Bon... Comme je l'ai dit hier, en 1984, Thiéfaine a sorti son disque le plus sombre, intérieur, personnel, Alambic/Sortie-Sud, disque entièrement composé par son guitariste Claude Mairet (qui, comme de juste, est crédité au même titre que Thiéfaine comme auteur de l'album) tandis qu'HFT en a signé les textes, des textes sombres, dépressifs, sordides... L'album reflète son état d'esprit d'alors : en pleine dépression suite à un accident de moto qui l'a laissé provisoirement incapable de composer, et miné par des rumeurs dégueulasses le faisant passer pour, sinon mort, du moins fini, lessivé. L'album a été fait rapidement (ce qui, cependant, ne s'entend pas, ne se laisse pas deviner), ce qui explique sa courte durée, afin de faire taire les rumeurs. Remis de ses blessures, HFT remonte sur scène et sort un deuxième live. Puis il va alors orienter sa musique vers des sonorités très radio-friendly, afin d'essayer de plaire au plus grand nombre, par le biais de deux albums. Je parlerai du deuxième demain même heure, mais en attendant, voici le premier de ces deux disques, et son septième album studio (et neuvième tout court), un album sorti en 1986 sous une pochette des plus sobres : Thiéfaine, sobre, en partie dans l'ombre, en noir & blanc (de profil au verso, de face au recto). Le titre de l'album est, lui, bien moins sobre, et me fait penser aux titres des trois premiers albums de The Police : Météo Für Nada. Un titre multilingue (comme ceux de The Police), entre français, allemand et espagnol.
J'ai failli classer ce disque dans les ratages, ce qui aurait été le premier de Thiéfaine à s'y trouver, chronologiquement parlant, mais cet insigne honneur ira au suivant, sans faire de spoiler avant l'heure. Comme vous pourrez le constater plus bas, Koamae, qui avait autrefois abordé ce disque (j'avais rajouté ma chronique à la sienne, comme pour les albums suivants de Thiéfaine sur le blog, mais comme c'est moi qui refais le cycle, j'ai pris sur moi d'effacer les anciens articles après avoir récupéré les chroniques de Koamae et de les placer en complémentaires, comme ça, rien n'est perdu sauf, évidemment, hélas, les commentaires des anciens articles, mais ça, je ne pouvais pas les sauver), était plutôt du genre positif avec ce disque. Je ne sais pas ce qu'il en pense maintenant, vu que ça fait longtemps qu'il ne vient plus (si tu lis ça, Koamae, fais-nous signe !). Moi, personnellement, je n'ai jamais aimé ce disque de 1986 (une année assez médiocre, de plus, mais ça, on n'y peut rien), malgré deux-trois titres corrects. Mais l'album est, dans l'ensemble, miné, pourri par une production absolument nulle, terriblement datée, batterie qui fait chpoum, synthés à gogo et en usage abusif, sonorités qui font penser au pire des années 80. HFT a fait ce disque en espérant qu'il passera beaucoup à la radio, et de fait, j'imagine que plusieurs chansons, à l'époque (le disque a très bien marché, disque d'or), ont été diffusées. Comme Zone Chaude, Môme, que je trouve absolument insupportable, ou bien Bipède A Station Verticale, que Thiéfaine chantera souvent live. Tout comme l'autre chanson que je viens de citer, d'ailleurs.
Sincèrement, j'aime beaucoup le premier morceau, Dies Olé Sparadrap Joey (ce titre à la con, par contre...) malgré les choeurs féminins putassiers et les sonorités et la production immondes, ainsi que le final de l'album, Errer Humanum Est, et Affaire Rimbaud est, il est vrai, une superbe chanson, une belle ballade. Mais le reste ? Si on met de côté Narine Narchande (une trentaine de secondes sans aucun intérêt), l'album offre Sweet Amanite Phalloïde Queen, qui marchera apparemment plutôt bien à l'époque mais est aussi réussie que Rock Joyeux sur Soleil Cherche Futur (c'est pour voir si vous suivez ce cycle sur le blog ; si c'est le cas, vous voyez de quoi je veux parler, et si ce n'est pas le cas, lisez la chronique de l'album qu'HFT a fait en 1982 et vous pigerez) ; Diogène Série 87, vraiment moyenne ; Precox Ejaculator, putassier comme c'est pas tolérable ; et si j'ai cité Bipède A Station Verticale tout à l'heure, je n'ai pas précisé que je ne peux pas blairer cette chanson que je trouve vraiment aussi nulle qu'un film de Max Pécas. Bref, Météo Für Nada, pour moi, est un cru extrêmement mineur de Thiéfaine, je ne le classe pas dans les ratages parce qu'il y à trois morceaux qui, vraiment, me plaisent à fond (malgré les défauts de production), mais sachez tout de même que c'est limite-limite, et que ce disque ne sort que terriblement rarement son boîtier CD (je ne l'ai pas en vinyle ; il y à des HFT que je veux sous ce format, celui-ci n'en fait pas partie), je l'ai réécouté pour le réaborder, et ça devait bien faire 5 ans depuis la précédente écoute...Vraiment pas terrible, mais la suite sera pire, attendez demain !
