En 1975, tout comme en 1974, Johnny Hallyday sort deux albums studio. Lesquels sont, repectivement : Rock A Memphis et La Terre Promise. Ce dernier ayant déjà été chroniqué par Clash, je vais donc m'occuper du premier cité. L'album ne contient aucune création originale. Toutes les chansons qui le composent sont des reprises de chansons de rock n'roll. Ce n'est pas un cas isolé dans la discographie Hallydayienne. Johnny a déjà fait ça par le passé. Rappelez-vous de Johnny, Reviens ! Bref, comme son titre l'indique, l'album a été enregistré à Memphis et, à l'exception de Jean-Pierre Azoulay aux guitares, tous les zikos officiant sur ce disque, sont ricains. Et, parmi ces zikos, on retrouve notamment les Jordanaires, trio vocal masculin qui a longtemps accompagné Elvis Presley. Vous allez voir que, malgré une sincérité plus qu'évidente et donc un vrai respect des chansons originales, l'album, à défaut d'être une merde, n'est franchement pas un grand cru.
Treize chansons sont donc proposées par ce disque. Et, sur ces treize chansons, au moins huit sont des adaptations de standards du rock n'roll. A commencer par 37ème Etage, adaptation du Twenty Flight Rock d'Eddie Cochran. Reprise sympa, mais à des années-lumière de l'originale. Eddie Cochran est encore à l'honneur pour la chanson qui suit. En effet, La Fille De L'Eté Dernier, qui fut d'ailleurs un joli succès à l'époque, adapte Summertime Blues. Et, le constat est le même que précédemment. Si la reprise n'est pas à se pisser dessus de honte, ça ne vaut pas l'originale. On continue, passons à un autre standard : Tutti Frutti. La chanson est entièrement interprétée en anglais. Ce n'était pas prévu come ça au départ, mais Mallory n'arrivait pas à mettre des paroles françaises sur la chanson, donc elle sera chantée en anglais et comme ça, plus besoin de se faire chier davantage pour trouver des paroles françaises. Et là, désolé pour les fans de Johnny Guitar, mais c'est vraiment foirax. Voilà une preuve, s'il en fallait une, que si Johnny fut un excellent interprète, il n'était pas de taille pour chanter Little Richard ou Elvis. Elvis ayant repris cette chanson pour son album éponyme de 1955. Oh ! Sally est l'adaptation de, vous l'avez deviné, Long Tall Sally. Et, pour être tout à fait franc, je me demande pourquoi avoir choisi d'adapter ce titre étant donné qu'il l'avait déjà été sur Johnny, Reviens ! J'ai un peu de mal à comprendre. Et en plus, la version sur l'opus de 1964 est bien plus convaincante que celle sur cet opus de 1975. Déboule ensuite Comme Un Fou, adaptation de Stuck On You, chantée par Elvis en 1960, époque où le King était déjà passé du mauvais côté de la barrière. Une reprise sympa, mais qui ne casse pas des briques. La version originale, qui n'est elle-même pourtant pas grandiose, est plus recommandable. Qu'Est-Ce Que Tu Fais A L'Ecole, adaptation de High School Confidential de Jerry Lee Lewis, voit ce dernier, en personne, tenir le piano. Sérieux les mecs, je me suis toujours demandé ce qu'a pu ressentir Johnny, le jour où il a enregistré cette chanson. Lui, le fan de rock n'roll, chantait avec derrière lui, un des noms les plus ronflants du genre. Reprise sympa, mais pas plus. C'est d'ailleurs le maître mot de cet album, toutes les reprises, à l'exception de deux (à ce stade de la chronique, on en a déjà vu une) sont sympas, mais tellement loin de leur modèle original. Un Garçon Sur La Route, adapte Matchbox. Et, pour être honnête, même si ce n'est pas grandiose, c'est probablement la reprise la plus réussie de l'album. A noter plusieurs choses au sujet de cette chanson : 1) la version la plus connue est bien évidemment celle de Carl Perkins et qui date de 1958, 2) les Beatles en ont fait une reprise en 1964 qui figure sur un EP nommé Long Tall Sally !, enregistré pendant les sessions de A Hard Day's Night et qui ne contient que des reprises de standards de rock américain, 3) la chanson a été interprétée pour la première fois en 1927 par un blues man du nom de Blind Lemon Jefferson, 4) bien qu'elle ait été interprétée pour la première fois en 1927 et que, depuis 1958, elle est créditée à Carl Perkins, personne ne sait qui en est le véritable auteur et 5) le titre original de la chanson était en réalité Match Box Blues. C'est bon, vous avez tout enregistré ? Nickel ! Alors, on peut passer au huitième et dernier standard adapté : Adieu Miss Molly, adaptation, pas difficile de... de... Good Golly Miss Molly de Little Richard, qui d'ailleurs, était "seulement" l'interprète de cette chanson. Et, façon Hallyday, ce n'est pas bon du tout. Johnny peut brailler, n'est pas Little Richard qui veut.
