Pour ce deuxième article du cycle consacré à Cat Stevens, on reste dans 1970. C'est en avril que Cat avait sorti Mona Bone Jakon, son troisième album, son premier après une période de maladie et de convalescence, et son premier succès commercial aussi (Lady D'Arbanville). A peine un mois après la sortie de l'album, Cat retourne en studio (Morgan, Olympic et Island Studio, tous trois à Londres) et, jusqu'en juillet, va y accoucher des 11 titres de son album suivant, qui sortira en novembre et se taillera une belle place dans les charts (et le coeur des fans) : Tea For The Tillerman. Sorti sous une pochette qui, comme celle du précédent opus (j'avais d'ailleurs oublié de le dire hier) et du suivant, et même de plusieurs des suivants, est signée Cat Stevens lui-même, cet album va offrir au monde entier une légion de classiques (dont deux sortiront en singles). La chanson la plus connue du Cat est ici, c'est Wild World, merveille de folk qui sera reprise notamment par Mr Big dans les années 90. Une chanson qui, comme Lady D'Arbanville, fut inspirée à Cat par sa relation avec l'actrice Patti D'Arbanville. L'album a été enregistré avec les mêmes musiciens que le précédent opus, soit Alun Davies, John Ryan et Harvey Burns, et il est produit par Paul Samwell-Smith et sorti sur Island Records. La pochette, ouvrante, montre sur le recto un beau dessin de Cat représentant un homme buvant du thé, assis à une table près d'un arbre dans lequel s'ébattent deux enfants. Le titre signifie "du thé pour le capitaine". Au verso, les paroles et une petite photo de Cat.
Intérieur de pochette vinyle
L'intérieur de pochette montre, en format portrait, une photo obscure et rougie de Cat, et les titres des morceaux. Je trouve d'ailleurs ce luxe de la pochette ouvrante un peu exagéré pour le coup. Quitte à faire une pochette ouvrante, autant en profiter pour mettre les paroles à l'intérieur plutôt qu'au verso, non ? Comme en plus on a déjà le tracklisting au verso, le préciser encore à l'intérieur de la pochette est inutile, et la photo interne est moche. Mais bon... Musicalement identique, dans ses sonorités, au précédent album (soit de la folk pure), Tea For The Tillerman est, comme Mona Bone Jakon et les deux albums suivants de Cat, un classique intemporel de ce genre musical, un album immense qui vous relaxera comme jamais (j'ai eu l'occasion de dire hier à quel point la voix de Cat, un peu aigrelette mais pas trop, était reposante, et je ne vais pas le redire à chaque fois, mais je veux quand même insister, encore une fois, là-dessus : ça participe totalement au bonheur d'écoute de ses albums ; même les moins réussis sont agréables à écouter), tout du long de ses 37 minutes. On y trouve donc Wild World, merveille totale qui passe encore fréquemment à la radio sur des fréquences telles que Nostalgie ou MBS. On y trouve aussi le merveilleux Father And Son, dialogue entre un père et son fils, que Thiéfaine a adapté en français sur son dernier album en date. On y trouve le magnifique Where Do The Children Play ? qui ouvre splendidement l'album.
Sad Lisa, Into White, le court (une petite minute !) morceau-titre, Hard Headed Woman sont d'autres chefs d'oeuvre qui font de Tea For The Tillerman un essentiel, un indispensable à toute discothèque rock et folk qui se respecte. Chose amusante, à sa sortie, l'album ne fut pas forcément accueilli (sauf commercialement parlant, il a super bien marché) par des lauriers, certains critiques estimèrent que l'album était monotone, et que les textes n'étaient pas suffisamment originaux pour combler le manque de mélodies fortes. Bande de cons. C'est en réalité un album certes simple (mais pas simpliste) qui s'écoute comme une petite douceur, un disque agréable, émouvant, mélancolique, une merveille acoustique qui classe directement Cat Stevens, aux côtés de Nick Drake, parmi les légendes de ce genre musical. Un album intemporel et rigoureusement indispensable. Chose cependant ahurissante : ce disque parfait (rien à jeter, rien) n'est cependant pas le meilleur absolu du chanteur. Il a encore des surprises dans son sac ! La suite demain...
FACE A
Where Do The Children Play ?
Hard Headed Woman
Wild World
Sad Lisa
Miles From Nowhere
FACE B
But I Might Die Tonight
Longer Boats
Into White
On The Road To Find Out
Father And Son
Tea For The Tillerman
