LD1

Encore un album que j'ai découvert (celui-là, je ne sais pas si j'aurais pu le découvrir autrement) par le biais du livre Collector de Manoeuvre. Je ne vais pas encore rappeler (l'an dernier, j'ai publié pas mal d'articles sur des albums abordés dans ce livre qui recense une centaine d'albums méconnus, oubliés, mais que Manoeuvre adore et défend) ce qu'est ce livre, et merde, en fait, je viens de le faire rapidement dans la parenthèse qui précède, allez vérifier si vous ne me croyez pas, ah vous voyez, j'avais bien raison, pourquoi avez-vous été vérifier ? Cet album est le quatrième et avant-dernier album studio de Lee Dorsey, un artiste de soul/rhythm'n'blues originaire de la Nouvelle-Orléans, il y est né en 1926, il y est mort en 1986. Dorsey, c'est l'immortel chanteur de Ya Ya, un des classiques des années 60, un morceau repris notamment par Lennon sur son Rock'n'Roll (mais aussi, en version très courte et basique, sur son Walls And Bridges). Cette chanson se trouvait sur son premier album, qui lui devait son nom, en 1962. L'album qui nous intéresse, lui, date de 1970, et sa pochette montre Dorsey adossé à une branche d'arbre, avec lunettes noires et chapeau de paille. L'album a été enregistré avec les Meters, fameux groupe de funk (écoutez leur Rejuvenation) et l'ensemble des morceaux est signé du grand Allen Toussaint (qui produit l'album), à l'exception du second titre de la seconde face, signé Joe South. 

LD2

L'album porte un titre qui, depuis la campagne présidentielle américaine de 2008 (celle qui a amené Obama président pour la première fois, je veux dire), est fortement politisé, impossible à dissocier d'Obama : Yes We Can. C'était le slogan de sa campagne. C'est aussi le titre de cet album, et de sa chanson-titre (découpée en deux parties, totalisant 7 minutes), et il est important de signaler que ça n'a évidemment rien à voir. Enfin, je ne veux pas dire par là que Barack Obama ne connaît pas l'oeuvre de Dorsey, c'est peut-être le cas, ou peut-être pas, mais c'est une similitude de titre, rien d'autre, et il ne faut pas chercher de liens là où il n'y en à pas. Cet album est un régal de rhythm'n'blues teinté de soul, c'est tout. Il dure 36 minutes, offre 12 titres dont plusieurs classiques qui seront repris par les plus grands (j'y reviens). On y trouve aussi, hélas, et en final d'album (doublement hélas), Would You ?, un morceau non-musical, une sorte de sketch enregistré en public (devant une audience restreinte, cependant, il me semble), un spoken-word de presque 4 minutes au cours duquel Dorsey parle, sort des blagues, fait rire le public... Non seulement il faut comprendre l'anglais parlé pour comprendre et rigoler (enfin, surtout pour piger), mais c'est d'un ennui, un gâchis de vinyle, même si le morceau ne dure que 3,45 minutes. C'est le seul défaut de l'album.

LD3

Mais Yes We Can offre une ribambelle de classiques qui furent repris par d'autres artistes : Sneakin' Sally Thru' The Alley sera reprise par Ringo Starr sur son (pitoyable) Ringo The IVth en 1977, et avant ça, par Robert Palmer sur son géniallissime premier album de 1974 qui porte le nom de la chanson ; et on a Occapella, que Ringo Starr, oui, encore lui, a repris en 1974 sur son Goodnight Vienna. On peut aussi citer (ces morceaux ont peut-être, ou peut-être pas, été repris, je n'en sais rien, mais ils sont géniaux) Riverboat, Gator Tail, Who's Gonna Help Brother Get Further et les deux parties de Yes We Can, un régal de rhythm'n'blues louisianais. Génialement enregistré et interprété (la voix de Lee Dorsey est inimitable), rempli de super chansons, ce disque de 1970 est malheureusement trop méconnu, il ne sera pas un succès monumental à sa sortie, Dorsey n'ayant jamais été un gros vendeur. Mais c'est une incontestable réussite, et probablement son meilleur album. Recommandé !

FACE A

Yes We Can - Part 1

Riverboat

Tears Tears And More Tears

O Me-O, My-O

Sneakin' Sally Thru' The Alley

Yes We Can - Part 2

FACE B

Who's Gonna Help Brother Get Further

Games People Play

When The Bill's Paid

Occapella

Gator Tail

Would You ?