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Encore un album abordé dans le bouquin de Manoeuvre, Collector, et que je n'aurais sans doute jamais découvert sans ça. Encore que...j'avais déjà entendu parler de ce groupe. Mais cet album, le premier dudit groupe (Be-Bop Deluxe), est radicalement différent de ce que le groupe fera par la suite, donc même si j'avais écouté un autre de leurs albums, rien n'aurait pu me préparer à ça. Mais parlons un peu de Be-Bop Deluxe. C'est un groupe britannique fondé par le guitariste et chanteur William (ou Bill) Nelson en 1972. Un groupe qui, jusqu'au premier album (inclus), sera également constitué de Ian Parkin (guitare), Robert Bryan (basse, chant) et de Nicholaas Chatterton-Dew (batterie), sans oublier, même s'il quittera le groupe avant le premier album, le claviériste Richard Brown. Contrairement à ce que son nom ne pourrait le laisser supposer, Be-Bop Deluxe n'a jamais joué de be-bop (un style de jazz conçu dans les années 40), mais se spécialisera, après leur premier album, dans une sorte de rock progressif arty précurseur de la new-wave. Et dès le deuxième album, Futurama (1975), l'ensemble des musiciens du groupe, mis à part le pilier Bill Nelson, seront remerciés et remplacés. On peut dire qu'il y à eu deux moutures de Be-Bop Deluxe : la première et les suivantes ! Le groupe a existé jusqu'en 1978 et a fait cinq albums. Voici donc leur premier, il s'appelle Axe Victim.

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Ce disque est sorti en 1974 sous une pochette représentant une guitare en forme de crâne humain au sourire quelque peu contrit, et au verso, une photo du groupe, avec Nelson brandissant une guitare et, selon les éditions de l'album, une citation de Cocteau, en français dans le texte. Mon édition, britannique mais peut-être pas l'originale, ne contient pas cette citation, mais une autre, issue des paroles du morceau-titre (mon édition est en pochette simple, mais il me semble qu'il existe aussi une édition avec pochette ouvrante, ceci explique cela). L'album est sorti sur Harvest, comme les autres du groupe, ce qui est un détail, mais c'est aussi le label de Pink Floyd et Roy Harper, des futurs Wire, aussi, un label un peu exigeant quant à la qualité de la musique. Rien qu'à regarder la photo des membres du groupe, un nom saute aux yeux : glam-rock. Proto-punk, aussi. C'est clair, si le groupe évoluera en rock arty, ce n'est pas le cas ici, pas trop en tout cas. Avec ses 43 minutes bien tassées (sur les 10 titres, 3 dépassent les 5 minutes), Axe Victim, titre en double sens qui veut aussi bien dire 'victime d'une hache' que 'victime d'une guitare', est un régal de rock guitaristique, Nelson, en plus de bien chanter (et il possède une voix idéale pour le glam, croisement entre Bowie et Bolan), est un putain de bon Dieu de vraiment guitariste de génie, et quasiment tous les titres sont des housses à cathédrales sonores : Darkness (L'Immoraliste), Axe Victim, Jet Silver And The Dolls Of Venus (un titre qui respire bien son T-Rex de la même époque, voir l'album Zinc Alloy & The Hidden Riders Of Tomorrow de la bande à Bolan), Rocket Cathedrals... 

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A noter que le sublime Jets At Dawn démarre par les mêmes chants d'oiseaux que le Cirrus Minor de Pink Floyd, pour l'anecdote inutile. A l'époque, on critiquera fortement le groupe (dont le nom est, de plus, assez con) de vouloir copier les légendes du glam, Bowie, T-Rex, et c'est peut-être en partie pour ça que Bill Neson orientera Be-Bop Deluxe vers tout autre chose, profitant aussi de l'occasion pour virer les musiciens et les remplacer par d'autres. Les autres albums du groupe sont, dans l'ensemble, loin d'être négligeables, mais Axe Victim, assez chiant à dénicher (mais il existe, comme les autres, en CD), est probablement leur meilleur. Compte tenu qu'il diffère totalement du reste, c'est vraiment paradoxal ! On notera pour finir que deux futurs membres des Sex Pistols, Paul Cook et Steve Jones, écoutaient ce disque en boucle à l'époque. On notera aussi qu'après la fin du groupe, en 1978, Bill Nelson en fondera un autre du nom de Bill Nelson's Red Noise (rien à voir avec un autre groupe, du même nom, Red Noise, fondé à Paris en 1968 par le fils de Boris Vian, et qui faisait du free-jazz engagé...). Voilà !

FACE A

Axe Victim

Love Is Swift Arrow

Jet Silver And The Dolls Of Venus

Third Floor Heaven

Night Creatures

FACE B

Rocket Cathedrals

Adventures In A Yorkshire Landscape

Jets At Dawn

No Train To Heaven

Darkness (L'Immoraliste)