En avril 1973, alors qu'il approche des 30 piges, Johnny Hallyday sort Insolitudes, son 16ème album en studio. Insolitudes... vous vous demandez sans doute ce que signifie ce mot ? Tout comme vous avez pu vous demander ce que signifiait "inespoir" quand Thiéfaine a sorti son album Stratégie De L'Inespoir. Si "inespoir" existe, bien qu'il soit un terme employé très rarement, "insolitude" n'existe pas, il n'y a aucune définition. Ce qui, subséquemment, nous amène à penser qu'il s'agit d'un mot-valise regroupant les termes "insolite" et "solitude". Et encore, rien n'est sûr. Par contre, ce qui est sûr, c'est que dans cet album, de solitude, il en est souvent question. Rien que la pochette donne le ton. Et, de manière global, le pléthorique répertoire de Johnny comprend beaucoup de chansons axées sur le thème de la solitude. Bon, maintenant que j'ai fait mon petit blabla, j'en viens au contenu de l'album. Je ne vais pas vous dire que cet album est indispensable, ce n'est pas le cas. Mais, il n'empêche que c'est une surprise assez bonne. Il y a dedans quelques bonnes chansons. Et, même si au final il y a plus de merdes que de bonnes chansons, il est quand même beaucoup plus fréquentable que Country, Folk, Rock et que celui que Johnny sortira l'année suivante. Allez, on va regarder ça de plus près. Et, avant de commencer, je signale que, parmi les musiciens qui ont officié sur ce disque, on trouve notamment, accrochez-vous : Pete Frampton et Klaus Voorman !
L'album contient l'un des plus gros succès de la carrière de Johnny Guitar. Et en plus, ce gros succès ouvre l'album. La Musique Que J'Aime, ça vous dit quelque chose ? Oui, évidemment. Que pourrais-je vous dire à son sujet les gars ? Que Johnny l'a composée (ce qui est le cas) ? Que si Johnny a chanté énormément de merdasses au cours de sa longue carrière, cette chanson, en revanche, est à ranger au rayon des réussites. Clairement, c'est une excellente chanson. Il se dit même que, lors de l'enregistrement, Johnny s'est montré extrêmement pointilleux... dommage qu'il ne l'ait pas été plus souvent, ça nous aurait épargnés de bon nombre de merdes. Enfin bref, la chanson est un classique. Le statut n'est pas usurpé. Seulement voilà, les deux chansons qui suivent, à savoir Tu Peux Partir Si Tu Le Veux et Comme Un Corbeau Blanc, font méchamment retomber le soufflet. Les deux sont à chier des briques octogonales. A noter que Comme Un Corbeau Blanc avait été enregistrée en 1970 et devait figuer sur Vie, avant d'être écartée. Si cette chanson apparaît sur Insolitudes, c'est parce que Jean Renard, directeur artistique de Johnny à l'époque, ne pouvait pas pifrer l'album et estimait que cette chanson (composée par ses soins) donnerait un peu d'éclat au disque. Moi, je dis que Comme Un Corbeau Blanc aurait dû rester inédite éternellement, point barre. Après ces deux merdes, deux bonnes chansons se succèdent : Le Sorcier, Le Maudit et La Prison Des Orphelins. La première est un rock teigneux qui, s'il ne casse pas des briques, fait quand même du bien par où il passe. Alors que la seconde, si elle est parfois un peu facile, est une belle chanson. Rien d'étonnant à ce que Johnny ait pu chanter ça car, s'il n'a pas été orphelin au sens propre du terme, il a quand même grandi sans père et sans mère. La face A se clotûre sur Soupçons, une adaptation de Suspicious Minds, chanson enregistrée par Elvis en 1969. Soyons clair : si la version du King est une incontestable réussite, la version Hallyday est une pure merde de brebis diarrhéique. La Face B s'ouvre sur Le Feu. Et là les gars, je ne vais pas y aller par quatre chemins : même si La Musique Que J'Aime est la meilleure chanson de l'album, Le Feu n'en demeure pas moins excellente. Johnny braille comme s'il chiait de la nitroglycérine. Et, derrière lui, Pete Frampton, s'éclate avec sa guitare et sa pédale. Par contre, la doublette qui suit, composée de La Solitude et Moraya, fait sérieusement mal au cul. Les deux, encore une fois, sont à chier des briques. J'Ai Besoin D'Un Ami est une ballade certes un peu facile, mais vraiment belle quand même. Et qui a pour gros point fort de ne durer qu'à peine plus de deux minutes. Elle aurait duré ne serait-ce qu'une minute de plus, elle était à foutre à la poubelle. Alors que là, c'est pile poil ce qu'il faut. Le disque s'achève sur Le Droit De Vivre, une chanson qui, autant le dire, est emmerdante comme le serait la journée d'un touriste qui se serait rendu en Thaïlande pendant la saison des pluies. On se fait royalement chier pendant l'écoute de cette chanson. Dire qu'elle termine mal l'album relève du pléonasme.
Insolitudes offre donc un total de onze chansons, et sur ces onze chansons, on en trouve cinq de bonnes, pour six merdes. Le ratio est donc négatif. Ce qui fait que ce disque est indispensable seulement aux fans acharnés de Johnny. Mais, j'aime autant vous le dire franchement, même si ce disque n'est pas grandiose et qu'il contient de vraies sombres merdes, j'aime mieux le réécouter lui, plutôt que de me rebouffer des étrons flotteurs comme La Peur, Quelque Part Un Aigle, Ce Que Je Sais, A La Vie, A La Mort, Ma Vérité ou Ça Ne Finira Jamais.
Face A
La Musique Que J'Aime
Tu Peux Partir Si Tu Le Veux
Comme Un Corbeau Blanc
Le Sorcier, Le Maudit
La Prison Des Orphelins
Soupçons
Face B
Le Feu
La Solitude
Moraya
J'Ai Besoin D'Un Ami
Le Droit De Vivre