On continue avec ABBA ? Oh, de toutes façons, vous n'avez pas le choix, vous avez été prévenus: on est dans un cycle conscaré au groupe suédois. Hier, nous nous sommes donc penchés sur le cas de Ring Ring, le premier album du groupe. Un album très inégal, mais offrant tout de même son lot de chansons réussies. Sorti en Scandinavie, au Mexique, en Australie et en Afrique du Sud, l'album, sur la seule foi de sa chanson titre, s'est payé un joli succès et a permis à ABBA de se faire un nom au-delà des frontières suédoises. Mais, pour la notoriété internationale, la bande a du patienter encore un peu. Cette notoriété, ils ont réussi à l'avoir dès l'album suivant, celui que je vous propose aujourd'hui, donc. Il se nomme donc Waterloo et est sorti en 1974. C'est cet album qui enverra le message suivant : désormais les gars, que ça vous plaise ou pas, il va falloir compter sur ABBA. Après une petite période de rodage, ça y est, la machine est en route et rien ne pourra la stopper dans sa course folle.
Mais au fait, pourquoi que ce disque il a révélé ABBA au monde entier. La réponse se trouve dans le titre. C'est sur celui-là que se trouve la chanson qui niquera toutes les autres lors du concours de l'Eurovision en 1974. L'Eurovision est une grosse connerie, c'est un fait, mais parfois, elle a su récompenser celles et ceux qui le méritaient vraiment. Sinon, qu'est-ce je pourrai vous dire de plus sur cette chanson ? Que sur l'album original suédois, tout comme Ring Ring sur l'album précédent, elle est présente et en version suédoise et en version anglaise (celle qui sera chantée lors du concours, le choix de la langue étant libre de 1973 à 1976), qu'il n'y a aucune différence entre les deux, à part les paroles (tout comme Ring Ring, encore une fois), que la chanson parle d'une reddition inspirée de celle de Bonaparte lors de la bataille du même nom, que la version suédoise ouvre le disque et que la version anglaise l'achève et que cette putain de chanson est tellement mythique qu'en fait on sait déjà tout d'elle. Ouais, les années passent, bientôt 46 ans les mecs, mais cette chanson est indémodable, ce qui la rend intouchable. Voyez-vous, même moi qui, de nature, ne suis pas tributaire d'une sensibilité pop très développée, je vous dis que cette chanson est intouchable. Je ne suis pas branché pop, c'est vrai, mais je peux l'aimer lorsqu'elle est l'oeuvre d'un groupe compétent. En plus de ce tube de la mort qui tue, se trouve sur ce disque un classique ABBAien : Hasta Mañana. Chanson qui consiste en un savoureux mélange de pop et de country. C'est très réussi. On se croirait limite dans un saloon du far-west quand on écoute ça.
Et maintenant, si on regardait le restant, ça vous dit ? Pour exprimer mon ressenti général, j'ai simplement envie de vous dire : bordel de merde, mais que de progrès par rapport à l'album précédent. En fait, la face A, c'est une grande histoire de mélanges. On a vu que Hasta Mañana était concernée, mais il n'y a pas qu'elle. Prenons Sitting In The Palmtree par exemple. Le titre laisse supposer que ça veut sentir les îles et l'iode. Ça ne loupe pas. On se croirait limite dans les Caraïbes. Le groupe nous offre là un délicieux mélange de pop et de world. Le pied ! My Mama Said, quant à elle, tire son inspiration de la funk. C'est clair comme de l'eau de roche. Il n'y a qu'a écouter la gratte sur les refrains et l'évidence est là. Et c'est une belle réussite de plus. King Kong Song, quant à elle, n'est par contre pas un mélange. Vous n'allez certainement pas croire ce que vous allez lire et pourtant, c'est la vérité : avec cette chanson, on a affaire à un rock bien hargneux, voilà, c'est dit, point barre. Et, par instants, ça semble s'inspirer du Birthday des Beatles. Du rock chez ABBA ? Levez la main bien haut ceux qui ne pensaient pas ça possible ! Dénoncez-vous ! Dance (While The Music Still Goes On) achève cette première face. Là, on est dans un truc pop ABBA pur jus. La patte du groupe y est. Mais, c'est aussi (sans que ce soit mauvais, faut pas déconner quand même), le morceau le moins abouti de cette première face. Il en fallait bien un.
Et de l'autre côté, à part la version anglaise de Waterloo ? Qu'est-ce qu'on a à manger ? Déjà, c'est important de le signaler, il n'y a aucun ratage, même s'il faut reconnaître le niveau général de cette seconde face est un tantinet en-dessous de celui de la première. La faute à deux chansons qui ne sont pas mauvaises pour un sou, mais qui ne sont pas non plus des réussites éclatantes. Lesquelles sont Honey, Honey, chanson ouvrant la seconde face. Une chanson un peu anodine et What About Livingstone, une pop sautillante, comme l'était Nina, Pretty Ballerina sur Ring Ring, mais en dix fois meilleure. Par contre, pour le reste, pardonnez-moi l'expression, mais ça déchire sa race d'enculé. Si la première face, avec King Kong Song, offrait son rock bien burné pour du ABBA, c'est aussi le cas de la seconde avec Watch Out, encore meilleure. La guitare vous saute à la gueule d'entrée de jeu pour ne vous lâcher qu'à la fin. On en redemande, nom de Zeus ! Gonna Sing You My Love Song, guidée par un piano délicat, est une pure réussite ballade pop belle comme les amours, c'est le cas de le dire, vu le titre de la chanson. Et, Suzy-Hang-Around, est une éclatante réussite de pop-rock. Écoutez un peu ces arpèges de gratte électrique qui tournoient et normalement, vous serez rapidement conquis(es). Le constat est clair : cet album et ABBA par la même occasion, c'est du très sérieux. Certes, la seconde face offre deux chansons pas mémorables, mais dans l'ensemble, ça vaut vachement le coup. Celles et ceux qui ne voient en ABBA qu'un simple groupe de la vague disco : je vous incite plus que chaudement à écouter ce disque. La suite ? Ce sera pour dans trois jours. Demain et après-demain, je vous promets deux entractes bien musclés.
Face A
Waterloo
Sitting In The Palmtree
King Kong Song
Hasta Mañana
My Mama Said
Dance (While The Music Still Goes On)
Face B
Honey Honey
Watch Out
What About Livingstone
Gonna Sing You My Love Song
Suzy-Hang-Around
Waterloo (English Version)