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Sacré Manset. On pensait qu'après son Opération Aphrodite de 2016 (qui fut son premier album en 8 ans), album étonnant s'il en est - en partie récité, notamment par d'autres que Manset, basé sur un texte érotico-mythique de Pierre Louÿs, baigné d'orchestrations à la Mort D'Orion -, le Gégé avait tout dit. J'étais personnellement persuadé, avant la sortie de l'album, que le dernier Manset serait, à jamais, Manitoba Ne Répond Plus en 2008 (avec la version originelle de Comme Un Lego, qu'il offrit à Bashung la même année), et en 2016, Manset parvint à me surprendre. A la fois parce qu'il revenait, et parce que l'album, long, était vraiment à part. Du genre qu'on n'apprécie pas au premier abord, il faut plusieurs écoutes. Et même, Opération Aphrodite, loin d'être un mauvais album (Manset en a-t-il fait, d'ailleurs ?), ne sera jamais un de mes préférés de lui, trop complexe, trop alambiqué, un peu trop long, aussi (plus d'une heure). Mais quel album tout de même, avec ses illustrations directement issues de la collection 'Anticipation' des éditions Fleuve Noir (ces romans de Stefan Wul, Jimmy Guieu, Richard Bessière...) et ses textes à rallonge. C'était en 2016. Y'à deux ans. Depuis, plus rien, mais Manset, c'est Manset, c'est pas un vulgaire chanteur de variétoche qui nous offre un disque tous les ans, parfois contre notre gré (souvent). Manset, c'est comme Voulzy, Souchon, Cabrel, autrefois Goldman (reviens, mec !...on peut toujours espérer...) : il prend son temps.

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Mais je pensais qu'avec ce disque de 2016, ite, missa est. Bah non. Manset a encore une fois surpris : le 21 septembre dernier est sorti son dernier opus, je n'en ai appris la sortie qu'il y à trois jours, avec du retard donc, et je l'ai acheté direct en découvrant son existence, sans même chercher à savoir ce que c'était au juste (bah, un album, mon con). A Bord Du Blossom, tel est ce nom, sorti sous fourreau cartonné, est sous-titré Mansetlandia - album N°22. Il y à un an environ, ou un an et demi, est soti un coffret proposant quasiment l'intégrale mansetienne, Mansetlandia, ledit coffret a aussi été dispatché en albums vendus séparément (parmi eux, un collector : Long Long Chemin, son disque de 1972 quasiment introuvable, qui fut pour la première fois proposé en CD, en tirage limité). Opération Aphrodite fut pour l'occasion réédité en digipack sobrissime, à l'image des autres volumes de Mansetlandia qui, pour certains, reprennent un album entier, mais qui, dans l'ensemble, sont encore des assemblages à la Manset (voir mes autres chroniques de ses albums sur le blog). A Bord Du Blossom, son dernier opus à ce jour, et son 21ème opus, entre directement dans le coffret via ce sous-titre un peu ridicule. Et si vous vous demandez pourquoi il est crédité N°22 alors que c'est son 21ème album, sachez que la double compilation Un Oiseau S'Est Posé est officiellement dans le décompte. Vala vala.

M3

A Bord Du Blossom est encore une fois un disque long (69 minutes pour 15 titres, c'est d'ailleurs fièrement indiqué sur le sticker commercial du disque), et il est construit sur le même principe qu'Opération Aphrodite : des chansons, parfois longues (quatre d'entre elles font entre 8 et 9,40 minutes), entrecoupées de morceaux récités, narrés, courts (6 morceaux ne durent pas 2 minutes), parfois avec une autre voix que celle, à peine altérée par les ans (sauf quand il parle ; mais quand il chante, rien à dire), de Manset. Celle de la chanteuse Lycinaïs Jean, d'origine antillaise, une très belle voix que l'on entend sur trois titres, et qui est d'ailleurs la première voix que l'on entend sur l'album. L'album, comme d'autres de Manset, a été enregistré avec ses musiciens fidèles (Didier Batard, Serge Perathoner, Vic Emerson, Pierre Chéreze, Patrice Marzin, Paul Breslin...), et Manset a tout écrit, composé, mixé et produit tout seul avec ses p'tites mains. Comme d'autres albums du bonhomme (Prisonnier De L'Inutile, Royaume De Siam, Jadis Et Naguère, Revivre), A Bord Du Blossom s'inspire de voyages. Manset a bourlingué, mitraillant de photos tout ce qui bougeait ou ne bougeait pas, publiant des albums de photos de temps en temps. Ici, il nous offre un disque en hommage aux navigateurs du XIXème siècle. Précisément le 'Blossom', bateau qui, en 1825, partit vers les îles de Pomotu, de Crescent, Gambier, Hood, Clermont-Tonnerre... Au fil des chansons, on voyage avec Manset. Décrire le disque en totalité serait une épouvantable erreur. Tout comme Opération Aphrodite, mais en moins abscons, A Bord Du Blossom, plus réussi que le dernier opus en date, est un petit régal de chansons certes longues, mais richement orchestrées et sublimement interprétées. Sur le précédent opus, la voix de Manset marquait le temps qui passe, elle avait pris un coup dans le pare-brise. Ici, on a l'impression d'écouter du Manset de l'époque de Royaume De Siam (1979) ou de Matrice (1989). Il vous faudra sans doute quelques écoutes, l'album étant long et pas forcément super accessible, mais au final, A Bord Du Blossom est une belle réussite, et si, pour le coup, c'est le dernier, l'ultime album de Manset, alors il aura fini en beauté. Bon, j'espère quand même qu'il y aura un successeur, faut pas croire...

Ce Pays

On Nous Ment

La Falaise (Amaïti Amaïta)

Mon Karma

L'Equipage (Amaïti Amaïta)

Manila Bay

Le Hamac

Une Chambre A La Havane

La Flûte De L'Archipel Des Perles

La Vierge Pleure

Sa Tribu Primitive

Le Fils Du Roi

Dame Nature (Amaïti Amaïta)

Pourquoi Les Femmes

Le Paradisier