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On termine ce cycle Cat Stevens avec un album que je ne voulais pas vraiment aborder, parce que je crains un peu de devoir en parler. C'est son onzième album studio, son douzième tout court, et donc le dixième du cycle (prenez donc un Doliprane, ça va passer), et c'est un album sorti en 1978 (en toute fin d'année, début décembre) et enregistré en novembre de la même année en à peu près autant de studios différents (à Copenhague,au Québec, à Londres, New York, dans le Massachusetts...) que pour son précédent opus. C'est Back To Earth, un album sorti sous une très belle pochette représentant un torrent, album qui a été coproduit par Stevens et par Paul Samwell-Smith. Niveau musiciens, on y retrouve les fidèles des fidèles, Conway, Lynch, Rousel, Davies. Back To Earth fait suite à Izitso, un album sans doute un peu inégal, et clairement pas du niveau des joyaux de l'ère 1970/74, mais tout de même un bon petit album sans prétention (qui, de plus, faisait suite à un ratage quasi intégral, Numbers). Izitso a réussi, malgré une pochette peu engageante, à sauver le cul de Cat Stevens. Il datait de 1977 et peu de temps après sa sortie, le chanteur embrasse la foi musulmane (et se marie par la même occasion, avec une musulmane). Courant 1978, il décide de changer de nom pour Yusuf Islam, ce qui perdure encore évidemment, et de tout arrêter de sa carrière médiatique et artistique. Il l'annonce : encore un disque, et puis s'en va.

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Verso de pochette vinyle ; on ne le distingue pas forcément ici, mais le titre de l'album (en haut à droite) est gaufré, incrusté dans la pochette

Ce encore un disque, ça sera donc Back To Earth, sorti sous son ancien nom (ne cherchez pas le nom de Yusuf Islam sur la pochette, vous perdriez votre temps), un album court (32 minutes, 10 titres dont 2 instrumentaux). Une fois ce disque sorti, Cat/Yusuf annonce qu'il ne chantera plus, sur scène, ses chansons datant d'avant sa conversion, et qu'il ne refera sans doute plus d'album, en tout cas, pas tout de suite. Il en refera, des albums : dès 1995, il sortira des albums de spoken-words, des albums autoproduits dans lesquels il clame son amour pour Allah, entonne des prières et donne des conseils pour la foi, notamment pour les enfants. Il ne refera un disque de chansons qu'en 2006 (An Other Cup), toujours sous le nom de Yusuf Islam. Ses albums religieux ne sont très certainement disponibles que sur Internet et/ou dans des lieux saints de l'Islam, mais ne sont pas sortis (et n'ont pas été faits) pour le marché occidental. Ses albums de chansons à partir de 2006, eux, si. Et Cat/Yusuf fait des concerts, au cours desquels il interprète sans doute des chansons de son ancienne vie. Et ce, d'autant plus que son dernier album en date, The Laughing Apple (2017), est sorti sous son ancien nom, accolé à son nom de converti. 

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Mais il serait temps de revenir à Back To Earth, non ? Je n'ai pas encore parlé du contenu musical de cet album. Je n'en ai pas la moindre envie, en même temps, tant ce disque, j'en m'en fous un peu. Honnêtement, je n'éprouve rien pour ce disque, qui m'indiffère par sa platitude, on a affaire à Izitso en moins bon, aucun titre (on notera que les deux singles promotionnels, Bad Brakes et Randy, foireront minablement dans les charts) ne surnage, l'un d'entre eux, Never, indique que Cat reviendra peut-être un jour à la musique (oui, en effet, mais ça sera presque 30 ans plus tard) malgré ce qu'il avait dit dans la presse avant l'enregistrement de l'album, et un autre, Daytime, a été écrit en faveur de l'organisation UNICEF, pour laquelle il avait déjà cédé les droits d'un album entier, le live Saturnight (1974). C'est donc une chose positive à dire sur l'album, la seule probablement (mis à part que, vocalement, Cat chante aussi bien, ici, que sur ses précédents opus), parce que, sinon, Back To Earth n'est vraiment pas un album réussi. On s'emmerde tout du long malgré une durée rikiki (tiens, encore un bon point !), aucune chanson n'attire l'attention, certaines sont même franchement insipides (Randy, Last Love Song)... A oublier. Hélas, trois fois hélas, la discographie de Stevens, du moins pendant 27 ans, s'arrête sur ça

FACE A

Just Another Night

Daytime

Bad Brakes

Randy

The Artist

FACE B

Last Love Song

Nascimento

Father

New York Times

Never