En 1972, Rod Stewart, alors âgé de 27 ans publie Never A Dull Moment, son quatrième album studio en solo. Et, je peux vous dire que ce disque n'a clairement pas une chance de cocu étant donné qu'il est le successeur de Every Picture Tells A Story, sorti l'année précédente et qui restera ad vitam aeternam le meilleur album de Rod The Mod. Sachant cela, Never A Dull Moment est-il album secondaire ou négligeable ? Absolument pas ! C'est un excellent disque, pas du même niveau que celui qui le précède bien entendu, mais vraiment excellent quand même. Et, Stewart bénéficie d'un soutien de poids : celui de Ron Wood. Lequel n'était pas encore membre des Rolling Stones (il intègrera le groupe en 1975) et qui a composé trois des quatre chansons de la face A. L'album comprend neuf titres et, sur ces neuf titres, un n'est pas une chanson. Et, comme nous sommes chez Rod Stewart, il y a pas mal de reprises. Elles sont au nombre de quatre. Mais, encore une fois, pas de scandales inutiles, Stewart a toujours fait les choses proprement et n'a jamais eu d'emmerdements pour ses reprises.
Et d'ailleurs, je vais commencer par ces reprises qui, je le répète, sont au nombre de quatre. Nous avons d'abord Mama, You Been On My Mind, une chanson écrite et composée par Bob Dylan. Le Barde la chantait souvent au début de sa carrière, mais ne l'a jamais mise sur un disque studio. Il faudra attendre l'album de bootlegs de 1991 pour voir cette chanson sur un support officiel. Que cette chanson soit interprétée par Dylan ou Stewart ne change rien, elle est une pure splendeur à la fois tendre et négative. Angel, reprise d'une chanson de Jimi Hendrix et ouvrant la seconde face (que l'on trouve sur le premier album posthume du guitariste : The Cry Of Love, 1971), je vais vous le dire honnêtement : je ne connais pas la version originale car si j'adore Jimi, je fuis ses albums posthumes, ils ne m'inspirent absolument pas. Toujours est-il que, même si on ne connaît pas la chanson d'origine, Angel chantée par Rod Stewart, c'est un grand oui ! I'd Rather Go Blind est aussi à ranger aux rayons des reprises. Mais une reprise de qui ? Une reprise d'une chanson interprétée par Etta James. Une chanson soul, franchement remarquable. Mais la version de Rod The Mod l'est tout autant car, si elle est évidemment plus rock, elle conserve le timbre soul original. Clairement, l'originale et la reprise se valent ! Ce qui, admettons-le, n'est pas courant. Twistin' The Night Away est la dernière reprise du disque, le clôturant au passage. Par contre, sur ce coup-là, je serai moins positif : la chanson est incontestablement la seule chanson pas terrible du disque. Même quand on s'appelle Rod Stewart, Sam Cooke est intouchable.
Bon, maintenant qu'on s'est penché sur les reprises, on va mater un peu ce qu'il reste. Et je vais commencer par ce titre qui n'est pas une chanson : Interludings, une petite pièce acoustique de 40 secondes pile poil sur laquelle on entend que des guitares sèches. Bon, en lui-même, ce petit morceau n'a rien de désagréable, mais quel intérêt a-t-il ? Il ne sert même pas à introduire You Wear It Well qui est une chanson réussie, qui s'écoute bien, mais qui ne fait pas partie des meilleures de l'album. Dernière ligne droite, il ne nous reste plus que trois chansons à voir, les trois qui ont été composées par Ron Wood. A commencer par True Blue qui ouvre la première face. Une bonne chanson mais qui, tout comme You Wear It Well, ne fait pas partie des meilleures de l'album. Par contre, les deux autres chansons vont mettre un paquet de monde d'accord. A commencer par Los Paraguayos, une grosse tuerie sur laquelle les guitare sèches sont en furie et qui se voit rejoindre sur la fin par des cuivres du meilleur effet. Italian Girls est tout aussi mortelle. Et, pour ne rien gâcher, elle porte bien son titre étant donné que dans sa dernière minute, via l'utilisation de la guitare et du ciolon, elle lorgne fortement du côté de la musique traditionnelle italienne. C'est excellent !
Vous l'avez compris : ce disque est une vraie réussite et s'impose comme étant un album indispensable pour tout amateur de Rod Stewart bien entendu, mais aussi pour toute personne n'ayant à la base pas spécialement d'atomes crochus avec Rod The Mod. Comme je l'ai dit en début de chronique, c'est inférieur à Every Picture Tells A Story, mais c'est meilleur que Gasoline Alley.
Face A
True Blue
Los Paraguayos
Mama, You Been On My Mind
Italian Girls
Face B
Angel
Interludings
You Wear It Well
I'd Rather Go Blind
Twistin' The Night Away