PS1

Aah, le Cri Primal...putain de groupe. Mené par le chanteur Bobby Gillespie (ancien batteur de The Jesus And Mary Chain), le groupe, écossais, a démarré sa carrière en 1982, mais leur premier album, Sonic Flower Groove, date de 1987. Ni ce premier album ni le second (Primal Scream, en 1989, plus dur que le premier), ne marcheront, ni ne feront date. Le troisième album, en revanche, si. Sorti en 1991 sous une pochette rouge avec un gigantesque et très puéril soleil dessus, Screamadelica sera une des plus grosses ventes d'albums du début des années 90 et reste encore aujourd'hui (malgré que l'album ait un peu vieilli et sonne aujourd'hui moins provocant qu'à l'époque ; il faut dire que tout le monde a pompé sur cet album, depuis le temps) un des meilleurs albums du groupe, et de son époque. Un régal de rock expérimental, un savant mélange entre rock, électro, funk, dance, soul et psychédélique. Avec des classiques au caterpillar : Loaded (en réalité une nouvelle version, remixée, de I'm Losing More Than I'll Ever Have, issu du deuxième album), Come Together (pas une reprise des Beatles, rien à voir), Higher Than The Sun (aussi présent en version dub avec Jah Wobble de Public Image Limited), Movin' On Up, la reprise du Slip Inside This House des 13th Floor Elevators... En tout, une heure de transe musicale. L'album va être un des plus fameux de son époque, et le groupe, très hype assez rapidement. La prodigieuse consommation d'ecstasy de ses membres (qui touchent aussi à d'autres cames) va faire de Primal Scream un des enfants terribles de sa génération. 

PS2

Verso de pochette (CD aussi) : une photo d'Eddie Hazel, de Funkadelic

Forcément, on va attendre le successeur avec impatience. Le groupe, qui n'en revenait pas du succès hallucinant de Screamadelica, va mettre trois ans avant de sortir son successeur. Qui sortira donc en 1994, en mars (l'album a été fait entre 1993 et début 1994, aux Ardent Studios de Memphis), sous une pochette reprenant une photo de Bill Eggleston (un fameux photographe ayant notamment fait les pochettes du Radio City de Big Star et du Like Flies On Sherbert d'Alex Chilton, albums faits à Ardent eux aussi), pochette montrant un drapeau dixie. L'album dure une heure (61 minutes précisément) pour 12 titres, mais seulement 11 sont crédités, le dernier est sur une plage audio indépendante en bonus-track caché. L'album s'appelle Give Out But Don't Give Up et à sa sortie, les mauvaises langues iront bon train sur ce qu'est devenu le groupe culte de 1991. Car si Screamadelica était un album innovant (encore une fois, pour 1991 ; quelques années plus tard, aussi bien le groupe que d'autres groupes feront plus fort encore), Give Out But Don't Give Up est, lui, un incontestable retour en arrière. On parlera de ce disque, à sa sortie, comme du meilleur album des Rolling Stones...fait par un autre groupe que les Stones. Autrement dit, du rock pur et dur, teinté de soul, mais absolument pas expérimental et dubbesque. On peut comprendre que les fans de Screamadelica aient été déçus (l'album recevra des critiques assez négatives, de plus), mais en ce qui me concerne, je ne l'ai pas été du tout. L'album, qui a été fait avec quelques invités de choix, est en effet un grand moment de rock bien efficace et nerveux. Les invités sont légion et incroyables : le pianiste Jim Dickinson (qui a bossé avec les Stones, a produit le dernier Big Star et Alex Chilton), la chanteuse Denise Johnson (qui chante intégralement Free et co-interprète deux autres titres), George Clinton (leader un peu dingue, le Zappa black, de Parliament et Funkadelic, deux immenses groupes des années 60 à nos jours, dont un des membres, Eddie Hazel, orne la pochette verso de l'album) qui co-interprète avec Denis Johnson deux titres, Benmont Tench (de Tom Petty & The Heartbreakers) aux claviers, George Drakoulias (un producteur, pour les Jayhawks ou les Black Crowes notamment) qui joue un peu de basse et de batterie ; sans oublier le groupe, tout de même : Andrew Innes, Martin Duffy, Robert Young, Bobby Gillespie. 

PS3

Très direct, influencé par la soul et le blues, ce disque est génial, ne croyez pas ceux qui vous diront le contraire en apportant pour preuve le fait que Primal Scream s'est ici totalement éloigné des expérimentations des premiers albums (et des suivants : Vanishing Point, le féroce XTRMNTR) pour s'abaisser (selon les détracteurs de l'album) à faire du rock basique, couillu mais sans envergure. Peuh. Le groupe fera par la suite un autre album de rock bien nerveux et direct, Riot City Blues en 2006, et c'est un de leurs meilleurs albums. Il faut savoir varier les plaisirs. J'adore Screamadelica, j'adore XTRMNTR aussi, mais Give Out But Don't Give Up est aussi un de mes gros préférés du Cri Primal. Rien que pour cet instrumental gigantissime (Struttin', plus de 8 minutes de bonheur), rien que pour Rocks, ce Free magnifiquement chanté par Denise Johnson, le morceau-titre et Funky Jam sur lesquelles elle et George Clinton brillent vocalement, ou bien Big Jet Plane qui, définitivement, est meilleur que la chanson du même nom (et qui, sinon, n'a évidemment rien à voir) d'Angus & Julia Stone, cet album mal-aimé de 1994 mérite toute votre considération de cons sidérés. Surtout qu'en plus, on le trouve souvent à des prix très bas (moins de 7 € sur le Net, et pas d'occasion, mais neuf et emballé). Bref, en ce qui me concerne, j'adore ce disque, c'est même probablement mon préféré du groupe, et je ne peux que vous conseiller de l'écouter ; si vous aimez le rock bien produit, ça devrait vous plaire. 

Jailbird

Rocks

(I'm Gonna) Cry Myself Blind

Funky Jam

Big Jet Plane

Free

Call On Me

Struttin'

Sad And Blue

Give Out But Don't Give Up

I'll Be There For You

Everybody Needs Somebody (morceau caché en 12ème position)