Roxy Music, fondé en 1972 (ou 71, je ne sais plus, mais premier album en 72), avait temporairement cessé son activité en 1976, avant de revenir en 1979. Puis après un single en hommage à Lennon (leur reprise, sublime, peut-être même meilleure que l'original et on parle de Lennon tout de même, de Jealous Guy) et une tournée, le groupe s'est définitivement séparé en 1982. Ils reviendront pour des concerts dans les années 2000, mais c'est tout. Plusieurs membres de Roxy Music ont, dès les années 70, fait parler d'eux pour leurs oeuvres en solo. Brian Eno, déjà, parti après le deuxième album, et qui s'est lancé en solo en 1973, on sait ce qu'il est devenu, un grand. Phil Manzanera (guitare), premier album solo en 1975 (anthologique Diamond Head), collaborations et productions diverses (Pink Floyd, Eno, John Cale, Nico...). Et Bryan Ferry, le chanteur, dont le premier opus solo, These Foolish Things, en 1973, est, comme le Pin Ups de Bowie sorti la même année, un disque de reprises de chansons adorées par le principal intéressé, parmi lesquelles Sympathy For The Devil, It's My Party, You Won't See Me... Le Ferry, pour son deuxième album Another Time, Another Place (pochette emblématique de son personnage : costard blanc, noeud pap', clope, regard vaguement ennuyé de playboy trop sollicité, le tout devant l'inévitable piscine), va encore faire un disque de reprises, histoire de faire penser aux gens que, sorti de Roxy (pas encore séparé, on est alors en 1974), il ne peut rien faire d'original. Bordel à couilles, son troisième opus aussi, Let's Stick Together, en 1976, au moment de la première séparation du groupe, est constitué de reprises (essentiellement de Roxy Music, d'ailleurs) ! Mais pas ses suivants, In Your Mind (pas terrible) et The Bride Stripped Bare, très réussi, au titre emprunté à une oeuvre de Marcel Duchamp, fallait oser. Après ce disque, Roxy revient, et Ferry ne refera pas d'album solo avant 1985.
Verso de pochette (à noter qu'en réalité, la photo est, au verso, dans l'autre sens)
Ce qui nous amène à Boys And Girls, sorti en 1985 donc. Autant le dire, dans la discographie solo de Ferry, cet album, qu'il a coproduit avec Rhett Davies, bien connu pour son boulot avec Roxy Music et Eno, est indéniablement son meilleur. Ferry fera d'autres bons albums par la suite, hein (Bête Noire en 1987, Dylanesque, entièrement constitué de reprises de Dylan, en 2007, Olympia en 2010), mais cet opus de 1985, enregistré avec des musiciens fabuleux, est le summum. Parlons-en, des musiciens : aucun de Roxy Music, au passage. Sinon, on a David Gimour, Neil Hubbard, Mark Knopfler, Nile Rodgers, Chester Kamen, Keith Scott aux guitares, Guy Fletcher et Jon Carin aux claviers, Marcus Miller, Tony Levin, Neil Jason, lan Spenner aux basses, Omar Hakim, Andy Newmark aux batteries, David Sanborn au saxophone, Fonzi Thornton, Yannick Etienne (notamment) aux choeurs. On notera que Knopfler, Fletcher et (à l'époque) Hakim sont de Dire Straits. Pochette glamour avec, au verso, inversée (on peut, en fait, en vinyle, choisir sa pochette en la retournant, pratique ; et pour le CD, suffit de retourner le livret), une photo, glamour, de Ferry. En 38 minutes, l'album offre 9 titres, dont trois hits. Et parmi ces trois hits, deux, surtout, passent encore de temps en temps à la radio : Slave To Love et Don't Stop The Dance (Windswept est le dernier hit). Pour info, j'ai, jeune (mais pas au moment de la sortie de la chanson, je n'avais que 3 ans), découvert Ferry, et par extension Roxy, avec Slave To Love, gros slow bien glam-pop à la production étincelante (de même que le Avalon de Roxy Music en 1982, Boys And Girls, musicalement très proche, est une perfection de production glam/pop suave et aérienne 80's, sans défauts), chanson que certains trouveront peut-être caricaturale, mais vraiment bonne. Don't Stop The Dance, plus remuant, dansant et hypnotique, est tout aussi grandiose. De même que Sensation, qui ouvre le disque sur un rythme haletant, ou bien le morceau-titre, superbe...
Vas-y, Bryan, mets ton doigt sur les lèvres, ça fait sexy, ouaiiiiiis, bouge plus coco, tu vas les faire mouiller, là, c'est booon, ça !
En fait, il n'y à rien à jeter sur ce sixième opus solo de Bryan Ferry, celui qui, vraiment, pose le personnage. Voix de crooner glam qui ne refusait probablement pas une coupe de Cristal Roederer ou une ligne de coke en soirée (voire les deux), ambiance glam à mort et très pop en même temps, robinet à tubes FM produit à la perfection et dont même les morceaux secondaires (The Chosen One, Stone Woman, le court A Waste Land qui dure à peine une minute) sont excellents, enregistré avec une partie de la crème des meilleurs musiciens pop/rock de l'époque et produit par un grand nom du genre, Boys And Girls est une pure petite perfection dans son genre, un album qui, comme vous vous en doutez, par la grâce de ses hits (et une bonne conjonction avec son époque), se vendra comme des huîtres à Cancale, un vrai best-seller qui symbolise bien son époque, insouciante, sophistiquée, pop et glam en même temps... A moins d'être totalement réfractaire à l'atmosphère Roxy 80's, cet album est un vrai régal. A noter, pour finir, qu'il n'est précisé nulle part qui joue sur quel morceau. On peut cependant essayer de retrouver le guitariste d'après le son de la guitare. Ainsi, j'ai comme l'impression que c'est Mark Knopfler qui est à l'ouvrage sur le très bon Valentine, qui n'aurait pas été intruse sur un album de Dire Straits, tandis que le solo de guitare de Sensation fait très Neil Hubbard (qui, sur Avalon, jouait conjointement avec Phil Manzanera, et copiait pas mal son style) !
FACE A
Sensation
Slave To Love
Don't Stop The Dance
A Waste Land
Windswept
FACE B
The Chosen One
Valentine
Stone Woman
Boys And Girls
"Marie-Mylène, j'en ai la culotte qui palpîte.".
Playboy, crooner et alcoolo mondain, Ferry sort un album encore une fois magnifique.
Pas autant qu'Avalon (qui est son grand frère), mais quand même.
Don't Stop The Dance est un tube inusable.