Je me marre aux éclats sur cette chanson. Gros délire totalement assumé et communicatif.
Et puis, même s'il y a à boire et à manger dans ce qu'il a fait, j'aime Salvador.
Oui, j'aime aussi Salvador.
Il faisait rire sans abrutir, et ça c'est la classe.
Cette chanson a un charme fou.
Nous sommes d'accord, Leslie. Et puis, on a tendance à oublier (le grand public je veux dire) que Salvador était un remarquable mélodiste.
Et un remarquable guitariste de jazz.
Les bouffonneries sympathiques qu'il a composées et chantées ont éclipsé ce pan.
Je pense que la facette mélodiste est comprise.
Le gratteux semble passé à l'as, oui. Après, j'espère qu'il ne crachait pas totalement dans la soupe.
Ces bouffonneries payaient les apéros post-parties de pétanque à Saint-Trop".
Quand on fouille, dans ses 78 et 45 tours on trouve des pures pépites qui en disent long sur le bonhomme en tant que mélodiste. Un des meilleurs ? Oui, assurément. "L'abeille et le papillon", "Le petit indien" et j'en oublie... Des chansons enfantines, mais sublimes.
Le gratteux, passé à l'as.
Oh non, il ne crachait pas dans la soupe, mais savait pertinemment que ce n'était pas du grand art.
Tout Gainsbourg n'est pas du diamant, tout Brel n'est pas du diamant.
A part Brassens et quelques autres, qui peut se vanter de ne pas avoir une légère trace de peneu dans le calcif' ?
C'est pas grave, c'est de la chanson populaire.
Même les meilleurs se plantent. Qu'ils soient français ou pas.
Brassens ? Ce mec était un mutant.
Tonton Georges est un excellent révélateur.
Si quelqu'un se pointe avec "c'est toujours la même chose, mélodiquement c'est pauvre...", tu peux être certain que tu as pas fini d'entendre des conneries.
Ça, c'est toujours le truc qui m'a gonflé avec Brassens.
Que l'on trouve ça chiant sur la longueur, je l'admets.
Un possible revers du style minimaliste.
Mais, pauvre mélodiquement, non, mille fois non.
Le mec connaissait sa gratte sur le bout des doigts.
Une chanson comme "La Religieuse", ça carillonne de tous les côtés.
Et puis, rien que "et les enfants de choeur, branlants du chef, opinent", quoi.
Rarement un vers ne m'aura autant mis en joie. (pas en "joui")
Ou alors, dans une autre chanson "le crime pédérastique aujourd'hui ne paie plus". L'allitération qui tombe pile-poil.
Oui pour la forme, parce que le fond 60 ans après...
Mais relire des textes hors contexte est malhonnête.
Brassens, c'était le piège à cons parfait. Beaucoup de ses chansons, quand on les réécoute avec une oreille plus mâture, sont truffées de provocations. Comment savoir qu'un mec est con ? S'il dit de Brassens qu'il était misogyne et autre tares.
A aucun moment je ne le trouve miso.
Parce qu'il a toujours de bonnes raisons.
Le "misérable salope" de Putain de Toi, c'est du caviar.
Je crois que ce "crime pédérastique" est le seul moment où je fais "ahem...".
Et pourtant... tu fais écouter "Misogynie à part" à quelqu'un qui ne connaît pas Brassens, tout de suite, ça va pleuvoir des "Brassens, misogyne" à fond les ballons.
La Guerre de 14/18, itou.
Dans un esprit un peu étroit, Brassens aurait vite fait de passer pour un pro-guerre.
Quant au "crime pédérastique", il y a forcément eu quelque chose à l'époque, l'ayant poussé à écrire ça. Quelque chose dont nous n'avons peut-être même pas connaissance.
Et puis, ce mec a écrit la plus belle chanson qui soit sur les prostituées.
Misogynie A Part est tellement excessive que la prendre au sérieux est grave.
C'était un prétexte pour battre le record de "elle m'emmerde" placés dans une chanson.
La mélodie de La Guerre suffit à dédramatiser le propos.
Un vrai pro-guerre aurait pondu un truc bien pompeux.
Le "crime pédérastique", je pense que c'est Brassens, homme de son époque.
Aznavour était l'exception sur le sujet, pas la norme.
Brel avait dit de Bowie, "et ce pédé veut me voir ? Pas question.".
C'est une maladresse, pas une vraie haine, je pense.
Par contre, Brel et la misogynie, vous avez trois heures.
Vous avez le droit de quitter la salle au bout de deux heures effectives.
Brel avait dit dans une interview en 1971 : j'ai pas très bien compris les femmes. J'ai le sentiment d'être passé à côté de quelque chose. Par pudeur, ou par paresse.
Par paresse, je pense.
Voire plus.
Parce qu'il en sort des salées dans ses chansons, et sans l'humour de Tonton.
Et ce qu'il a fait subir à sa régul', ses filles...
