Hier, le nouvel album de Ringo Starr est sorti. Et si vous me répondez mais qui c'est, ce Ringo Starr ?, croyez-moi, je vous envoie mon poing dans la gueule et mon pied au cul, et en même temps (ça sera sans doute difficile, mais j'y parviendrai). Ce sacré Ringo, un des deux Beatles survivants avec Paul McCartney (qui joue de sa fameuse basse sur un titre, ici, mais je vais y reviendre plus bas), n'a quasiment jamais cessé de faire de la musique, sauf durant une période (1984/1990) où il faisait vivre les vendeurs de bibine. On ne s'étonnera donc pas que son 20ème (si j'ai bien compté) album studio soit dans les bacs. On ne s'étonnera pas non plus que je sois là, présent, en première ligne, pour l'aborder ici. Bikoze je suis un grand fan des Beatles, en tant que groupe mais aussi de leurs différentes carrières solo. Hé, les mecs, j'adore Dark Horse, Some Time In New York City et Goodnight Vienna, donc vous vous doutez bien que je ne crains rien ! En même temps, avec Richard Starkey (son vrai nom, mais tout le monde le sait depuis la chute de Sauron), il n'y à rien à craindre : le bonhomme, sympathique comme un chèque de remboursement de vos impôts, n'a essayé qu'à deux reprises de faire quelque chose de 'novateur', et ce furent ses deux premiers albums : Sentimental Journey (1970 ; au passage, en cette année où chaque Bitteuls a sorti un disque, lui en a sorti deux, et il a été le premier à en sortir en 1970), disque de reprises de vieilles chansons, à la sauce ancienne ; et Beaucoups Of Blues (1970), enregistré à Nashville, disque de chansons country (des originales, pas des reprises). Si le premier album est daté et secondaire, le second est un de ses chefs d'oeuvre.
Car il en a fait, putain, des chefs d'oeuvre, le Ringo. Pas autant que les autres Beatles, clair, mais il y à au moins, alléï, cinq albums, et peut-être même six, qui sont d'un niveau tout bonnement remarquable : Beaucoups Of Blues, Ringo (1973, sur lequel tous les Beatles jouent, mais jamais sur le même titre), Time Takes Time (1992, son retour), Vertical Man (1998, sans doute mon préféré, peut-être le meilleur tout compte fait), Y Not (2010). Et le sixième ? What's My Name, celui qui vient tout juste de sortir du four. Hé oui, les mecs, ce nouvel album de Ringo, contre toute attente, est assurément un de ses meilleurs. Pourtant, Ringo en est arrivé à un stade où il n'a rien à prouver (on sait qui il est, d'où il vient, son capital sympathie n'a jamais été érodé), et on pensait bien qu'il continuerait gentiment à faire des albums classiques, sans prise de tête, des petites balles agréables mais qui ne valent, au final, pas excessivement grand chose. Comme on le dit dans le XVIème arrondissement de Paris, avec des albums comme Postcards From Paradise (2015) ou Give More Love (2017), il n'y à pas grand chose à se carrer dans l'oignon. C'est de la pop sympa, bien enregistrée avec ses amis musiciens fidèles (Steve Lukather, Benmont Tench, Joe Walsh, Edgar Winter...Macca), mais sans aucune prétention, aucun génie. Aucun tube (le dernier tube de Ringo, si je ne m'abuse, remonte à 1992 et Weight Of The World, et ce ne fut pas un tube monumental...), des albums que l'on oublie une fois rangés sur leur étagère... Rien à voir avec le dernier Macca, que l'on écoute en boucle pour essayer de choper tous ses secrets de production.
What's My Name offre 35 minutes, et 10 titres, de pop bien troussée, mais sans surprise, donc, enregistrée avec ses amis musiciens fidèles, que j'ai cités plus haut pour les plus illustres. On y trouve une reprise amusante de Money (That's What I Want) que les Beatles avaient repris en 1963. On y trouve aussi et surtout une autre reprise, Grow Old With Me de Lennon, sur laquelle Ringo joue avec Macca. Et sur lequel des arrangements de cordes reprennent un riff de guitare très typique de George Harrison. Manière comme une autre de caser les quatre Beatles sur le morceau. Symboliquement, évidemment. Une belle reprise, un peu sirupeuse certes, mais belle. Le reste, ce sont des originaux, composés par Ringo et ses amis. Gotta Get Up To Get Down est cosignée avec Joe Walsh (dont on va reparler d'ici un peu plus d'une semaine, les mecs) et est un morceau étonnant et, vraiment, sympa et réussi. It's Not Love That You Want est, elle, cosignée par Dave Stewart (Eurythmics, SuperHeavy), qui joue dessus ; Magic, cosignée par Steve Lukather (Toto)... Toutes ces chansons sont excellentes, faisant de ce vingtième opus studio son plus réjouissant depuis Y Not, au moins aussi bon, et peut-être même un petit peu meilleur, que lui. Moi qui pensais, surtout depuis ses trois précédents opus (Ringo 2012, qui est nul, et Postcards From Paradise et Give More Love, très corrects mais pas grandioses pour un sou), que Ringo n'avait plus rien à offrir, je suis sur le Q. C'est bien le premier album de Ringo, depuis 2010, que j'ai envie de réécouter, et pas qu'une fois. Le fait qu'il soit si court n'est pas un défaut, on n'a pas le temps de s'ennuyer, c'est 35 minutes de bonne pop, sans grande surprise mais faite avec amour. Dommage, en revanche, que la pochette soit si pourrie (et là aussi, franchement, peu originale, cette fameuse posture doigts en V, Ringo nous la sert depuis des lustres), mais le contenu, lui, bat totalement le contenant. Définitivement, j'adore ce nouvel album de Ringo, et si ça ne devait pas être son dernier, j'espère que le suivant sera, au moins, du même niveau !
FACE A
Gotta Get Up To Get Down
It's Not Love That You Want
Grow Old With Me
Magic
Money (That's What I Want)
FACE B
Better Days
Life Is Good
Thank God For Music
Send Love Spread Peace
What's My Name