MaxRSS a récemment fait un assez long et passionnant cycle sur Johnny Hallyday, dont pas mal d'albums (mais loin de la totalité, il en a quand même sorti plus de 50) studios sont désormais sur le blog. Il avait l'intention d'aborder cet album-ci, moi aussi, et je le remercie vraiment, car ce n'était vraiment pas une obligation, de m'avoir rétrocédé les droits (ah ah ah) sur ce disque, abandonnant de ce fait une chronique qu'il avait déjà rédigée et mise en attente. Vraiment, merci Max, car je ne sais pas trop pourquoi (sans doute parce que je me suis procuré récemment le vinyle de ce disque, réédition de 2014 en double vinyle avec un nouveau mix...), mais j'avais envie d'aborder ce disque, quej 'aurais pu aborder autrefois (ayant le CD depuis un petit moment), à l'époque où j'avais, ici, fait quelques albums de Johnny. Tellement d'albums à aborder, si peu de temps, que voulez-vous... Bref, voici donc encore une fois, désolé si ce chanteur désormais décédé (ah, vous l'ignoriez encore ? Il faisait beau sur Saturne, vous venez d'en revenir, non ?) vous insupporte, car je sais que certaines personnes parmi celles qui visitent ce blog n'aiment pas Johnny (et moi-même je ne suis pas fan de lui, mais je sais reconnaître, et Max aussi, que Johnny a vraiment fait de bons albums), mais voici donc encore une fois un album de Johnny Hallyday sur Rock Fever. Celui-ci date de 1979 et il est sorti sous un titre qui est aussi celui d'un album de 1977 de Véronique Sanson : Hollywood. C'est un album court (37 minutes, 10 titres ; la réédition vinyle rajoute un onzième titre, Elle Est Vraiment Dingue, en bout d'album, ce qui fait qu'on arrive à une quarantaine de minutes, et comme cette réédition est double, les deux disques sont, forcément, très courts). Je trouve d'ailleurs que le fait d'avoir réédité le disque en double vinyle est du pur foutage de gueule vu la durée de l'album (au passage, l'album posthume de Johnny sorti récemment dure moins de 50 minutes et est en double vinyle, ça aussi, c'est du foutage de gueule), mais on parle d'Universal, après tout, donc plus rien ne m'étonne de leur part.
Hollywood, on reparle de lui, est sorti sous une des plus belles pochettes d'albums de la carrière de Johnny avec celles de Rêve Et Amour qui est très psychédélique, Flagrant Délit et son Johnny emprisonné dans le pavé de la rue à la Han Solo avec 10 ans d'avance, Hamlet (si, si !), Rock'n'Roll Attitude (cette photo classe d'un Johnny en chemise et cravate sur le quai d'une gare, à la Il Voyage En Solitaire, est parfaite) et Rester Vivant (the sober, the better), sans oublier Rivière...Ouvre Ton Lit, iconique à mort. Sur la pochette de l'album de 1979, on voit (un dessin, pas une photo, comme vous pouvez le constater) un Johnny bien fringué et lunettes-noiré, posant fièrement devant l'entrée grillagée d'une propriété des hauteurs de Hollywood, avec la fameuse colline ornée des lettres de ce quartier de L.A. en arrière-plan et en guise de titre. Au dos, on voit une sorte de version cauchemardesque, ou envers du décor : Johnny de dos (c'est toujours un dessin), dans un décor de ruines, palissades abimées, ciel rougeoyant, poubelles, et même sa tenue semble usée (le bas de sa veste est élimé). Ca peut paraître con, mais cette pochette me fait penser à celle du Pass The Distance de Simon Finn, sur laquelle le verso représente une version démentielle, traumatisante et incroyable du recto (deux enfants marchant sur une route sans fin). C'est une impression personnelle, car non seulement l'album de Finn est un vrai polar opposite de ce que faisait Johnny (on parle de folk psychédélique britannique du début des 70's, pas de rock à l'américaine), mais il est aussi et surtout des plus méconnus, il était déjà introuvable à l'époque, Hallyday n'en a certainement jamais entendu parler, c'est le simple fait que je connaisse ce disque et sa pochette qui me fait écrire ça. Mais on parlait bien de Johnny, hein ? Hollywood ne contient qu'un seul tube de la carrière de Johnny. Mais quel tube ! Reprise d'un morceau de Bob Seger, c'est Le Bon Vieux Temps Du Rock'n'Roll (Old Time Rock'n'Roll, que Seger a chanté en 1978 sur son excellent Stranger In Town), que Johnny ne cessera jamais de chanter jusqu'à la fin de sa carrière et de sa vie. Apparemment, le morceau était destiné à Sylvie Vartan, Johnny l'a prise pour lui, on l'a putain d'échappé belle.