C'était un homme à hommes, un viriliste de son temps.
Et s'il s'était finalement bien résumé lui-même en disant : je crois que j'aime trop l'amour pour aimer les femmes ?
La question mérite d'être posée.
Avec les années, j'ai découvert en Brel un personnage beaucoup plus complexe que je ne l'imaginais.
Il y a en Brel des choses que je trouve admirables : l'esprit d'aventure, la sincérité professionnelle, le rapport à l'enfance, l'amitié, le refus de l'autosatisfaction...
Il n y a que cet éventuel rapport aux femmes que je trouve un peu médiocre.
Même s'il a aussi écrit de superbes choses sur la question.
La sincérité professionnelle et amicale. Ce mec, à moins d'un sale coup, tu l'avais comme pote, c'était définitif.
Pour preuve, jusqu'au bout, il est resté pote avec Brassens, Gainsbourg et Ventura, notamment.
En 75, Charles Gérard est dans une situation dramatique sur le plan financier.
Il a des dettes de bâtard. et ça sent mauvais, mauvais.
Il n'en vit plus, il attend une échéance qui s'annonce désastreuse.
Le jour arrive... et rien.
Il appelle sa banque qui lui dit que ses comptes sont revenus au vert et pas qu'un peu.
Sans rien dire, Brel avait renfloué son pote.
On parle de millions de nouveaux francs 1975.
Comble de l'élégance, Brel ne lui en a jamais parlé. Gérard ne saura le fin mot de l'histoire qu'après la mort de Jacquot.
Et ce qu'il a fait pour Isabelle Aubray... Ayant su qu'elle avait été victime d'un accident de voiture, il lui a laissé tous les droits de "La Fanette"...
On peut trouver des défauts à Brel, mais ça, c'est la classe.
Oui, les Brassens, Brel, Ferrat et cie, ce sont des mecs à l'ancienne.
Y avait peu de faux pas en amitié.
Je pense que c'est pareil avec un mec comme Lavilliers.
Le bonhomme n'est pas à prendre avec des pincettes.
Mais, quand tu l'as comme pote, c'est pour de bon aussi.
1000000 fois d'accord avec vous les gars...Lle mec qui prétend aimer la chanson française et qui déclare que Brassens ,c'est chiant ,toujours la même chose et autres conneries de genre ça m'a toujours rendu fou ,une envie de balancer des haches super aiguisées en pleine gueule du type lol..Les mecs qui disent ça ne connaissent pas plus de dix chansons de Brassens ,et encore ,ils ne les ont jamais vraiment bien écoutées....
J'ai des proches qui me disent pareil pour Dylan ou Neil Young...genre t’écoutes 2/3 chansons tu les as toutes écoutées, c'est toujours pareil etc lol
Ouais je vois très bien JP !! lol
Brassens c'est juste la base
Mais une sacrée belle base...!
Nous sommes d'accord, parce que tous les deux, on connaît le Tonton Georges. Mais, ceux qui ne le connaissent pas, autrement que via ses tubes, en arrivent à tous les coups à des conclusions pareilles. Aznavour ? Bien sûr, "Comme Ils Disent". Ce mec avait tout compris sur le sujet.
Une haine de Brel envers Bowie, jamais de la vie. Mais, le fait est que Brel a connu une éducation cureton. Des hommes au physique androgyne comme Bowie, il y avait tout pour le dérouter.
Pour la guerre, faut juste rappeler Les Deux Oncles et Mourir Pour Des Idées.
En général, ça calme les plus grosses ardeurs.
Pour les femmes, La Non-Demande En Mariage. Niveau chanson d'amour absolue, on est bien.
"Les Deux Oncles", celle-là aussi, elle lui a valu des volées de bois vert. Tous les journaux, surtout ceux de droite, lui en ont foutu plein la gueule. Mais, en sortant cette chanson, surtout à cette époque, il s'y attendait. Certainement.
La Non-Demande En Mariage ou Rien À Jeter, aussi.
Et Bécassine.
C'est sur qu'à une époque où le pouvoir tentait maladroitement de faire croire que toute la France avait été résistante, cette chanson faisait office de poil-à-gratter. Oui, Rien A Jeter.
Chanson de la même année que la Non-Demande, je crois.
Brassens, avec toute la richesse littéraire qu'on lui connaît, a très souvent fait des chansons poil-à-gratter. "Les deux oncles" oui, mais que dire du "Gorille" ? Des "Trompettes de la renommée" qui assassine comme il faut la presse people ?
La Non-Demande En Mariage, 1966, Rien À Jeter, 1969. Mais bon, finalement, peu importe les dates.
Ces deux chansons sont restées, c'est ce qui compte.
Ah, je les voyais toute les deux en 1969. My bad.
Ben tiens, demain, pour la peine, je me repasserai les deux albums, ça fait longtemps que je ne les ai pas sortis.