Parce que ça faisait un petit moment que je n'avais pas parlé d'eux, un petit cycle Midnight Oil démarre sur le blog (court, le cycle : six albums dont un live qui achèvera l'ensemble). Un cycle qui sera à peu près dans l'ordre chronologique, si ce n'est que le prochain article du cycle abordera un album enregistré et sorti quelques 12 ans avant celui que j'aborde aujourd'hui, petite exception, mais après tout, on s'en fout un petit peu, de l'ordre, non ? Midnight Oil, pour les ceusses qui ne connaitraient pas encore ce groupe australien (je les envie, enfin, sauf s'ils n'ont pas envie, eux, de découvrir ce groupe), a été fondé à la fin des années 70 par, notamment, un chanteur géant et chauve, au regard allumé et aux idées très engagées en faveur de l'écologie, de l'antinucléaire et des droits pour tous, Peter Garrett (qui fut, un temps, ministre de l'écologie dans son pays, pendant une période au cours de laquelle Midnight Oil sera en stase). Le premier album, éponyme, est radicalement engagé, pas génial, moyennement enregistré (le son est rude), mais, avec, déjà, de bonnes chansons. Head Injuries, le suivant, est un classique quasi absolu, et le groupe sortira ensuite un EP de 15 minutes vraiment efficace, Bird Noises, avant de commencer à vraiment connaître le succès commercial avec Place Without A Postcard en 1981, mais comme je vais l'aborder bientôt, ce disque, je n'en dis pas plus. La suite sera émaillée d'album anthologiques (10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 et le tubesque Diesel And Dust sont immenses, Red Sails In The Sunset, l'EP - de 16 minutes bien engagées - Species Deceases et Blue Sky Mining ne sont pas loin derrière). En 1993, le groupe n'a plus rien à prouver, quand ils sortent Earth And Sun And Moon.
Le groupe a en effet enchaîné deux succès monumentaux : Diesel And Dust en 1987 (Beds Are Burning, The Dead Heart, Put Down That Weapon) et Blue Sky Mining en 1990 (Blue Sky Mine, Forgotten Years, Stars Of Warburton). Le premier parlait des Aborigènes - Midnight Oil a passé un an dans le Bush australien à tourner chez les Aborigènes et à vivre avec eux, et sont revenus avec cet album en 1987) et des conditions de vie difficile de ce peuple présent en Australie avant que le pays ne s'appelle ainsi, et le second parle de l'écologie, et a été fait par un groupe attendu au coin du bois après le succès commercial monumental de leur précédent opus. Hey, quand on aligne deux albums aussi cartonneurs que ceux-là, c'est difficile de ne pas susciter de l'attente un peu fébrile, et même, sans doute, de ne pas se sentir soi-même un peu fébrile. Demandez à Queen au moment de la sortie de Jazz, ou à ZZ Top au moment de la sortie d'Afterburner. Je ne parle pas de la qualité des albums cités ni ne veux dire que Earth And Sun And Moon est de ce niveau globalement moyen, car, sincèrement, cet album des Midnight Oil est une belle réussite. Il se classera d'ailleurs 2ème à l'ARIA Album Charts (les charts australiens), les résultats dans les autres pays seront moins forts (50ème au Billboard 200 américain, 30ème en Angleterre), mais on ne peut pas dire que ce disque ait foiré. Je ne sais pas trop ce que la presse en a pensé à l'époque, mais les 54 minutes (un disque qui possède une durée quasi idéale pour un CD, ni trop court, ni trop long) passent super bien, encore maintenant, en 2020. Coproduit par Nick Launay et le groupe, cet album, sorti sous une pochette qui ne donne pas spécialement envie d'acheter le disque (il le faut bien, cependant, il le faut bien), est encore une fois assez engagé, Midnight Oil a toujours sorti des albums engagés, et ne saurait faire autrement. C'est limite leur réputation.
Ici, par exemple, entre My Country, Renaissance Man, le morceau-titre, Now Or Never Land et Bushfire, on a un condensé d'activisme, d'engagement politique, humanitaire et écologique. Avec notamment Truganini, sorti en single, chanson qui fera un peu polémique en Australie et qui parle de Truganini, une femme Aborigène née en 1834, morte en 1905, et qui serait la dernière Aborigène tasmanienne de 'pure race', les générations suivantes étant des sang-mêlés. Des associations aborigènes, à l'époque, ont voulu faire interdire le single, et ont en tout cas appelé au boycott, car selon eux, cette information comme quoi Truganini serait la dernière aborigène à 100% serait un mythe inventé par les 'blancs'. Peu importe la polémique (qui n'a pas franchi les frontières de l'Australie), cette chanson est une des meilleures d'un album vraiment réussi, un des mes préférés du groupe de Garrett et Jim Moginie (guitare). Un album qui entremêle rock, sonorités alternatives et pop pour un résultat du plus bel effet, une grosse cinquantaine de minutes vraiment excellentes. Le groupe durcira le ton avec son album suivant, Breathe (1996), très méconnu, n'ayant que peu marché, un disque quasiment grunge, plus sombre et violent. Les albums suivants seront, d'ailleurs (aussi peu nombreux qu'ils sont, au passage : le dernier opus studio du groupe date de 2002) à peu près du même tonneau que Breathe, moins pop, plus virulents...mais très loin d'être inintéressants ! Pour moi, Earth And Sun And Moon est une sorte de dernier volet d'une trilogie entamée en 1987 avec Diesel And Dust.
Feeding Frenzy
My Country
Renaissance Man
Earth And Sun And Moon
Truganini
Bushfire
Drums Of Heaven
Outbreak Of Love
In The Valley
Tell Me The Truth
Now Or Never Land
" Breathe " sera plus apprécié et effectivement plus sombre .
La vraie deflagration sonique ( et un certain retour aux sources punk ) sera pour l'album d'après " Breathe " , le puissant " redneck wonderland " .