Une reprise efficace, solide, plus que correcte, qui compte parmi les meilleures chansons de l'album. J'ai même envie de dire que c'est la meilleure de l'album, mais passer à côté de Fais Ce Que Je Dis (Pas Ce Que Je Fais), dans laquelle Johnny règle ses comptes avec lui-même et se livre à une autocritique assez sévère. L'album offre donc 10 titres, et parmi eux, pas moins de 7 sont des adaptations (toutes signées du grand pote corse de Johnny, Michel Mallory ; il a quasiment tout écrit ici sauf le terriblement médiocre, franchement insoutenable de mièvrerie De L'Autre Côté De La Rivière, signé Barbelivien, et pourquoi ne suis-je pas étonné de lire ce nom si honni du rock associé à une telle chanson merdique ?) de chansons anglophones. T'As Le Bonjour De L'Amour est adaptée du You Can Get It If You Really Want de Jimmy Cliff, Comme Un Voleur du You're Gonna Get What's Coming de Robert Palmer... Le guitariste principal sur l'album, Steve Beckmeier, signe deux morceaux, Tout M'Enchaîne (Cryin' Shame à la base) et Dommage (I Need You So Badly à la base), qui sont, tous deux, très sympathiques. Ce qui n'est pas le cas de Tu N'Est Pas La Seule Fille Au Monde, que je n'aime vraiment pas des masses. Le Coeur Comme Une Montagne, avec ses choeurs très réussis, est une autre chanson qu'il ne faut pas louper quand on visite cet Hollywood plutôt convaincant dans la carrière de Johnny. Il faut préciser que ce disque sera, pendant un moment (jusqu'en 1985 et Rock'n'Roll Attitude, entièrement écrit et composé par Michel Berger qui est alors arrivé en sauveur), le dernier disque potable (il est même plus que potable, il est vraiment bon) d'un Hallyday qui va, pendant la première partie de la décennie 80, s'enfoncer dans une merde musicale assez infâme (Pas Facile, En Pièces Détachées, Quelque Part Un Aigle, La Peur). Quand Berger l'a fait remettre en haut du piédestal en 1985 (et l'année suivante, Goldman enfoncera le clou avec un Gang du même tonneau), Hallyday n'était plus que l'ombre de lui-même, et les fans devaient probablement parler, alors, de l'époque bénie et passée d'albums tels que Derrière L'Amour, Solitude A Deux ou Hollywood...
FACE A
La Bon Vieux Temps Du Rock'n'Roll
Tout M'Enchaîne
Tu N'Est Pas La Seule Fille Au Monde
Le Coeur Comme Une Montagne
Ce Que Tu As Fait De Moi
FACE B
Fais Ce Que Je Dis (Pas Ce Que Je Fais)
Dommage
Comme Un Voleur
Du Même Côté De La Rivière
T'As Le Bonjour De L'Amour
Du Même Côté De La Rivière est bien la preuve que Elle M'Oublie sur "Solitudes à deux" était bien un coup de bol pour Barbelivien.