Gene Clark, vous devez sans doute connaître un petit peu, surtout que Max en a parlé, ici, il y à quelques semaines (White Light, vous vous souvenez ?). Mais Doug Dillard ? Mort en 2012, ce mec était un musicien de country et de folk, banjotiste originaire de l'Illinois, qui a joué dans diverses formations (dont une à laquelle il a donné son nom, The Dillards), mais est resté, cependant, dans l'ombre du grand public. C'est en 1968 qu'il s'associe avec Gene Clark (mort en 1991), ancien membre des Byrds, qui l'ont viré en fin 1966 (sous prétexte que, phobique des avions, il ne pouvait être, selon le leader du groupe Roger McGuinn, un Oyseau...) et qui s'est retrouvé désoeuvré, après un premier album solo en 1967, Gene Clark With The Gosdin Brothers. Les deux, Dillard et Clark, vont s'associer (Dillard joue sur un titre de l'album solo de Gene), alors que Clark signe sur le label A&M. En 1968, le duo sort son premier album (ils en feront un autre l'année suivante, puis rideau), un disque très court, 28 minutes (pour 9 titres) du nom de The Fantastic Expedition Of Dillard & Clark. La pochette les représente en facteurs sur des motos (je dirais plutôt un side-car, en fait), Dillard est hilare, et semble passer un pétard à Clark. L'album a été enregistré avec un membre des Byrds, Chris Hillman, à la mandoline sur deux titres (Hillman, je crois, en 1968, venait de quitter le groupe), on a aussi Bernie Leadon (banjo, guitare) qui, par la suite, fera partie des membres fondateurs des Eagles. Dillard est au banjo, à la guitare et au violon folk, Clark chante, joue de l'harmonica et de la guitare, on a David Jackson à la basse, Donald Beck à la mandoline et au dobro, et Joel Larson à la batterie sur le premier titre. L'album est produit par Larry Marks.
Considéré, parfois, comme le meilleur album de Gene Clark (pour ma part, c'est un peu vite oublier le grandiose No Other en 1974, sommet de soft-rock et de country-rock surproduit et imparable), The Fantastic Expedition Of Dillard & Clark, à sa sortie, se vendra à peu près aussi bien que des bouteilles de vodka dans des écoles maternelles. Déjà que le précédent album de Clark, vraiment bon, ne marchera pas (et autant le dire, aucun album de Clark, malgré qu'ils soient tous, j'ai bien dit tous, réussis, ne marchera, ni l'album suivant de Dillard & Clark, ni White Light...ce mec a eu la scoumoune toute sa vie), inutile de dire qu'A&M firent la gueule, surtout que Gene Clark refusera de faire une tournée pour promouvoir le disque. Qui dit 'tournée' dit, forcément, vu la taille du territoire des USA, prendre l'avion, et il était phobique. Faire une tournée U.S. en ne prenant que la route, c'est chronophage. Donc, seuls quelques concerts au Troubadour, un club de Los Angeles, furent faits, insuffisants pour faire que l'album soit acheté par le plus grand nombre. Evidemment, après le deuxième album (Through The Morning, Through The Night), A&M gueule encore plus, et après White Light en 1971, rend son contrat à Gene.
Ce premier opus de Dillard & Clark est un sommet de country-rock et d'americana (de future americana, en fait). Sans ce disque, on imagine très mal l'existence des Jayhawks, et avant eux, des Eagles, de Poco (fondé l'année suivant la sortie du premier Dillard & Clark)... On trouve, ici, deux sommets absolus, Train Leaves Here This Mornin' (que les Eagles reprendront sur leur premier album ; le morceau a en partie été écrit par Bernie Leadon) qui est une merveille inlassable, et The Radio Song, chef d'oeuvre méconnu. Rien que pour ces deux chansons, il faut absolument écouter ce premier album définitivement mythique et essentiel, mais entre Out On The Side, With Care For Someone et Git On Brother (Git In Line Brother), on a vraiment le choix, que du loud, que du génial dans son genre. Après, hélas, l'album est vraiment trop court, moins de 30 minutes, moins de 29 minutes même, mais on se console : tout y est parfait, de l'interprétation au morceaux. Même la pochette et le titre (et son allusion à l'expédition de Lewis & Clark, vu qu'un des musiciens est un homonyme d'un des explorateurs) sont géniaux. Essentiellement essentiel à toute discothèque, surtout en vinyle (pas évident du tout du tout à trouver, souvent pas donné aussi, mais réédité par Sundazed en 2011, l'album existe aussi, bien sûr, en CD, avec trois bonus-tracks pas dégueulasses), évidemment !
FACE A
Out On The Side
She Darked The Sun
Don't Come Rollin'
Trrain Leaves Here This Mornin'
FACE B
With Care For Someone
The Radio Song
Git On Brother (Git In Line Brother)
In The Plan
Something's Wrong