CS7

Pour ce troisième opus du cycle Cat Stevens, on va parler d'un chef d'oeuvre total, intersidéral, tellement parfait qu'il renvoie le pourtant gigantesque précédent album dans les pâquerettes. Et ce n'est même pas mon préféré de lui (si vous voulez savoir lequel est-ce, mon préféré, c'est le suivant, sorti en 1972, que j'aborde demain, mais patience), même si c'est tout de même un de mes préférés derrière le suivant. Il date d'octobre 1971, a été enregistré entre juillet 1970 (soit dès la fin des sessions de l'album précédent, Tea For The Tillerman) et mars 1971, est sorti sous une belle pochette entièrement dessinée par Cat, et il s'appelle Teaser And The Firecat. Court (32 minutes, 10 titres), cet album partage son titre avec un livre illustré pour enfants fait, à la même époque, par Cat Stevens, racontant une histoire avec les deux personnages de la pochette : un garçon du nom de Teaser, arborant un haut-de-forme, et un chat roux, le Firecat. Sur la pochette, le dessin, on le voit, représente Teaser en train d'aguicher le chat avec une arète de poisson, assis sur le rebord du trottoir devant une palissade, de nuit (le verso représente le détail très agrandi des jambes de Teaser, et à l'intérieur de la pochette ouvrante, on a les paroles des chansons et une grande photo de Cat Stevens). A noter que le carton de pochette est, du moins pour certains pressages, assez doux et pelucheux au toucher, et que, là aussi sur certains pressages (dont le mien), la pochette n'est pas sur fond blanc, pour le recto, mais d'un vert clair. 

CS8

Trois singles seront issus de ce disque : Peace Train, Moonshadow et surtout Morning Has Broken, une des plus belles chansons du Cat, une pure merveille lancée par un piano (joué par Rick Wakeman, non crédité) cristallin. Ces trois chansons suffisent à faire de Teaser And The Firecat un objet de choix dans la discographie de l'artiste. Mais comme je l'ai dit, cet album est d'une perfection parfaitement parfaite, il est sublime de A à Z, de The Wind à Peace Train, et entraînantes ou mélancoliques, les 10 chansons de l'album sont autant d'étapes pour un voyage auditif inoubliable (Rubylove et son bouzouki, et ses paroles en partie en grec, rappelons que Cat est à moitié grec chypriote). Niveau musiciens, Cat (guitare sèche, claviers) est accompagné de son fidèle Alun Davies (guitare sèche, choeurs), de Harvey Burns (batterie), et on note deux musiciens qui reviendront fréquemment, par la suite, chez lui : le claviériste Jean Roussel et le batteur Gerry Conway. Lary Steele à la basse et aux congas, Linda Lewis aux choeurs sur How Can I Tell You, et encore une fois, une production signée Paul Samwell-Smith. 

CS9

A sa sortie, l'album sera un gros succès commercial, plus encore que les précédents albums du chanteur (en Australie, il sera la meilleure vente de l'année 1972, pour l'anecdote), et même les rock-critics seront plus gentils que d'ordinaire avec Cat, estimant qu'il devient vraiment un artiste sur qui il faut compter dans la catégorie folk, mais que, cependant, il n'offre que peu de surprises. Autrement dit, il assure la marchandise, mais ne cherche pas à surprendre son public. Des remarques que Cat a très certainement retenues, quand on voit ce qu'il fera dès l'album suivant ! En attendant cet album suivant, on a donc ici affaire, pour conclure, à un chef d'oeuvre de folk pure et mélancolique, 10 chansons sublimes (Changes IV, The Wind, Tuesday's Dead, et les trois singles, notamment), une production parfaite, car sobre et élégante, et pour ne rien gâcher, un contenant (la pochette) magnifique... Un album rigoureusement essentiel ! Désolé pour la brièveté de la chronique, mais devant tant de beauté, des fois, on reste un peu sec !

FACE A

The Wind

Rubylove

If I Laugh

Changes IV

How I Tell You

FACE B

Tuesday's Dead

Morning Has Broken

Bitterblue

Moonshadow

Peace Train