Revoilà Al Kooper. Dois-je encore présenter ce type ? Bon, ça me permettra de gagner un peu de place dans la chronique, car autant le dire, je n'ai pas grand chose à dire ici. Non pas que ce disque ne soit pas bon, car, sans être un joyau exceptionnel à ranger dans les classements du genre discothèque idéale, ce deuxième album solo d'Al Kooper, sorti en 1969, est d'un très bon niveau général, très satisfaisant (vraiment TRES satisfaisant même), un bon produit de son époque. Sa pochette aussi, qui représente une charge de la police (ou de la Garde Nationale) sur des manifestants. Al Kooper est un multi-instrumentiste (mais essentiellement guitare et claviers) et chanteur, qui est aussi et surtout connu pour son boulot d'arrangeur/producteur, il a notoirement collaboré avec Bob Dylan en 1965/66, il est à l'oeuvre sur Blonde On Blonde notamment, et a considérablement participé à l'atmosphère générale, au rendu final de ce double album légendaire que le Barde a sorti en 1966. Kooper est passionné de jazz, de blues, de rhythm'n'blues, de cuivres, tout en ayant une vraie sensibilité pop...et un certain goût pour l'avant-garde. Son premier album solo, I Stand Alone, que j'ai abordé récemment, était parfois assez expérimental (adjonction de bruits divers, une Overture étrange et quasiment non-musicale, un autre morceau exclusivement constitué de bruits divers, sans mélodie...).
Son deuxième album solo, celui-ci, qui s'appelle You Never Know Who Your Friends Are ("on ne connaît jamais vraiment ses amis", en gros), offre 44 minutes sensiblement très proches de ce que Kooper fit avec son premier album, les expérimentations bruitistes (qui avaient mal vieilli) en moins. Le disque, qui contient moins de reprises que le précédent, on a ici trois reprises seulement : Too Busy Thinkin' 'Bout My Baby, un morceau Motown ; I Don't Know Why I love You (de Stevie Wonder) et Mourning Glory Story de Harry Nilsson, artiste que Kooper avait déjà repris sur I Stand Alone ainsi que sur le premier album de Blood, Sweat & Tears, Child Is Father To The Man (1968), unique album de BS&T sur lequel apparaît Kooper - il a cofondé le groupe avec Steve Katz. S'il fallait comparer You Never Know Who Your Friends Are avec quelque chose, ça serait justement avec le premier Blood, Sweat & Tears (qui est génial, un des meilleurs albums que je connaisse), on y trouve la même ambiance rhythm'n'blues/soul et un peu jazzy, des morceaux franchement remarquables (Lucille, qui n'est pas une reprise de Little Richard, Blues, Part IV ou bien I'm Never Gonna Let You Down pour ne citer qu'elles ; mais ne pas citer Magic In My Socks serait dégueulasse, donc je le fais aussi).
Photo issue de l'artwork d'un autre album de Kooper, un album de la même époque malgré l'aspect vieilli de Kooper dessus, dû à du maquillage
Entouré qui assure à fond la caisse (le Al Kooper Big Band) et au sein duquel on notera le bassiste Chuck Rainey (futur collaborateur de Steely Dan) et le batteur Bernard Purdie (qui, aussi, ira chez Steely Dan), ainsi que des cuivres en fanfare (c'est le cas de le dire), Al Kooper (piano, orgue, guitare, ondioline et chant) nous offre ici un album juste excellent, un pur régal assez peu connu, oublié, et qu'il faut redécouvrir absolument si vous aimez le rhythm'n'blues et les ambiances jazzy/soul. C'est un des meilleurs albums d'Al Kooper, dont le disque suivant, j'en parlerai ici prochainement, sera un double album (un double assez court, au passage, mais double quand même, en vinyle). Faire mieux que ce disque me semble difficile, on va voir si Kooper y est parvenu...ou pas ! La suite bientôt...
FACE A
Magic In My Socks
Lucille
Too Busy Thinkin' 'bout My Baby
First Time Around
Loretta (Union Turnpike Eulogy)
Blues, Part IV
FACE B
You Never Know Who Your Friends Are
The Great American Marriage/Nothing
I Don't Know Why I Love You
Mourning Glory Story
Anna Lee (What Can I Do For You)
I'm Never Gonna Let You Down