Ancienne chronique signée Koamae :
Meteo Für Nada est le septième album studio de Hubert-Félix Thiéfaine. Sorti en 1986, ce disque est le premier volet d'une sorte de diptyque 80's: deux disques taillés pour la radio, au mixage assez kitsch, et commercial. Le second volet de cette période, au passage, est le très mauvais (que dis-je, le pourrave, le catastrophique) Eros Über Alles de 1988, qui avait été dézingué par mes soins ici, un album à éviter comme la grippe espagnole ! Mais concentrons-nous davantage sur Meteo Für Nada, qui lui, bien qu'ayant également mal vieilli, reste très bon. Il s'agit sans doute de l'album le plus représenté en live à chaque tournée de HFT. Il faut dire qu'il est fait pour être joué en live... Trois classiques absolus du chanteur ornent l'album: Zone Chaude Môme, Bipède A Station Verticale et Sweet Amanite Phalloïde Queen, des titres qui s'inscrivent dans la légende de Thiéfaine.
Parlons-en, de ces tubes classiques: Zone Chaude Môme est une chanson très efficace qui passerait sûrement encore à la radio aujourd'hui s'il ne s'agissait pas d'une chanson de Thiéfaine. Idem pour Bipède A Station Verticale, une chanson dont j'adore littéralement les paroles ! En revanche, j'ai toujours eu du mal avec Sweet Amanite Phalloïde Queen, qui est certes une des chansons les plus connues de Thiéfaine, mais qui a franchement très mal vieilli, avec ses effets qu'on croirait tirés de Flash Gordon Rencontre Xena (titre imaginaire, heureusement !)... Alors maintenant, que vaut le reste de l'album ? Dies Ole Sparadrap Joey, titre d'ouverture, est sûrement l'un des meilleurs du disque, pareil pour celui qui referme l'album, Errer Humanum Est, deux titres qui mettent l'ambiance... Malgré son synthé ringard, Precox Ejaculator est correcte, et Diogène Série 87 est excellente. On passera sur le délire de même pas 30 secondes Narine Narchande, pour s'intéresser au final à la merveille du disque, qui est sans le moindre doute Affaire Rimbaud. Une sublime ballade assez courte mais quintessentielle, le sommet du disque en fin de compte !
Alors, tout n'est pas parfait dans Meteo Für Nada, l'album a de gros points faibles comme sa production, ancrée années 80 (et le suivant sera pire encore), et de ce fait, certaines chansons qui commencent sérieusement à pêcher 25 ans après la sortie de l'album... Donc, ce septième cru de HFT n'est pas un chef d'oeuvre, mais reste un disque plus que correct, à ne pas écouter trop souvent, mais de temps en temps. Bon, on est quand même à 100 années lumières au-dessus de Eros Über Alles, alors on ne va pas se plaindre...
FACE A
Dies Ole Sparadrap Joey
Zone Chaude Môme
Precox Ejaculator
Narine Narchande
Affaire Rimbaud
FACE B
Bipède A Station Verticale
Sweet Amanite Phalloïde Queen
Diogène Série 87
Errer Humanum Est
Dire que cet album est radio-friendly, oui, peut-être, m'enfin, ça reste du Thiéfaine et je ne suis pas certain que NRJ diffusait en boucle Precox Ejaculator. Pourtant, s'il y a un titre qui aurait dû faire un gros tube, c'est selon moi, Errer Humanum Est, qui termine très bien le disque avec une mélodie imparable.