Vous croyez que c'est fini ? Et bien non, il nous reste encore quelques chansons à voir. Pas beaucoup, cinq. Là, j'ai déjà fait plus de la moitié du boulot. On commence par Ma Chérie, C'Est Moi, adaptation de It'll Be Me de Jack Clement. Bon, les mecs, je ne vais pas me la jouer grand savant : ne la connaissant pas, je ne sais pas ce que vaut la version originale. Par contre, ce que je peux vous dire, c'est que cette version à la sauce Johnny, c'est vraiment pas le Stromboli. Pas honteux, sans aucun doute respectueux du modèle original, mais ça sort par une oreille et ça sort immédiatement par l'autre. Dégage adapte Slow Down de Larry Williams. A noter que cette chanson sera également reprise par les Beatles, toujours en 1964 et figure donc, tout comme la reprise de Matchbox, sur l'EP Long Tall Sally ! En ce qui concerne la version Hallyday, c'est à l'image des autres chansons de l'album : sympa, mais ça s'arrête là. Jeanie, Jeanie Et Ta Soeur arrive de suite après. Là aussi, je dois reconnaître que je ne connais pas la version originale. Je ne peux donc m'en tenir uniquement à cette version Hallydayienne. Et, encore une fois, c'est terrible d'avoir à se répéter ainsi, mais que dire d'autre, c'est sympa, mais pas plus. Nous avons Ma Mississipi Queen, adaptation de Get Back Memphis, créditée à W. Jackson. Il serait tentant de penser qu'il s'agit de Wanda Jackson, mais ce n'est pas le cas, il s'agit de Wayne Jackson un trompettiste de soul et de rythm and blues. Encore une fois, je ne connais pas la version originale, je ne peux juger que la version Johnny. Je vous dis ce que ça vaut ou vous avez deviné par vous même ? Je crois que vous avez deviné par vous même. Et, pour en finir avec la chronique et donc avec l'album, on retrouve Memphis USA, adaptation de Memphis Tennessee, chanson de Chuck Berry. Comment imaginer un album de reprises de chansons rock n'roll, sans la présence d'une chanson de Chuck Berry ? Même si je ne l'ai pas abordée dans le paragraphe précédent, ce qui signifie donc qu'elle n'est pas un standard, il n'en demeure pas moins vrai que c'est une excellente chanson. La version de Johnny ? Pour une fois, je vais dire les choses autrement : généralement, les adaptations de chansons de Chuck Berry étaient bien plus convaincantes quand elles émanaient d'Eddy Mitchell. Vous avez compris ce que je veux dire.
Voilà ce qu'est ce Rock A Memphis : un album qui, malgré deux foirages, est un petit cru sympa, qui ne fait de mal à personne, qui est fait avec passion et sincérité, mais qui ne casse pas des briques. Et l'album que fera Johnny juste après, c'est-à-dire La Terre Promise (album de reprises de chansons country) sera du même acabit. Pour les fans de Johnny, uniquement.
Face A
Ma Chérie, C'Est Moi
37ème Etage
La Fille De L'Eté Dernier
Dégage
Jeanie, Jeanie Et Ta Soeur
Ma Mississpi Queen
Tutti Frutti
Face B
Memphis USA
Oh ! Sally
Comme Un Fou
Qu'Est-Ce Que Tu Fais A L'Ecole
Un Garçon Sur La Route
Adieu Miss Molly