On arrive à la fin du cycle sur la 'trilogie animalière' de Dario Argento mise en musique par Ennio Morricone (et orchestrée par Bruno Nicolai). Encore une fois, cet article sera plus court que de coutume, désolé, mais autant j'adore ces albums (mais, pour être honnête, celui-ci nettement moins que les deux autres), autant c'est difficile d'en parler aussi longuement que si c'était un album de rock. Ce troisième et dernier volet, c'est un film sorti en 1971, Quatre Mouches De Velours Gris, interprété par Michael Brandon, Mimsy Farmer, Jean-Pierre Marielle (oui, vous avez bien lu) et Bud Spencer. C'est encore une fois un giallo, ce sous-genre typiquement transalpin de polar horrifique. L'histoire, rapidement résumée, est la suivante : un batteur de rock est persuadé qu'un homme mystérieux le suit sans cesse, allant même jusqu'à le photographier. Un jour, il décide à son tour de suivre l'inconnu, et leur rencontre va jusqu'au point de non-retour : il le tue accidentellement. Par la suite, il va être la victime d'un maître-chanteur, tandis qu'autour de lui, des morts mystérieuses surviennent... Le film sera pendant longtemps une sorte d'Arlésienne dans le cinéma d'Argento : introuvable ou presque, rarement diffusé ou projeté en salles, il ne sortira en DVD, chez nous, qu'en 2014. C'est peut-être le moins bon de la 'trilogie animalière', car son intrigue est vraiment menée avec désinvolture (reproche que l'on fera, parfois, au film précédent, d'ailleurs) et le film est un peu trop 'léger' (pas mal de séquences et de personnages comiques). Mais on y trouve une atmosphère quasiment irréelle, et le film reste tout de même très très réussi dans son genre.
On ne peut hélas pas vraiment dire la même chose de sa musique. A la base, ne serait-ce que pour coller avec la profession de son personnage principal (batteur dans un groupe de rock), Argento aurait voulu que Deep Purple fasse la musique, mais ça ne pourra se faire, soit par refus du groupe ou de son management, soit par problème de disponibilité. Je ne vais pas dire la mort dans l'âme parce que, hein, ce second choix n'est vraiment pas honteux, mais Argento demande donc à Ennio Morricone, qui avait signé la bande-son des deux précédents films, de faire celle de ce troisième opus. Le souci majeur, c'est que Morricone a tenté, soit par idée personnelle, soit par suggestion d'Argento, de faire cadrer son style musical habituel avec la pop. Constitué en majeure partie d'une suite découpée en cinq parties et portant le nom de l'album, 4 Mosche Di Velluto Grigio est une vraie déception que j'aurais pu mettre dans la catégorie des ratages si ce n'était du Morricone. Mais le premier thème (à noter que le tracklisting en bas correspond à mon édition vinyle, une réédition récente ; l'ordre n'est pas forcément le même sur toutes les éditions, ni même le nombre de morceaux, car pour cette bande-son, ce fut apparemment assez chaotique), qui démarre en fanfare avec des Hallelujah ! dignes de la bande-son de Tout Le Monde Il Est Beau, Tout Le Monde Il Est Gentil (pourtant signée Michel Magne), ne fonctionne pas vraiment. Shake, qui achève la face A, est une tentative poussive de rock de la part d'un Morricone qui semble dépassé, et les vocalises sont grotesques. Seul Come Un Madrigale (éhontément placé deux fois de suite en fin d'album, dans sa version initiale et dans une version alternative qui ne présente quasiment aucune différence notable avec l'autre) et éventuellement le Titoli, version initiale, sont réussis. Sinon, cette grosse quarantaine de minutes est hélas le maillon faible de la trilogie. Un peu comme le film, mais en pire : autant le film, tout en étant le moins grandiose, reste un excellent giallo assez original, autant sa bande-son ne vous fera pas vous réveiller la nuit avec l'envie de remettre ça. Dommage...
FACE A
4 Mosche Di Velluto Grigio Suite 1
4 Mosche Di Velluto Grigio Suite 2
4 Mosche Di Velluto Grigio Suite 3
4 Mosche Di Velluto Grigio Suite 4
4 Mosche Di Velluto Grigio (Shake)
FACE B
4 Mosche Di Velluto Grigio Suite 5
4 Mosche Di Velluto Grigio (Titoli)
4 Mosche Di Velluto Grigio (Titoli) (alt. version)
Come Un Madrigale
Come Un Madrigale (alt. version)
La bande son, quant à elle est clairement la moins bonne des trois. Pour le coup, c'est dommage que le boulot ne se soit pas fait avec le Pourpre.