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1975 : Cat Stevens se perd dans un projet conceptuel (avec pochette compliquée et livret, et tout et tout, on a juste évité la pochette ouvrante en trois volets à la Yes ou ELP) qui va se ramasser bien comme il faut dans les charts, étonner (dans le mauvais sens du terme) les fans et fortement contrarier la critique : Numbers. Un disque franchement raté, heureusement court, sur lequel aucun hit ne surnage (normal, y'en à pas !), et qui a bien failli occasionner la fin du contrat de Cat avec sa maison de disques. Ca n'empêche pas Cat de faire des concerts (en 2004, un live enregistré en 1976, Magikat, sur lequel on trouve deux titres de Numbers, est sorti), mais il va en revanche attendre un peu avant de ressortir un album. Son album suivant, le voici, il a été enregistré entre septembre 1976 et mars 1977 en divers studios (Muscle Shoals dans l'Alabama ; Le Studio à Morin Heights, Québec ; Ardent Studios de Memphis ; Sound 80 Studio de Minneapolis ; Sweet Silence Studios de Copenhague, Danemark ; jamais Cat n'a été en autant de lieux différents pour un seul et même album !) et sortira en avril 1977. Produit par Cat Stevens et David Kershenbaum, il s'appelle Izitso (j'imagine que c'est un raccourci catstevensien pour "is it so ?") et sa pochette est...euh... Vous connaissez l'adage on ne juge pas un livre sur sa couverture ? Oui ? Bah ça tombe bien, alors, parce qu'on est en plein dedans.

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Sincèrement, quand j'ai découvert les albums de Stevens, en vinyle, je n'avais pas vraiment envie de l'écouter, celui-là. Sa pochette bien criarde me gueulait nanar ! nanar ! en pleine face. Il n'en est, en fait, rien ; si Izitso n'est pas le meilleur album du chanteur (on en est même loin), c'est un album qui mérite vraiment la (re)découverte, mais il est vrai que sa pochette pue de la gueule comme un saint-bernard venant de s'enfiler un maroilles ayant mariné dans des oignons rouges. On y voit, sur un fond rouge (et avec un cadre jaune, en plus), Cat en train de jouer au yoto (un yoyo rouge, de plus). On ne distingue quasiment pas le visage, bouffé par le cadre et la bordure de la photo, de Cat. Le titre apparaît en lettrage façon paquet de Gitanes, en bleu (de la même teinte que les paquets de clopes de cette marque, en plus, ou peu s'en faut). Au verso, c'est un blanc virginal, sans illustration ni rien, juste le tracklisting (un insert cartonné de petite taille, avec qui joue quoi, est glissé dans la pochette). Mais la pochette ouvrante, oulala, c'est une accumulation de dessins (signés Cat), enfantins, sur fond jaune criard, pour illustrer les paroles. Une seule comparaison me vient en tête, celle avec le Gone Troppo de George Harrison (1982). Et encore. L'album offre 10 titres (dont deux instrumentaux, Kypros  - à ce sujet, pour en revenir au Gone Troppo de Harrison qui n'a, sinon, rien à voir du tout avec Izitso, il contient un instrumental au nom similaire, Greece, ce qui est une belle coïncidence - et Was Dog A Doughnut ?, dont le titre, idiot comme c'est pas permis autrement, est inspiré par un article de journal au titre similaire, qui fit hurler de rire Cat Stevens, mais l'énerva aussi profondément, "Was God An Astronaut ?") pour 36 minutes.

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Cat, qui se convertira à l'Islam peu de temps après ce disque (et changera de nom pour Yusuf Islam et tirera un trait sur sa carrière peu de temps avant la sortie de son album suivant, en 1978), avait promis à sa maison de disques qu'il ne fera pas de Numbers 2, mais un disque avec des hits potentiels, et il a tenu parole. L'album s'ouvre sur le tonitruant (un peu trop à mon goût : les claviers...) et plutôt sympatoche (Remember The Days Of The) Old Schoolyard, en duo avec la chanteuse Elkie Brooks, qui donne le ton, très pop et synthétique, de l'album. Child For A Day, Sweet Jamaica, Bonfire et l'éloquent (I Never Wanted) To Be A Star sont d'autres chansons très réussies qui font de ce disque méconnu et mal-aimé une belle surprise. Certes, tout n'est pas parfait (Killin' Time et l'instrumental Was Dog A Doughnut ? sont médiocres), et la production est un peu datée, mais dans l'ensemble, Izitso mérite vraiment mieux que sa réputation, ce n'est pas un grand cru de Cat, mais un disque honnête, son dernier bon disque sorti sous son premier nom. A (re)découvrir, donc. 

FACE A

(Remember The Days Of The) Old Schoolyard

Life

Killin'Time

Kypros

Bonfire

FACE B

(I Never Wanted) To Be A Star

Crazy

Sweet Jamaica

Was Dog A Doughnut ?

Child For A Day