, qui même aux USA ne doit pas être super connu des masses), ce cinquième cru de Big Head Todd & The Monsters, peut-être leur meilleur, peut-être pas (c'est le seul que je connaît d'eux !), est à découvrir. Il mérite vraiment amplement la découverte, et gagne à être connu !
Resignation Superman
Caroline
Crazy Mary
Helpless
Tower
Please Don't Tell Her
Beautiful World
True Lady
Heart Of Wilderness
If You Can't Slow Down
Boom Boom
These Days Without You
