De son vrai nom Ian Matthews McDonald, Ian Matthews est un musicien britannique né en 1946, toujours en activité (toujours vivant, en tout cas) qui, à la base, se faisait appeler Ian McDonald mais changera parce qu'un musicien de ce nom, au sein de King Crimson, officiait déjà. Matthews a fait partie, le temps de trois albums, de Fairport Convention, remarquable album de folk-rock britannique : on l'entend (chant, choeurs, guimbarde, percussions), crédité sous son premier nom de scène - avant changement, donc - sur Fairport Convention, What We Did On Our Holidays et Unhalfbricking. Puis il quitte le groupe (sur Unhalfbricking, ce chef d'oeuvre, il n'est d'ailleurs crédité que comme musicien additionnel) et il se lance en solo en 1969, en fondant, avec d'autres membres de Fairport Convention (Richard Thompson, Simon Nicol, Ashley Hutchings) notamment, le Matthews' Southern Comfort, groupe de folk imprégné de country/rockabilly. Ce groupe dure jusqu'en 1971. L'année suivante, Matthews sort l'album Tigers Will Survive, un disque sublime de folk-rock à l'ancienne, à la pochette représentant un Indien, ou une Indienne, vu la tenue qui me semble bien être une robe (la pochette est dépliante, en format portrait, voir la photo ci-dessous).
L'album est sorti sur le label Vertigo. Sur la face A, le label est le logo de Vertigo (la boucle hypnotique) et sur la face B, on a le détail des morceaux des deux faces (notons que le label de la face A précise bien 'face A'). Je précise ça car apparemment, certaines éditions vinyles intervertissent les deux faces, intentionnellement ou non. Je ne sais pas quel est le vrai ordre : celui que j'indique et qui est celui de mon pressage US original (donc, je pense que c'est le bon, après tout), ou celui qui inverse les faces et qui, donc, ferait démarrer l'album par Never Again) ? Peu importe, l'album est remarquable du début à la fin de ses 35 minutes, de la folk-rock (teintée de country) de haute qualité. Matthews est britannique, mais à l'écouter, à écouter sa musique, on croirait avoir affaire à un ricain type Gram Parsons. Tigers Will Survive, que j'ai découvert via un livre, It's Only Rock'n'Roll & Autres Bricoles, réunissant les meilleurs articles de Philippe Paringaux dans Rock'n'Folk (Paringaux était - il est toujours de ce monde mais a cessé cette activité - un rock-critic, présent dans Rock'n'Folk de 1968 au début des années 80, il a dirigé le magazine jusqu'à son départ, et a écrit dedans jusqu'en 1973) ; l'article en question était une critique de cet album, dans laquelle il disait qu'au bout de 5 écoutes, il n'en avait toujours pas écouté la seconde face, tant la première face le scotchait au mur, il ne cessait de la remettre ! J'ai direct eu envie d'écouter ce disque (mais comme je ne le voulais qu'en vinyle, j'ai d'abord essayé de le trouver en bon état, et pas trop cher, ce qui ne m'a pas pris tant de temps que je le craignais) rien que rapport à ça. Je n'ai pas été déçu.
C'est vraiment un sublime album, par trop méconnu (Matthews aussi, d'ailleurs, mais je ne connais que ça, ses son boulot au sein de Fairport Convention, de lui), un disque superbement produit, sobre et élégant, offrant notamment une étonnante reprise, enregistré a capella avec des claquements de mains comme accompagnement, du standard pop Da Doo Ron Ron. On y trouve aussi une reprise du House Of Un-American Blues Activity Dream de Richard Farina, auteur-compositeur américain quelque peu engagé (et beau-frère de Joan Baez, il était marié à sa soeur), mort en 1966 dans un accident de moto. Une chanson éminemment engagée à la Phil Ochs ou Woody Guthrie. L'album offre aussi la chanson-titre, Midnight On The Water, The Only Dancer, autant de chansons qui sont de pures merveilles méconnues, à découvrir absolument. Sous sa pochette sépia que personnellement je trouve superbe, Tigers Will Survive est un petit régal de country-folk parfois assez désabusée, l'album possède en effet une ambiance assez mélancolique parfois. C'est un des petits joyaux bruts de ma collection, pas une rareté absolue, mais clairement pas le genre de disque que l'on croire à tous les coins de rues.
FACE A
Tigers Will Survive
Midnight On The Water
Right Before My Eyes
Da Doo Ron Ron (When He Walked Me Home)
Hope You Know
Please Be My Friend
FACE B
Never Again
Close The Door Lightly When You Go
House Of Un-American Blues Activity Dream
Morning Song
The Only Dancer
Quant à Richard Fariña, il aurait pas mal influencer Dylan selon David Hajdu, il laisse à la postérité deux albums composés avec la sœur de Joan Baez, Mimi Baez Fariña ("Celebrations for a Grey Day" et "Reflections in a Crystal Wind") + un roman ("L'Avenir n'est plus ce qu'il était").