J'aborde rarement (enfin, ça arrive tout de même) des compilations, parce qu'elles n'ont pas le même intérêt, souvent, que les albums originaux. Mais j'en ai quand même fait plusieurs, comme le fameux Decade de Neil Young (qui est probablement la plus grande compilation jamais faite, même si, forcément, datant de 1977, elle n'est pas complète, Neil Young étant toujours en activité), les best-ofs colorés des Beatles (le rouge 1962/1966, le bleu 1967/1970), des compilations des Beatles/ex-Beatles (y'en a des chiées...), des Stones, de King Crimson... En voici une de Bob Dylan. Elle date de 1971 et est sortie, selon le pays, sous deux titres. Le vrai, l'officiel américain, c'est Bob Dylan's Greatest Hits Vol. II (vu qu'un Greatest Hits était sorti en 1967), mais en Europe, elle est sortie sous le titre More Bob Dylan Greatest Hits. Avec un petit changement dans le tracklisting, que j'indique en bas d'article : deux chansons remplacées par deux autres (pourquoi ? Parce que dans l'édition britannique, et donc la plus facile à trouver en Europe, du premier best-of, les deux morceaux en question, retirés de l'édition ricaine du second best-of, s'y trouvaient, alors qu'ils ne sont évidemment pas sur le Greatest Hits sorti aux USA). C'est compliqué, hein ? C'est pour éviter les doublons, évidemment, comme ça l'acquéreur de ce double best-of (qui, d'une durée de 77 minutes, tiendrait facilement sur un seul CD, mais est tout de même sorti en double CD !) n'aura aucun titre en double s'il possède les deux best-ofs. Il aura en revanche pas mal de doublons avec les albums studios, évidemment, mais c'est normal, vu qu'il s'agit d'un best-of.
Verso vinyle (ici la version européenne, vu le tracklisting)
Ce double best-of de 21 titres (quelle que soit la version, il y à respectivement 9 et 12 titres par disque) est sorti, là aussi la pochette ne change pas quelle que soit la version, sous une photo de Dylan prise au cours du Concert For Bangladesh (et cette photo bleutée est d'ailleurs dans le livret accompagnant le triple live de 1971). Il me semble d'ailleurs que les autres photos (verso de pochette, intérieur) sont aussi issues de la prestation de Dylan au cours de ce concert à vocation humanitaire. Concert donné en août 1971 (la compilation du Barde est sortie en novembre, et le triple live du concert, en décembre). Cette participation au concert collectif organisé par George Harrison et Ravi Shankar était quasiment la première apparition publique d'un Dylan très discret, depuis la fin des années 60. Il ne se montrait plus trop à l'époque de Self Portrait et New Morning (1970 tous deux). Il ne refera un disque studio qu'en 1973 (bande originale d'un film), et un disque studio vraiment digne de ce nom (l'album de bande-son, Pat Garrett & Billy The Kid, étant en grande partie instrumental) en 1974, Planet Waves. Mais en 1971, en mars, Dylan sort tout de même un single, Watching The River Flow, produit par Leon Russell. Morceau très réussi qui ouvre idéalement le best-of. Déjà, si vous avez acheté le best-of à l'époque, vous avez un morceau introuvable ailleurs (sauf sur le single, évidemment). D'autres morceaux rares, inédits en album, sont sur le best-of, tous sur la dernière face : Tomorrow Is A Long Time (repris par Rod Stewart sur son Every Picture Is A Story en 1971), issu d'un concert de 1963 ; When I Paint My Masterpiece, que le Band a enregistré sur leur Cahoots en 1971, la version Dylan est produite par Leon Russell ; et trois extraits des Basement Tapes (qui sortiront en partie en 1975, puis bien plus tardivement en gros coffret officiel, en 2014), I Shall Be Released (faite par le Band en 1968 sur leur premier album), You Ain't Goin' Nowhere (faite par les Byrds en 1968 sur Sweetheart Of The Rodeo) et Down In The Flood (qui, sur The Basement Tapes en 1975, sera titrée Crash On The Levee (Down In The Flood) au passage).
Pendant le Concert For Bangladesh, Leon Russell en arrière-plan
Le reste est constitué de morceaux issus des albums et qui ne se trouvaient pas sur le premier best-of soit par manque de place (le premier best-of est un disque simple), soit parce que pas encore enregistrés à l'époque (le premier best-of est sorti en 1967). Comme je l'ai dit, il y à deux morceaux qui, selon la version, changent. Sur la version ricaine, on a She Belongs To Me et It's All Over Now, Baby Blue. Ils sont absents de la version européenne car présents sur la version européenne de Greatest Hits, et on y trouve, à la place, Positively 4th Street (morceau absent de tout album studio, et donc encore une fois une rareté), qui est sur la version originale du Greatest Hits, et New Morning, issu de l'album du même nom. Le reste est inchangé, on a notamment Lay, Lady, Lay, Stuck Inside Of Mobile With The Memphis Blues Again, Just Like Tom Thumb's Blues, A Hard Rain's A-Gonna Fall et My Back Pages, que des merveilles, et je n'ai pas tout cité, évidemment. Le seul reproche à faire, c'est qu'il manque quelques morceaux que Dylan a fait durant cette époque et qui auraient pu se trouver sur ce Greatest Hits Vol. II histoire de proposer un peu plus de matière inédite : George Jackson, Wallflower (présent sur un disque de Doug Sahm en 1973, ce morceau date de 1971). D'autres morceaux des Basement Tapes auraient pu se trouver là, mais bon, tel qu'il est, ce best-of de 1971 est généreux et vraiment réussi, on prend plaisir à l'écouter.
FACE A
Watching The River Flow
Don't Think Twice, It's All Right
Lay, Lady, Lay
Stuck Inside Of Mobile With The Memphis Blues Again
FACE B
I'll Be Your Baby Tonight
All I Really Want To Do
My Back Pages
Maggie's Farm
Tonight I'll Be Staying Here With You
FACE C
She Belongs To Me (Positively 4th Street sur l'édition européenne)
All Along The Watchtower
The Mighty Quinn (Quinn, The Eskimo)
Just Like Tom Thumb's Blues
A Hard Rain's A-Gonna Fall
FACE D
If Not For You
It's All Over Now, Baby Blue (New Morning sur l'édition européenne)
Tomorrow Is A Long Time
When I Paint My Masterpiece
I Shall Be Released
You Ain't Goin' Nowhere
Down In The Flood
