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Pour ce 366ème track-by-track, un album studio de Bernard Lavilliers. Et pas n'importe lequel : O Gringo, qui est sorti en 1980 et qui est son septième opus. Bon, autant le dire : ce disque, lors de sa sortie, n'a pas eu de bol car il lui fallait succéder à cet album dantesque qu'est Pouvoirs. Lequel, malgré sa réussite artistique totale, s'est mangé un vilain bide. O Gringo, malgré sa place peu enviable dans la disco de Nanard fera coup double : non seulement c'est une réussite artistique totale et en plus, ce sera un très gros succès qui asseoira définitivement le statut de Lavilliers. Il faut savoir que cet album tres éclectique est sorti dans une édition comprenant un 33 tours offrant huit chansons et un maxi 45 tours offrant deux chansons. Lors de la réédition CD en 1989, les deux titres du maxi 45 tours d'origine seront bien évidemment incorporés aux huit titres du 33 tours. Comme d'habitude, je parlerai de l'édition originale, cette chronique sera donc scindée en deux parties. Allez, ne perdons plus de temps et allons foutre le nez dans ce chef-d'oeuvre !

33 tours :

Rock City : Une grosse décharge rock en guise d'ouverture. Ce qui n'est pas chose courante chez Lavilliers. Bien sûr, la chanson est caricaturale. Aussi bien dans son texte que dans son interprétation, mais c'est assumé totalement, ce qui rend cette chanson encore plus jouissive qu'elle ne l'est déjà. Certains apprécieront, d'autres pas. Moi, je fais clairement partie du premier camp.

La Salsa : C'est une latine de Manhattan, de la résine de macadam, un coup de fouet, de haut en bas, qui te soulève, c'est la Salsa. C'est une frangine portoricaine, qui vit dans le Spanish Harlem, les reins cambrés au bon endroit, elle est superbe, c'est la Salsa. Que dire face à une pareille chanson ? Succès et classique intouchable du Gringo. Démarrant par une ligne de basse génial et s'achevant dans un tonnerre de cuivres de la plus belle eau. Le top !

O Gringo : La chanson titre. Et, je peux vous garantir que ce n'est pas de la pisse de chat. On est en plein dans ce que la musique brésilienne a de meilleur. Je ne peux malheureusement rien vous dire de plus au sujet de cette chanson. Ecoutez simplement. C'est remarquable.

Sertão : Encore une immersion dans la musique brésilienne... pour un résultat encore plus convaincant que O Gringo. Je ne plaisante pas. La chanson est scindée en deux parties : calme d'abord, rythmée par des arpèges de guitare sur lesquels Nanard déclame son texte. La seconde partie est beaucoup plus enlevée. On touche au sublime. Et, juste pour l'info : le Sertão (prononcez : Sertant (t muet)) est une zone aride située au Nord-est du Brésil, non loin de Recife.

Attention Fragile : Nouveau très gros succès pour notre Nanard national baroudeur et nouveau gros classique ! Il faut dire que cette chanson est tout simplement intouchable. Arpèges de guitare électrique sur les couplets et refrain teigneux à souhait. Résultat imparable. Et une grande chanson de plus pour l'album qui, de toutes façons, ne contient que ça.

Pierrot-La-Lame : La chanson la moins forte du disque. Et encore, c'est vraiment pour enculer les mouches. Car si Nanard ne s'est effectivement pas trop cassé le cul pour l'écriture des paroles, il a en revanche envoyé le paquet pour la musique. Qui n'a jamais pris un pied d'enfer à l'écoute de ces deux parties instrumentales dominée par des cuivres en folie ? Telle est une des forces de O Gringo : même sa chanson la moins forte est remarquable !

Kingston : Même si ça parait logique, je vais quand même spécifier dans quel style tape cette chanson. Après tout, tout le monde ne connaît pas très bien Lavilliers. Ici, on donne de le reggae. Et, celles et ceux qui ont pu lire mes différentes chroniques et commentaires laissés ça et là, savent très bien que je suis assez réticent quand des artistes européens se collent à ce style-là. Mais, chez nous, dans notre bonne vieille France, on a eu au moins deux artistes qui ont pigé ce qu'est le reagge : Gainsbourg et Lavilliers donc. Et c'est tout simplement excellent. Kingston kill some, quand le soleil descend à Downtown !

Est-Ce Ainsi Que Les Hommes Vivent ? : Vous le savez, Bernard Lavilliers, au cours de ses premières années de carrière, a été très très influencé par Léo Ferré. Alors, quoi de plus logique que de le voir reprendre un texte d'Aragon que Ferré lui-même avait mis en musique et interprété précédemment ? Que puis-je vous dire de plus si ce n'est que cette reprise assez rock est en tous points admirable ?

Maxi 45 tours :

Traffic : Lentement je vois, cet univers-là, glisser vers le froid, le compte à rebours, dans l'air nucléaire, les derniers rebelles, brûlent sous les lasers, du manque d'amour. Que veux-tu que je sois, dans cette société-là, un ange ou un cobra, un tueur ou un rat, où veux tu que je vive, dans la radioactive, comment veux-tu que je meure, d'un bel accord mineur. Ce refrain archi connu se suffit à lui-même. Grandiose chanson bien teigneuse et bien rock avec des notes de claviers qui vous sautent directement à la tronche. Un gros succès et un gros classique de plus pour Nanard les gros bras, cheveux bouclés, oreille percée.

Stand The Ghetto : Si tu danses reggae, si tu penses reggae, tu balances reggae, sans défense reggae, c'est spécial reggae, infernal reggae, ça commence à cogner, comme un coeur régulier. I and I love the island in the sun, I and I know when and where I go, but it is so hard to feed my kids, but it is so hard to stand the ghetto. Ces quelques paroles et ce refrain se suffisent à eux-même. Cette chanson, gros succès et gros classique intouchable du Gringo est un reggae infernal reconnaissable dès la première seconde. Monstrueux, monstrueux et... monstrueux !

C'est clair comme de l'eau de roche : ce disque est une des pièces maîtresses de la discographie de Lavilliers. Un album varié, riches en sonorités et qui est ABSOLUMENT indispensable à tout fan du chanteur bien sûr, mais aussi à tout fan de bonne chanson française. Une discothèque sans cet album ? C'est inenvisageable. Alors, si vous ne l'avez pas, bougez-vous le cul et prenez-le. Il n'est pas dur à trouver et le prix est plus qu'abordable !

33 tours:

Face A

Rock City

La Salsa

O Gringo

Sertão

Face B

Attention Fragile

Pierrot-La-Lame

Kingston

Est-Ce Ainsi Que Les Hommes Vivent ?

Maxi 45 tours :

Face A

Traffic

Face B

Stand The Ghetto