10A

Parlez d'un nom de groupe curieux : 10cc. Se prononçant Ten Sissi, il serait selon certains membres du groupe une allusion à la quantité de sperme produite au cours d'une éjaculation classique, j'avoue ne pas avoir mesuré pour vérifier si : a) j'étais dans la norme, et b) si c'était la vérité et la norme. 10cc est un groupe culte des années 70 en raison d'un tube immense qui passe encore de temps en temps à la radio et à sa place dans les compilations du genre plus grands slows de la mort qui tue : I'm Not In Love. Ce n'est pas la seule chanson connue du groupe d'Eric Stewart et Lol Creme (une autre chanson connue est sur l'album que j'aborde aujourd'hui), mais c'est de loin leur plus connue. Ca n'étonnera personne, mais j'ai découvert 10cc par le biais de cette chanson, et je pense que ça doit être le cas de plein d'autres personnes (parmi celles qui connaissent 10cc autrement que par leur simple nom entendu ou lu quelque part). 10cc, s'il faut qualifier leur musique, faisait de la pop bien imprégnée de glam et d'art-pop. S'il fallait les comparer à un autre groupe, je pense qu'Electric Light Orchestra, le groupe de Jeff Lynne, serait un bon point de comparaison. Coïncidence : les leaders de ces deux groupes ont, chacun, de leur côté, collaboré avec un ex-Beatles (au moins) : Eric Stewart, de 10cc, a bossé avec Paul McCartney de 1982 (Tug Of War) à 1986 (Press To Play). Jeff Lynne, de son côté, a bossé avec George Harrison de 1987 (Cloud Nine) à la mort de Harrison, Traveling Wilburys inclus (il en a fait partie), et il a bossé avec les Beatles survivants, encore trois à l'époque, sur leur colossale Anthology en 1994/95. Il a aussi bossé avec Macca sur son Flaming Pie en 1997, et avec Ringo sur son Time Takes Time de 1992. Fin de la digression.

10B

Pochette dépliée

En 1975, le groupe sort son troisième album, The Original Soundtrack, qui sera leur plus gros succès commercial et est généralement considéré comme leur sommet. Ce n'est pas le seul album que je connais du groupe ayant aussi écouté leur précédent opus au titre rigolo, Sheet Music, de 1974, ainsi que How Dare You !, le suivant, de 1976), mais c'est le seul que je possède, en vinyle. Les deux autres cités sont, franchement, très très bons, mais je n'ai pas eu spécialement envie de dépenser de l'argent pour me les payer en vinyle, alors à moins de tomber sur eux, pour pas cher et en bon état, en brocante (c'est, pour un euro, là que j'ai trouvé mon The Original Soundtrack, en même temps) ou en convention, je passe mon tour. Mais ce disque de 1975, je le voulais vraiment. Pas pour sa pochette, qui n'est pas moche du tout, mais loin d'être une de mes préférées (chez ce groupe, je préfère celle de How Dare You ! personnellement), et sur laquelle on voit du matériel de projection de cinéma, notamment, en noir & blanc. Non, c'est pour son contenu qui est, dans l'ensemble, vraiment époustouflant. On y trouve les deux plus gros tubes du groupe : Life Is A Minestrone, aussi amusant et con que son titre le laisse supposer (et ce refrain... Life is a minestrone/Served up with parmesan cheese/Death is a cold lasagna/Suspended in deep freeze, je vous jure que ce sont les paroles !), mais un morceau trépidant, jubilatoire, un peu excessif, un peu énervant (une particularité de 10cc, un peu comme Electric Light Orchestra parfois, c'est que c'est pour le moins exubérant), vraiment génial. L'autre tube, j'en ai parlé tout en haut, c'est I'm Not In Love, car, oui, c'est sur cet album que ce trouve ce slow dégoulinant et génial, inspiré à Eric Stewart par l'idée de dire "je t'aime" d'une autre manière que, simplement, dire "je t'aime". Il y à d'autres manières de le dire (et "t'est putain de bonne, toi" n'est pas la meilleure, les mecs, au passage), la chanson le prouve. On la connait, cette chanson, longue ici de 6 minutes (c'est la complète, jambon-fromage-oeufs, ici), avec son climat vaporeux, son chant langoureux, ses choeurs syncopés, son big boys don't cry, big boys don't cry sussuré par une voix féminine à faire frissonner une plancha allumée en plein désert du Sahara en juillet...

10C

Le reste de l'album est tout simplement remarquable (The Film Of My Love, Blackmail), et s'ouvre sur les quasi 9 minutes de Une Nuit A Paris, morceau chanté en anglais malgré son titre (mais on y trouve plusieurs mots et expressions en français dedans. Le morceau, découpé en trois sous-parties (je ne sais pas pour le CD, mais en vinyle, tout est sur une seule plage audio ; je pense qu'en CD ça doit aussi être le cas), parle des mésaventures tragicomiques d'un touriste britannique de passage à Paris, qui se fait arnaquer par des magouilleurs locaux qui lui vendent des montres suisses de contrefaçon et des photos osées et qui se retrouve dans le quartier chaud de la ville, dans le lit d'une pute, totalement dépouillé et jetlagué. Cette série de mésaventures inclus la mort brutale d'un flic sur les lieux de l'action finale (la chambre de la pute). En fait, c'est indescriptible tellement ça part dans tous les sens (le terme 'exubérant' va particulièrement bien à ce mini opéra pop arty totalement loufdingue), et dire que ce n'est que le morceau inaugural de l'album ! Quand on sait que la face A se finit sur I'm Not In Love et Blackmail, on se dit mais à quoi va ressembler la seconde face ? Autant le dire, même si elle se finit sur deux réussites, elle est moins percutante que la A, mais rien de grave, The Original Soundtrack est, dans l'ensemble, une belle réussite de pop 70's échevelée. Je conseille !

FACE A

Une Nuit A Paris

a) One Night In Paris

b) The Same Night In Paris

c) Later That Same Night In Paris

I'm Not In Love

Blackmail

FACE B

The Second Sitting For The Last Supper

Brand New Day

Flying Junk

Life Is A Minestrone

The Film Of My Love