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Stevie Wonder... On s'accorde à dire deux choses à son sujet. La première étant que, depuis le début des années 80, sa carrière ressemble de très près à un véritable désert. Un désert duquel émergeront quelques tubes franchements pas nets : Part Time Lover, Happy Birthday ou encore I Just Call To Say I Love You... Bon, après faut pas non plus être salope non plus, Master Blaster était géniale (et l'est toujours, ça n'a pas changé) et Free est sacrément bonne aussi. Mais, il n'empêche que le bilan est bien maigre depuis 1980. Et la deuxième alors ? Et la deuxième, c'est que, fut une période, entre 1972 et 1976 durant laquelle ce mec a littéralement marché sur l'eau. A été plus qu'une véritable bénédiction pour la musique. Pensez donc ! On parle du mec qui a sorti Talking Book en 1972, Innervisions en 1973, Fulfillingness' First Finale en 1974 et l'anthologique Songs In The Key Of Life en 1976. C'est bien simple, tout ces albums sont de purs orfèvres musicaux. Lesquels étaient caviardés de chansons intouchables. Big Brother, You Are The Sunshine Of My Life, Looking For Another Pure Love, Superstition, Visions, Higher Ground, Living For The City, He's Misstra Know-It-All, Boogie On Reggae Woman, Creep, They Won't Go When I Go, Isn't She Lovely, Pastime Paradise, Village Ghetto Land, I Wish, Sir Duke... et je peux vous garantir que j'en oublie un sacré gros pacson. Wonder sera tellement au-dessus du lot qu'en 1975, Paul Simon qui recevait un grammy pour son Still Crazy After All These Years remerciera Wonder avec beaucoup d'humour, mais aussi beaucoup de respect, de n'avoir pas sorti d'album cette année-là. On a coutume de dire que l'âge d'or Wonderien a démarré avec Talking Book. Ce n'est pas tout à fait exact. Il a démarré avec ce Music Of My Mind sorti la même année, c'est-à-dire en 1972. Et ça tombe bien, c'est l'album que je vais aborder aujourd'hui. 

Cet album, je dois vous dire que j'ai hésité un moment pour savoir dans quelle catégorie le foutre. Bien sûr que la funk a son mot à dire, on est chez Stevie Wonder quand même, un pur produit de la Motown, mais le fait est que cet album propose davantage de chansons pop/soul que de funk. De funk, il va en être question avec la chanson d'ouverture : Love Having You Around. Longue cavalcade de plus de 7 minutes typiquement wonderienne. C'est excellent et malgré la durée imposante de la chanson, on ne s'y emmerde pas une seule seconde. Ce qui est, et c'est dommage, clairement le cas de Superwoman, classique de Little Stevie. Une ballade pop comme il savait en faire, mais qui dure plus de 8 minutes. Là, il y a clairement 3, voire 4 minutes de trop. Ce qui n'est pas le cas de Every Little Thing I Love About You. Nouvelle ballade pop qui elle, est parfaite de bout en bout. Presque 4 minutes de bonheur pur. Sweet Little Girl, longue de 5 minutes pile poil (de cul, désolé, j'ai pas pu m'en empêcher) tape dans la funk. Cette chanson m'a toujours posé problème. Je m'explique : musicalement, elle est super bien branlée, mais les deux passages parlés me gênent, surtout le deuxième qui commence à 2'45 minutes et qui dure...jusqu'à la fin de la chanson. Happier Than The Morning Sun clôture la première face. Cette chanson, c'est un mélange curieux de funk et de pop. Jouée toute au clavinet, elle est excellente, mais un poil trop longue. Mais là, ça ne va pas chercher bien loin, 40/45 secondes tout au plus.

Comme vous venez de le lire, la première face a ses faiblesses. En revanche, et je ne déconne pas, la seconde n'en a aucune. Ben ouais ! Laquelle s'ouvre sur Girl Blue qui reprend le même mélange que Happier Than The Morning Sun, c'est à dire funk et pop, mais en sens inverse. Ce qui veut donc dire que la pop y est nettement plus dominante. Mais le résultat est parfait et pointe à la bonne longueur, 3'37 minutes. C'est top. Seems So Long, (qui porte bien mal son titre vu qu'on ne se fait pas chier une seconde en l'écoutant) est un pur régal de pop-soul. Assurément une de mes petites chouchouttes, pas de Stevie en général, mais de l'album. Keep On Running : pareil titre peut laisser penser que la chanson va être bien speed, comme un lévrier se faisant courser par un tigre mort de faim. Et vous savez quoi ? C'est le cas. C'est une funk bien speedée courant sur 6'40 minutes de bonheur complet. Le disque se termine sur Evil, une nouvelle ballade bien douce et bien sucrée sur laquelle le piano se taille la part, pas du tigre, mais du lion. Ça clôture vachement bien cette seconde face, coupable d'aucun faux-pas, et aussi l'album. Bien entendu, Music Of My Mind n'est pas le meilleur album de Stevie, mais il n'empêche que ça y est, la machine est lancée et la suite, pendant 4 années, va sodomiser les hits-parade, et pas que. Dernière chose : à l'exception du trombone sur Love Having You Around et de la guitare solo sur Superwoman, Stevie joue de tous les instruments. Que la cécité décuple les autres sens est un fait acquis, mais quand même, sur ce point-là, Little Stevie a défié toutes les lois de la Nature.

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Face A

Love Having You Around

Superwoman

I Love Every Little Thing About You

Sweet Little Girl

Happier Than The Morning Sun

Face B

Girl Blue

Seems So Long

Keep On Running

Evil