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Récemment, MaxRSS a eu la bonne idée d'aborder, sur le blog, via l'album Mellow Yellow, le cas Donovan. Né en Ecosse en 1946, Donovan Leitch est considéré comme le Bob Dylan britannique (lequel n'est pas considéré comme le Donovan américain), et on ne saurait nier ou sous-estimer l'immense talent de ce chanteur qui, malgré quelques tubes à son actif (Mellow Yellow, Sunshine Superman...), n'a cependant jamais réussi à obtenir une carrière aussi brillante que celle de son homologue du Nouveau Monde. En 1966, Donovan pousse quelques choeurs amusants (déformant allègrement sa voix) et non-crédités sur le Yellow Submarine des Beatles, sur leur Revolver (les Sky of blue, sea of green, c'est lui). Je ne sais pas si c'est à cette occasion, ou plus tôt que ça (je pense que ça doit être plus tôt que ça) qu'il fait la connaissance des Fab Four, mais toujours est-il que quand les quatre zigotos décident, pour se ressourcer, d'aller à Rishikesh, en Inde, dans un Ashram, en février 1968, Donovan fait partie du lot. A ce moment précis, il est en cours d'enregistrement (ça s'étend de novembre 1967 à avril 1968, et l'album sortira en septembre de la même année) de son sixième album studio (et septième tout court, vu que son précédent est un live), The Hurdy Gurdy Man. Album qui ne sortira pas en Angleterre suite à une brouille contractuelle qui a fait que les deux albums studios précédents du chanteur, Sunshine Superman et Mellow Yellow, ne sortiront pas, eux aussi, en Perfide Albion (fallait se tourner vers l'import pour se les procurer) à l'époque. C'est quand même con, pour un artiste anglais (OK, écossais ! Bon Dieu !) de ne pas avoir ses albums sortis dans son propre pays (OK, l'Ecosse ! Merde !)...

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Sorti sur le label Epic, The Hurdy Gurdy Man contient 35 minutes de musique (pour 13 titres, les morceaux sont dans l'ensemble courts, le plus long ne faisant que 4 minutes), sous une pochette assez curieuse représentant, en un dessin presque enfantin, un nénuphar sur de l'eau, bien feuillu, surmonté d'un petit zoziau rouge, le tout au centre d'une pochette d'un beau vert. Au dos, une photo en très gros plan, en très contrastée, d'un Donovan comme grimaçant, le tracklisting imprimé par-dessus. Pas aussi joli que le recto. J'aime beaucoup la pochette de cet album, j'aime encore mieux son contenu, extrêmement varié, qui fait que je me suis un temps demandé dans quelle catégorie classer ce disque : folk, jazz, rock ? Le plus simple, le plus logique, et c'est ce que j'ai fait, est de classer The Hurdy Gurdy Man dans la folk, dont acte. Mais si plusieurs chansons (comme le morceau-titre, composé et écrit à Rishikesh ; Harrison avait, pour ce titre, écrit un couplet qui ne sera pas dans la version enregistrée pour l'album afin que le morceau ne soit pas trop long pour sortir en single, mais Donovan chantera ce couplet supplémentaire en live) sont de la folk, d'autres partent dans des directions totalement différentes. As I Recall It est du swing jazzy, Get Thy Bearings (que King Crimson jouera live en 1969 et 1971, dans des versions très expérimentales) est lui, du jazz, tout simplement ; Tangier, morceau le plus long, nous embarque loin, très loin, ambiance orientalisante de toute beauté ; Jennifer Juniper, un des classiques (l'autre est le morceau-titre) de l'album, c'est de la pop...

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The River Song, Peregrine, Tangier, sont des morceaux franchement expérimentaux par moments, alors que West Indian Lady et The Sun Is A Very Magic Felllow sont du Donovan pop/folk pur sucre qui n'auraient pas dépareillé sur les albums précédents du chanteur. Au final, The Hurdy Gurdy Man est probablement un des meilleurs opus de Donovan (Mellow Yellow, le double A Gift From A Flower To A Garden qu'il avait sorti auparavant et Barabajagal sont également très recommandables), un de ses plus variés, un de ses plus aventureux, et malgré son grand âge, il a super bien vieilli, enfin je trouve (belle production de Mickie Most). A noter qu'il paraîtrait, que certains membres de Led Zeppelin (tous sauf Plant, en fait), groupe qui n'était à l'époque pas encore fondé, joueraient sur le disque. L'édition vinyle que je possède n'ayant aucun crédit de musiciens, je ne peux pas le dire, mais Page, Jones et Bonham auraient cependant bel et bien participé, parmi d'autres, à l'album, pas forcément sur le même morceau. Un album que je conseille fortement aux fans de folk et d'expérimentations psyché/jazz de l'époque !

FACE A

The Hurdy Gurdy Man

Peregrine

The Entertainment Of A Shy Girl

As I Recall It

Get Thy Bearings

Hi It's Been A Long Time

West Indian Lady

FACE B

Jennifer Juniper

The River Song

Tangier

A Sunny Day

The Sun Is A Very Magic Fellow

Teas